S.O.S médecins de famille - Immigrer.com
jeudi , 5 décembre 2024
Les démarches à l'arrivée

S.O.S médecins de famille

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par Protégez-Vous

Un Québécois sur quatre n’a pas de médecin de famille. Pour le plus grand profit des cliniques privées.

Au printemps dernier, 150 habitants de la Montérégie­ ont participé à une surprenante loterie. Les prix n’étaient pas une luxueuse voiture ou un séjour de rêve dans les Antilles, mais… un médecin de famille!

Organisée pour la bonne cause – financer la construction d’une maison de soins palliatifs à Boucherville –, l’initiative de la fondation Source bleue a néanmoins choqué une grande partie du monde médical. Au point que le Collège des médecins du Québec (CMQ) a demandé à ses membres de ne pas y participer, à la fois pour des questions d’éthique et de «bon sens».

Selon le Dr Louis Godin, cet épisode illustre le manque criant d’accès aux soins de première ligne dans la province.

La pénurie de médécins de famille

«Situation intenable»

«À Montréal ou en région, la situation est devenue intenable, soutient le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).

Plus de deux millions de Québécois n’ont pas de médecin de famille.

Pour que tout rentre dans l’ordre, il faudrait 1 200 nouveaux généralistes. Or, il n’y en a que 100 à 120 par an.»

Si rien n’est fait, s’alarme-t-il, la pénurie risque de s’accroître avec le départ à la retraite programmé de plusieurs d’entre eux: dans la seule région de Montréal, 750 ont plus de 55 ans.

Circonstance aggravante, quelque 130 omnis ont déjà quitté le réseau public pour travailler dans le secteur privé. Bien que cela re­pré­sente moins de 2 % des effectifs, le phénomène préoccupe le Dr Godin, car ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis 2005. Et les dégâts en termes d’accessibilité sont importants; sur la base de 1500 patients par praticien, cela signifie que près de 200 000 personnes se retrouvent sans médecin de famille.

Comment en est-on arrivé là? En l’espace de 10 ans, le nombre de cliniques médicales au Québec­ aurait fondu d’un tiers. La faute à l’absence de relève, pointent les experts.

«Aujourd’hui, on a un rapport d’environ 70 % de spécialistes pour 30 % d’omnipraticiens qui sortent des facultés de médecine. Les études indiquent qu’il fau­drait inverser la proportion pour répondre aux besoins des Québécois», explique Damien Contandriopoulos, professeur à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal.

Rémunération: généralistes vs spécialistes

Les raisons de cette désaffection tiennent en grande partie à l’écart de rémunération qui s’est creusé au fil des ans entre omnis et spécialistes: de 20 % aux débuts du régime d’assurance maladie, en 1970, il atteint désormais 55 %, signale le Dr Godin. Ainsi, d’après la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), les généralistes gagnent en moyenne 120 000 $ de moins par an que leurs confrères.

Leurs conditions de pratique ont aussi de quoi décourager d’éventuelles jeunes recrues­. En effet, les patients sont de plus en plus âgés et nombreux, les horaires surchargés et les tâches administratives toujours plus lourdes. Sans parler des heures passées au téléphone pour «caser» un malade chez un spécialiste ou en radiologie. Des études récentes confirment que les médecins de famille se sentent débordés par la charge de travail et qu’ils ont l’impression de ne plus avoir de vie personnelle ni familiale.

Enfin, de leur aveu même, les omnis souffrent­ d’un problème d’image au sein de la profession. «Comme étudiants, on s’est à peu près tous fait dire qu’on était trop bon pour aller en médecine familiale et qu’on était capable de faire une spécialité», raconte la Dre Guylaine Lagüe dans un clip vidéo de la FMOQ. Pour tenter d’en finir avec ce genre d’attitude, le Collège des médecins vient d’ailleurs de reconnaître à la médecine fa­mi­liale le statut de spécialité.

La santé au bout du fil

Depuis 2008, un seul numéro à trois chiffres, le 8-1-1, permet de joindre les services Info-Santé. Ce numéro peut être composé partout au Québec, sauf dans les régions du Grand-Nord. En cas de problème non urgent, vous pouvez ainsi contacter un professionnel de la santé plus facilement.

 

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Écrit par
Laurence Nadeau

Originaire de Montréal, Laurence Nadeau, cofondatrice d'immigrer.com, conférencière et aussi auteure de plus d'une dizaine de guides publiés (et mises à jour) en France sur l'installation, le travail et l'immigration au Québec et au Canada aux Éditions L'Express (et L'Étudiant). Auteure de "S'installer et travailler au Québec" aux éditions L'Express.

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