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Chronique d’un pigeon voyageur

Depuis longtemps déjà je vivais entre le rêve et la réalité’ Je nourrissais un projet dont je ne savais s’il avait la possibilité de voir le jour. Mais ce jour est bientôt arrivé. Avec lui sont venus, tels les rois mages, des doutes, des certitudes, des envies et des amis aussi.

Dès le premier jour où j’ai posé un pied sur le sol québécois, il y a quelques 15 longues années, j’ai su que c’était là et nulle part ailleurs que ma vie allait se poursuivre.

15 ans’ 15 ans à construire un projet pharaonique, 15 ans à ressasser à mes proches que le Québec était mon but, 15 ans à me renseigner sur le Québec, 15 ans à tenter de persuader celle avec qui j’ai, entre-temps, décidé de partager ma vie. J’ai trois Amours, ma blonde, mes enfants et le Québec. Elles sont toutes trois les fondations de ma vie.

15 ans enfin à me demander si j’arriverai un jour à traverser la flaque définitivement’ 15 ans, mon Dieu ! que c’est long.

Le 20 octobre 2006, parce que je n’avais pas d’autre choix que de tenter l’aventure, quelques deniers en poche, j’ai embarqué dans le vol 871 d’Air Canada, direction Montréal, puis en connexion pour Québec.

Mes 15 années de patience m’auront au moins servi à construire un réseau de connaissances, que j’appellerai maintenant « amis », pour mieux préparer le grand saut, le grand passage.

Le voyage, ou du plaisir de voler québécois’

Décollage avec près d’une heure de retard, Air Canada n’a pas brillé par sa ponctualité, mais puisque j’ai 10 jours devant moi pour profiter de ce que le Québec voudra me donner, qu’est-ce qu’une heure ?

Un vol sans encombre, avec ses moments de calme, et ses moments plus agités, avec surtout une nourriture à profusion, de qualité moyenne, mais digérable quand même. J’avais l’impression que le but ultime des agents de bord était de nous faire devenir obèses avant de fouler le sol nord américain’

Finalement après quelques repas, collation et autres breuvages plus ou moins délicats, l’Airbus pose ses roues sur le tarmac de Montréal’ Partis avec près d’une heure de retard, nous sommes arrivés avec un seul petit quart d’heure de retard. Un vrai miracle ! Je n’avais plus aucun problème pour ma connexion pour Québec.

C’était sans compter sur les « aléas du direct », appareil stationné au terminal de l’aéroport, turbines éteintes, lumières allumées et passagers debout’ parés à bondir hors de l’appareil tels des lions libérés de leur cage.

« Mesdames et Messieurs, en raison d’une difficulté de positionnement de la passerelle d’accès à l’aérogare, nous ne sommes pas en mesure d’ouvrir les portes et vous demandons de bien vouloir patienter ».

Ah la patience québécoise ! Voilà une valeur sûre au Québec’ la patience.

Approximativement 30 minutes plus tard, la passerelle était convenablement placée, et les bêtes pouvaient être libérées’ 30 minutes pour descendre, monter, descendre, monter, avancer, reculer, re-descendre, et re-monter cette satanée passerelle.

L’heure d’embarquement pour la correspondance pour Québec s’approchait dangereusement avant même que je ne me sois extrait de ce magnifique Airbus, et mis à part les passagers en connexion pour Toronto, aucun état du sort réservé aux correspondances n’avait été fait dans l’avion pendant nos 30 minutes de patience.

35 minutes, top chrono. 35 minutes pour récupérer son bagage enregistré. Allez savoir pourquoi, à Paris CDG il m’avait été indiqué que je devais récupérer ma valise à Montréal pour la faire charger dans le « coucou » qui allait me bringuebaler vers Québec. Quel gain de temps quand on sait qu’on n’en a plus beaucoup justement’

Peu importe, je me retrouve dans cet aéroport, avec en jeu une connexion pour Québec, un ami qui va m’attendre là-bas à l’heure d’arrivée que je lui ai transmise quelques jours plus tôt par courriel, je n’ai donc pas le choix’ Attraper ce foutu vol Montréal / Québec.

Récupération « au vol » de la valise, course de fond jusqu’à un guichet de contrôle : « Avez-vous des liquides, gels, parfums, etc. ? Avez-vous acheté des produits détaxés ? »’ Ben euh’ non, croyez vous qu’avec 1 heure de retard bloqué dans un avion au départ, associée à 30 minutes d’attente dans le même avion, à l’arrivée cette fois, et avec 35 minutes pour récupérer mon bagage, le faire repasser à l’enregistrement, puis passer les contrôles de sécurité et embarquer dans le nouvel avion j’ai eu beaucoup de temps pour flâner au grès des boutiques aéroportuaires ? Je reste perplexe devant cette question’

Peu importe. Au « non » clair et précis que je lui lançais mon interlocutrice me lâche « c’est bon, déposez vite votre bagage sur le tapis et rendez-vous porte B52 »’ Vite, oui c’était le terme adéquat !

Mais avant d’atteindre la fameuse porte B52 de l’aéroport de Montréal’ il ne faut pas passer par la case « départ », non non, mais bel et bien par le contrôle de sécurité, où m’attendait une file de près de 50 mètres’ Devant moi une charmante québécoise, la cinquantaine, cheveux coupés au carré, plutôt « businesswoman » avertie, qui rentrait de France et qui devait aussi se rendre à Québec par le même vol que le mien. Elle avait beau être québécoise, elle présentait un état d’énervement plus avancé que le mien, c’était peu dire ! Je me retrouvais donc dans le rôle du parfait touriste qui calmait l’autochtone qui me précédait.

« Passez au portique C’ ». D’une voix laconique, le brave agent de sécurité me signifiait la porte de sécurité à laquelle je devais me rendre. 5 personnes devant moi, alors même qu’à celui d’à côté seules 3 personnes étaient en train d’attendre’ Mais que lui avais-je fait de mal à ce gars ? Ben rien que je sache, si ma mémoire ne me joue pas de tours, c’était bien la première fois que je le croisais, alors pourquoi me jeter dans un portique avec du monde devant moi alors qu’à 5 mètres de celui-ci le flot de passagers était moindre et circulait avec une rapidité déconcertante ?

Ne vexons pas pour autant l’agent de sécurité’ et montrons que je suis là pour m’intégrer et respecter les instructions’ douce amertume, quand même !

Tiens ! Ma chère québécoise surexcitée par le système passe le portique suivant le mien’ Sur un rythme plus soutenu que chez moi, elle accède bien avant moi à la « machine à bips » qui sans un excès de zèle lui rappelle à tue-tête que tout objet métallique doit être déposé dans les bacs prévus à cet effet’ Après des bips stridents, une fouille « au corps » limitée, voilà que son bagage à mains pose souci à l’agent de contrôle’ Ouverture du bagage et grandes discussions s’engagent. Mais à 5 mètres de là je n’avais pas la possibilité de calmer qui que ce soit, et je ne suis pas venu ici non plus avec une mission de « bon samaritain »’ Que diable !

Finalement, je passe la « machine à bips », qui, la mienne aussi, me rappelle que je suis dangereux pour le prochain vol’ Bip bip bip, et voilà que je me retrouve dans la position du Christ, les bras levés, la ceinture du jean ôtée ‘ ce qui a le don de faire descendre de quelques centimètres mon pantalon, merci les séances d’abdos !- et cette agente qui me pose la question «J’va d’voir palper vos poches et vos vêtements, c’t OK ? ».

– Pardon ?
– J’va d’voir palper pour vérifier, c’t’OK ?
– Euh, ben, oui allez-y, si c’est ce que vous avez à faire, faîtes le’

Le « c’t’OK ? » m’avait quelque peu interloqué’ J’avoue ‘ honte à moi ‘ que plongé dans le bain de cet accent québécois très prononcé par cette charmante agente, j’avais du mal à tout capter. Et mon avion pour Québec qui attendait’ qui attendait’

J’avais pris la réalité de l’intégration en pleine face, l’accent’ ce n’était pas elle qui l’avait, mais moi qui en avait un’ et un bon accent pincé à la française !

La fouille passée, la course se poursuivait’ on remet la ceinture, ben oui le pantalon continuait, lui, sa descente vers je ne sais où, et on descend quatre à quatre les escaliers pour atteindre les bas fonds de l’aérogare d’où devait partir le « coucou » en direction de Québec.

Comme le vol se faisait sur un petit aéronef, l’embarquement n’était pas localisé dans l’aérogare principale, mais dans une aérogare secondaire. En forme de T, il se terminait par deux ailes à gauche et à droite, dont les extrémités étaient distantes d’environ 100 mètres l’une de l’autre.

Arrivé à l’aile de droite, en son extrémité, j’apercevais l’écran d’information de mon vol. Enfin arrivé ! La course avait été utile puisque l’embarquement n’avait pas débuté, malgré le fait que l’heure de décollage approchait, n’étant plus qu’à 15 minutes de l’heure prévue.

En moins de 5 minutes, les informations qui nous étaient communiquées me laissaient croire que j’étais revenu dans un de nos magnifiques aéroports français et que je ne voyageais pas sur Air Canada, mais Air France !

« ‘ l’appareil initialement prévu pour ce vol présente une panne technique, c’est la raison pour laquelle il va être remplacé, mais l’appareil en remplacement venant d’atterrir, le vol est retardé pour permettre les opérations d’entretien’ ».

? d’heure plus tard, l’embarquement débutait.

Me souvenant que mon ami m’attendait à plus de 300 km de là, mais ayant laissé ses coordonnées téléphoniques dans ma valise enregistrée en soute, j’ai donc appelé en France pour que ma blonde le prévienne, puisqu’elle avait, elle, le numéro à portée de main. Easy !

Ces ? d’heure de retard m’ont permis de jaser encore un peu plus avec mon acolyte surexcité par tous ces plaisirs aéroportuaires.

Au fil du vol, qui se déroula sans encombre ‘ la compagnie aérienne québécoise serait-elle forte pour la qualité de ses vols, mais plus discutable quand les appareils sont au sol ??? ‘ je jasais de ci de là avec mes « co-détenus ». Et là je me plongeais alors dans ce plaisir du contact québécois, mes oreilles et mon cerveau s’habituant de plus en plus à ces intonations très particulières mais si plaisantes.

Aéroport de Québec, quelques longues minutes plus tard’ Il ne me restait plus qu’à attendre de longs moments (encore) que mon ami arrive, ayant eu un retard du fait d’un problème professionnel, lui n’avait « que » 1h30 de retard’ je connais l’aéroport de Québec par c’ur maintenant, n’est-ce pas cela une partie de l’intégration ?

Arrivé chez la famille P, l’accueil a été à la hauteur de la réputation de la province. Chaleureux, convivial, et plus encore, en moins de 24h je me sentais presque dans ma famille. Ce fût là le commencement d’un séjour inoubliable.

Le travail ou du mal-être québécois’

Le Québec, merveille des merveilles, province des espaces, de la nature, des étendues d’eau, son fleuve, ses villes, ses villages, ses grosses voitures, ses routes rectilignes, et que sais-je encore ! Ah ! Mais si tout était rose dans cette province’ Ce serait le pays d’Alice, le vrai pays des merveilles !

Lundi 23 octobre 2006, Place de la Cité, Québec’ Tout guilleret je m’en retournais retrouver mon ami Pierre pour dîner avec lui, puisqu’il travaille vers la place de la Cité, et moi je sortais de ma première entrevue professionnelle.

L’humeur était des plus joyeuses, ça c’était plutôt bien déroulé, après quelques 3 kilomètres à pied sous un crachin automnal, quoi de mieux que de magasiner et rejoindre ensuite un ami pour manger ?

Comme convenu, nous nous retrouvons au restaurant dont l’ami Pierre est un habitué, et nous faisons servir un lunch plutôt bon, et surtout par une serveuse dont la beauté est irrésistible’

A ce titre, amis français, vous qui croyez que la beauté a pour seule terre d’asile la France, méfiez vous ! La concurrence québécoise est rude’

Nous finissons donc notre repas, agrémenté par la présence de cette jolie jeune fille qui faisait parfaitement son service, et sortons donc dans la galerie marchande lorsque’ tel un piano lâché du 7ème étage, un corps chute, venant s’écraser de toute force au sol et plus précisément sur le bord d’une fontaine, qui, jusque là n’avait pour intérêt que le doux bruit de l’écoulement de l’eau.

7 étages plus bas, une foule s’amasse autour de ce corps sans vie, disons même bel et bien mort, complètement vrillé et sans forme de cet homme qui pour des raisons indéterminées avait décidé d’en finir avec la vie qu’on lui avait donnée.

Un suicide tout ce qu’il y a de plus banal, pour peu qu’on trouve de la banalité dans ce type d’acte’ Par centaines, les visiteurs s’agglutinent autour de lui, les forces de l’ordre mettent peu de temps à arriver, dès lors je me dis que le troupeau de voyeurs sera dispersé.

Erreur ! Le corps gisant au sol, les policiers délimitent la zone, 1 mètre autour du malheureux, avec la superbe bande jaune, et laissent les choses en l’état.

Un corps complètement déformé, brisé même, par la violence du choc, non recouvert, une foule à tous les étages du centre commercial, tels des spectateurs logés au théâtre, et rien de plus’ Rien pour préserver un minimum de respect, d’intimité, de discrétion.

Lorsque j’interroge alors mon ami, il me répond que c’est comme ça ici’ que le Québec a un côté « voyeur » naturel, et que tant que le corps ne sera pas enlevé par les ambulanciers, le lieu restera dans cet état.

Le soir même nous en avons donc encore parlé au souper. Etonné, je m’interrogeais sur les raisons d’un tel acte, ici, dans ce pays que je mettais sur un piédestal. Mais qui, dans cette province, peut être malheureux au point de se jeter dans le vide pour s’écraser quelques 7 étages plus bas, à côté de gens qui buvaient tranquillement leur café ?

Le « Burn-out », le fameux ! Le voilà’ LE malaise de la société québécoise.

Il y a donc un mal-être québécois lié majoritairement aux conditions de travail, voilà ce qu’il ressort de mes jaseries avec les uns et les autres.

Mais ces conditions de travail sont-elles si terribles que ça ? De mon point de vue de français débarqué dans la « belle » province, je me dis qu’ils sont chanceux les québécois de pouvoir débaucher à 16h ou 17h pour rentrer dans leur « chez-eux » douillet’

Oui mais voilà, comme partout, effet de la mondialisation ou d’une économie toujours plus ambitieuse, on en demande plus et plus encore. Des résultats, il faut des résultats !

Je pense que la société québécoise, image d’une société nord américaine flamboyante, est entrée dans le cercle fermé de la productivité et ses entreprises prennent une telle place sur l’échiquier mondial que la réussite est une obligation presque « contractuelle ».

C’est bien, mais le peuple, lui, qu’en pense-t-il ? Eh bien il pense parfois qu’il vaut mieux sauter du 7ème étage d’un centre commercial’

Et pourtant, croyez-moi, lorsque l’on arrive de France, où nos fameuses 35 heures font rire plus d’un pays dans le Monde, on s’étonne de voir que le rythme de travail et la pression vécue dans les bureaux québécois peuvent être à l’origine de ce genre d’événement.

Le Québec, et ses habitants, ont cet aspect « naturel » qui nous fait cruellement défaut, certes on peut s’émouvoir des « façons d’être » différentes des nôtres, nous, habitants du « vieux continent », mais dans sa globalité, et à titre de conclusion, il y a plus de bonheurs à vivre au Québec que de corps en chute libre’

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Chronique d’un pigeon voyageur

Depuis longtemps déjà je vivais entre le rêve et la réalité’ Je nourrissais un projet dont je ne savais s’il avait la possibilité de voir le jour. Mais ce jour est bientôt arrivé. Avec lui sont venus, tels les rois mages, des doutes, des certitudes, des envies et des amis aussi.

Dès le premier jour où j’ai posé un pied sur le sol québécois, il y a quelques 15 longues années, j’ai su que c’était là et nulle part ailleurs que ma vie allait se poursuivre.

15 ans’ 15 ans à construire un projet pharaonique, 15 ans à ressasser à mes proches que le Québec était mon but, 15 ans à me renseigner sur le Québec, 15 ans à tenter de persuader celle avec qui j’ai, entre-temps, décidé de partager ma vie. J’ai trois Amours, ma blonde, mes enfants et le Québec. Elles sont toutes trois les fondations de ma vie.

15 ans enfin à me demander si j’arriverai un jour à traverser la flaque définitivement’ 15 ans, mon Dieu ! que c’est long.

Le 20 octobre 2006, parce que je n’avais pas d’autre choix que de tenter l’aventure, quelques deniers en poche, j’ai embarqué dans le vol 871 d’Air Canada, direction Montréal, puis en connexion pour Québec.

Mes 15 années de patience m’auront au moins servi à construire un réseau de connaissances, que j’appellerai maintenant « amis », pour mieux préparer le grand saut, le grand passage.

Le voyage, ou du plaisir de voler québécois’

Décollage avec près d’une heure de retard, Air Canada n’a pas brillé par sa ponctualité, mais puisque j’ai 10 jours devant moi pour profiter de ce que le Québec voudra me donner, qu’est-ce qu’une heure ?

Un vol sans encombre, avec ses moments de calme, et ses moments plus agités, avec surtout une nourriture à profusion, de qualité moyenne, mais digérable quand même. J’avais l’impression que le but ultime des agents de bord était de nous faire devenir obèses avant de fouler le sol nord américain’

Finalement après quelques repas, collation et autres breuvages plus ou moins délicats, l’Airbus pose ses roues sur le tarmac de Montréal’ Partis avec près d’une heure de retard, nous sommes arrivés avec un seul petit quart d’heure de retard. Un vrai miracle ! Je n’avais plus aucun problème pour ma connexion pour Québec.

C’était sans compter sur les « aléas du direct », appareil stationné au terminal de l’aéroport, turbines éteintes, lumières allumées et passagers debout’ parés à bondir hors de l’appareil tels des lions libérés de leur cage.

« Mesdames et Messieurs, en raison d’une difficulté de positionnement de la passerelle d’accès à l’aérogare, nous ne sommes pas en mesure d’ouvrir les portes et vous demandons de bien vouloir patienter ».

Ah la patience québécoise ! Voilà une valeur sûre au Québec’ la patience.

Approximativement 30 minutes plus tard, la passerelle était convenablement placée, et les bêtes pouvaient être libérées’ 30 minutes pour descendre, monter, descendre, monter, avancer, reculer, re-descendre, et re-monter cette satanée passerelle.

L’heure d’embarquement pour la correspondance pour Québec s’approchait dangereusement avant même que je ne me sois extrait de ce magnifique Airbus, et mis à part les passagers en connexion pour Toronto, aucun état du sort réservé aux correspondances n’avait été fait dans l’avion pendant nos 30 minutes de patience.

35 minutes, top chrono. 35 minutes pour récupérer son bagage enregistré. Allez savoir pourquoi, à Paris CDG il m’avait été indiqué que je devais récupérer ma valise à Montréal pour la faire charger dans le « coucou » qui allait me bringuebaler vers Québec. Quel gain de temps quand on sait qu’on n’en a plus beaucoup justement’

Peu importe, je me retrouve dans cet aéroport, avec en jeu une connexion pour Québec, un ami qui va m’attendre là-bas à l’heure d’arrivée que je lui ai transmise quelques jours plus tôt par courriel, je n’ai donc pas le choix’ Attraper ce foutu vol Montréal / Québec.

Récupération « au vol » de la valise, course de fond jusqu’à un guichet de contrôle : « Avez-vous des liquides, gels, parfums, etc. ? Avez-vous acheté des produits détaxés ? »’ Ben euh’ non, croyez vous qu’avec 1 heure de retard bloqué dans un avion au départ, associée à 30 minutes d’attente dans le même avion, à l’arrivée cette fois, et avec 35 minutes pour récupérer mon bagage, le faire repasser à l’enregistrement, puis passer les contrôles de sécurité et embarquer dans le nouvel avion j’ai eu beaucoup de temps pour flâner au grès des boutiques aéroportuaires ? Je reste perplexe devant cette question’

Peu importe. Au « non » clair et précis que je lui lançais mon interlocutrice me lâche « c’est bon, déposez vite votre bagage sur le tapis et rendez-vous porte B52 »’ Vite, oui c’était le terme adéquat !

Mais avant d’atteindre la fameuse porte B52 de l’aéroport de Montréal’ il ne faut pas passer par la case « départ », non non, mais bel et bien par le contrôle de sécurité, où m’attendait une file de près de 50 mètres’ Devant moi une charmante québécoise, la cinquantaine, cheveux coupés au carré, plutôt « businesswoman » avertie, qui rentrait de France et qui devait aussi se rendre à Québec par le même vol que le mien. Elle avait beau être québécoise, elle présentait un état d’énervement plus avancé que le mien, c’était peu dire ! Je me retrouvais donc dans le rôle du parfait touriste qui calmait l’autochtone qui me précédait.

« Passez au portique C’ ». D’une voix laconique, le brave agent de sécurité me signifiait la porte de sécurité à laquelle je devais me rendre. 5 personnes devant moi, alors même qu’à celui d’à côté seules 3 personnes étaient en train d’attendre’ Mais que lui avais-je fait de mal à ce gars ? Ben rien que je sache, si ma mémoire ne me joue pas de tours, c’était bien la première fois que je le croisais, alors pourquoi me jeter dans un portique avec du monde devant moi alors qu’à 5 mètres de celui-ci le flot de passagers était moindre et circulait avec une rapidité déconcertante ?

Ne vexons pas pour autant l’agent de sécurité’ et montrons que je suis là pour m’intégrer et respecter les instructions’ douce amertume, quand même !

Tiens ! Ma chère québécoise surexcitée par le système passe le portique suivant le mien’ Sur un rythme plus soutenu que chez moi, elle accède bien avant moi à la « machine à bips » qui sans un excès de zèle lui rappelle à tue-tête que tout objet métallique doit être déposé dans les bacs prévus à cet effet’ Après des bips stridents, une fouille « au corps » limitée, voilà que son bagage à mains pose souci à l’agent de contrôle’ Ouverture du bagage et grandes discussions s’engagent. Mais à 5 mètres de là je n’avais pas la possibilité de calmer qui que ce soit, et je ne suis pas venu ici non plus avec une mission de « bon samaritain »’ Que diable !

Finalement, je passe la « machine à bips », qui, la mienne aussi, me rappelle que je suis dangereux pour le prochain vol’ Bip bip bip, et voilà que je me retrouve dans la position du Christ, les bras levés, la ceinture du jean ôtée ‘ ce qui a le don de faire descendre de quelques centimètres mon pantalon, merci les séances d’abdos !- et cette agente qui me pose la question «J’va d’voir palper vos poches et vos vêtements, c’t OK ? ».

– Pardon ?
– J’va d’voir palper pour vérifier, c’t’OK ?
– Euh, ben, oui allez-y, si c’est ce que vous avez à faire, faîtes le’

Le « c’t’OK ? » m’avait quelque peu interloqué’ J’avoue ‘ honte à moi ‘ que plongé dans le bain de cet accent québécois très prononcé par cette charmante agente, j’avais du mal à tout capter. Et mon avion pour Québec qui attendait’ qui attendait’

J’avais pris la réalité de l’intégration en pleine face, l’accent’ ce n’était pas elle qui l’avait, mais moi qui en avait un’ et un bon accent pincé à la française !

La fouille passée, la course se poursuivait’ on remet la ceinture, ben oui le pantalon continuait, lui, sa descente vers je ne sais où, et on descend quatre à quatre les escaliers pour atteindre les bas fonds de l’aérogare d’où devait partir le « coucou » en direction de Québec.

Comme le vol se faisait sur un petit aéronef, l’embarquement n’était pas localisé dans l’aérogare principale, mais dans une aérogare secondaire. En forme de T, il se terminait par deux ailes à gauche et à droite, dont les extrémités étaient distantes d’environ 100 mètres l’une de l’autre.

Arrivé à l’aile de droite, en son extrémité, j’apercevais l’écran d’information de mon vol. Enfin arrivé ! La course avait été utile puisque l’embarquement n’avait pas débuté, malgré le fait que l’heure de décollage approchait, n’étant plus qu’à 15 minutes de l’heure prévue.

En moins de 5 minutes, les informations qui nous étaient communiquées me laissaient croire que j’étais revenu dans un de nos magnifiques aéroports français et que je ne voyageais pas sur Air Canada, mais Air France !

« ‘ l’appareil initialement prévu pour ce vol présente une panne technique, c’est la raison pour laquelle il va être remplacé, mais l’appareil en remplacement venant d’atterrir, le vol est retardé pour permettre les opérations d’entretien’ ».

? d’heure plus tard, l’embarquement débutait.

Me souvenant que mon ami m’attendait à plus de 300 km de là, mais ayant laissé ses coordonnées téléphoniques dans ma valise enregistrée en soute, j’ai donc appelé en France pour que ma blonde le prévienne, puisqu’elle avait, elle, le numéro à portée de main. Easy !

Ces ? d’heure de retard m’ont permis de jaser encore un peu plus avec mon acolyte surexcité par tous ces plaisirs aéroportuaires.

Au fil du vol, qui se déroula sans encombre ‘ la compagnie aérienne québécoise serait-elle forte pour la qualité de ses vols, mais plus discutable quand les appareils sont au sol ??? ‘ je jasais de ci de là avec mes « co-détenus ». Et là je me plongeais alors dans ce plaisir du contact québécois, mes oreilles et mon cerveau s’habituant de plus en plus à ces intonations très particulières mais si plaisantes.

Aéroport de Québec, quelques longues minutes plus tard’ Il ne me restait plus qu’à attendre de longs moments (encore) que mon ami arrive, ayant eu un retard du fait d’un problème professionnel, lui n’avait « que » 1h30 de retard’ je connais l’aéroport de Québec par c’ur maintenant, n’est-ce pas cela une partie de l’intégration ?

Arrivé chez la famille P, l’accueil a été à la hauteur de la réputation de la province. Chaleureux, convivial, et plus encore, en moins de 24h je me sentais presque dans ma famille. Ce fût là le commencement d’un séjour inoubliable.

Le travail ou du mal-être québécois’

Le Québec, merveille des merveilles, province des espaces, de la nature, des étendues d’eau, son fleuve, ses villes, ses villages, ses grosses voitures, ses routes rectilignes, et que sais-je encore ! Ah ! Mais si tout était rose dans cette province’ Ce serait le pays d’Alice, le vrai pays des merveilles !

Lundi 23 octobre 2006, Place de la Cité, Québec’ Tout guilleret je m’en retournais retrouver mon ami Pierre pour dîner avec lui, puisqu’il travaille vers la place de la Cité, et moi je sortais de ma première entrevue professionnelle.

L’humeur était des plus joyeuses, ça c’était plutôt bien déroulé, après quelques 3 kilomètres à pied sous un crachin automnal, quoi de mieux que de magasiner et rejoindre ensuite un ami pour manger ?

Comme convenu, nous nous retrouvons au restaurant dont l’ami Pierre est un habitué, et nous faisons servir un lunch plutôt bon, et surtout par une serveuse dont la beauté est irrésistible’

A ce titre, amis français, vous qui croyez que la beauté a pour seule terre d’asile la France, méfiez vous ! La concurrence québécoise est rude’

Nous finissons donc notre repas, agrémenté par la présence de cette jolie jeune fille qui faisait parfaitement son service, et sortons donc dans la galerie marchande lorsque’ tel un piano lâché du 7ème étage, un corps chute, venant s’écraser de toute force au sol et plus précisément sur le bord d’une fontaine, qui, jusque là n’avait pour intérêt que le doux bruit de l’écoulement de l’eau.

7 étages plus bas, une foule s’amasse autour de ce corps sans vie, disons même bel et bien mort, complètement vrillé et sans forme de cet homme qui pour des raisons indéterminées avait décidé d’en finir avec la vie qu’on lui avait donnée.

Un suicide tout ce qu’il y a de plus banal, pour peu qu’on trouve de la banalité dans ce type d’acte’ Par centaines, les visiteurs s’agglutinent autour de lui, les forces de l’ordre mettent peu de temps à arriver, dès lors je me dis que le troupeau de voyeurs sera dispersé.

Erreur ! Le corps gisant au sol, les policiers délimitent la zone, 1 mètre autour du malheureux, avec la superbe bande jaune, et laissent les choses en l’état.

Un corps complètement déformé, brisé même, par la violence du choc, non recouvert, une foule à tous les étages du centre commercial, tels des spectateurs logés au théâtre, et rien de plus’ Rien pour préserver un minimum de respect, d’intimité, de discrétion.

Lorsque j’interroge alors mon ami, il me répond que c’est comme ça ici’ que le Québec a un côté « voyeur » naturel, et que tant que le corps ne sera pas enlevé par les ambulanciers, le lieu restera dans cet état.

Le soir même nous en avons donc encore parlé au souper. Etonné, je m’interrogeais sur les raisons d’un tel acte, ici, dans ce pays que je mettais sur un piédestal. Mais qui, dans cette province, peut être malheureux au point de se jeter dans le vide pour s’écraser quelques 7 étages plus bas, à côté de gens qui buvaient tranquillement leur café ?

Le « Burn-out », le fameux ! Le voilà’ LE malaise de la société québécoise.

Il y a donc un mal-être québécois lié majoritairement aux conditions de travail, voilà ce qu’il ressort de mes jaseries avec les uns et les autres.

Mais ces conditions de travail sont-elles si terribles que ça ? De mon point de vue de français débarqué dans la « belle » province, je me dis qu’ils sont chanceux les québécois de pouvoir débaucher à 16h ou 17h pour rentrer dans leur « chez-eux » douillet’

Oui mais voilà, comme partout, effet de la mondialisation ou d’une économie toujours plus ambitieuse, on en demande plus et plus encore. Des résultats, il faut des résultats !

Je pense que la société québécoise, image d’une société nord américaine flamboyante, est entrée dans le cercle fermé de la productivité et ses entreprises prennent une telle place sur l’échiquier mondial que la réussite est une obligation presque « contractuelle ».

C’est bien, mais le peuple, lui, qu’en pense-t-il ? Eh bien il pense parfois qu’il vaut mieux sauter du 7ème étage d’un centre commercial’

Et pourtant, croyez-moi, lorsque l’on arrive de France, où nos fameuses 35 heures font rire plus d’un pays dans le Monde, on s’étonne de voir que le rythme de travail et la pression vécue dans les bureaux québécois peuvent être à l’origine de ce genre d’événement.

Le Québec, et ses habitants, ont cet aspect « naturel » qui nous fait cruellement défaut, certes on peut s’émouvoir des « façons d’être » différentes des nôtres, nous, habitants du « vieux continent », mais dans sa globalité, et à titre de conclusion, il y a plus de bonheurs à vivre au Québec que de corps en chute libre’

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