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The Vancouver chronicles

Il est 6 heures du matin, et comme tous les matins de semaine, le réveil vient enlever Ryan de son sommeil profond. Comme à son habitude, après avoir bâclé sa douche et éclusé rapidement son café, il prend son barda et part en grandes foulées pour le boulot. Ryan, célibataire, la trentaine, est ouvrier en bâtiment. Il quitta son Manitoba il y a quelques années pour venir grossir les rangs de ses travailleurs attirés par le boom immobilier que connaît Vancouver depuis une décennie. Comme chaque jour il empreinte la ligne Millenium du métro pour gagner les chantiers du centre-ville, y travailler pendant ses 8 heures syndicales, terminer sa journée, passer se boire quelques pintes au comptoir comme substitue de vie sociale, pour enfin rentrer et s’écraser de fatigue pour tout recommencer le lendemain. D’ici quelques temps et il le sait il repartira les poches pleines d’argent. Il ouvrira son ´´dinner´´ pour vivre auprès des siens et passer à autre chose. La vie ne peut se resumer qu’a un tas de briques.

Ce matin-là, le wagon dans lequel il prend place est quasiment vide, et il s’assoit nonchalamment en face de Narahari qui ne lui prête aucune attention. Narahari Mohindar, la vingtaine, jeune Canadien d’origine Indienne, est plongé dans son journal. Son uniforme de gardien de sécurité bien trop grand pour lui attire facilement le regard moqueur de son voisin d’en face, de ce Ryan ayant lui fière allure le casque vissé sur le crâne. S’il savait à quel point Narahari peut s’en foutre. Il sait lui que d’ici quelques années il sera devenu quelqu’un, il sait que ses parents seront fiers de lui pour être devenu expert comptable travaillant ” à la ville ” et que lui aura réussi sa vie. En attendant ses cours du soir lui coûtent cher, et c’est pour cela qu’il “joue” tous les jours sans enthousiasme au gardien d’immeuble. Ses parents ont débarqué de Delhi voilà une trentaine d’années, sans pour autant l’avoir quitté complètement. Vivant ainsi à Vancouver sans jamais se confondre avec la foule, ils ont rejoint un cousin ou un oncle plus audacieux partit égoïstement quelques années plus tôt en quête d’une vie meilleure. La famille et ses traditions, Narahari les subit un peu, mais il sait que bientôt, après ses brillantes études, tout ira pour le mieux.
Il aura réussi, lui le Canadien, son assimilation dans son propre pays. A l’annonce de sa station, il descend du métro, laissant Ryan à ses regards et se dirige comme à son habitude vers son coffee shop ou l’attend son “latte” matinal.

Salvador Núnez, entouré de photos de famille et de cartes postales, se tient fièrement derrière son grand comptoir bleu “Ikea”. Comme tous les matins il salue Narahari d’un large sourire, en lui versant allégrement son café quotidien. Salvador, propriétaire des lieux, est le dernier fils d’une famille de petits commerçants de Mexico. Faute d’avoir atterri aux Etats-Unis comme l’avaient fait ses deux frères quelques temps auparavant, il choisit le Canada comme destination finale, et s’y installa il y a cinq ans. A en croire le sourire qu’il arbore en permanence, on pourrait dire que Salvador est heureux. Son coffee shop est rentable, Vancouver lui plait et sa petite famille prospère. La centaine de visages qu’il croise, et les innombrables cafés qu’il sert par jour lui racontent tous une histoire différente qu’il aime inventer. Mais la sienne est ici et bien réelle. Sans pour autant se sentir véritablement Canadien, il ressent ce que ressentent la plupart des nouveaux arrivants : Un sentiment d’appartenance, et cela lui suffit pour sourire. La journée pourrait se terminer comme elle a commencé, mais il est encore tôt. Salvador veut rentrer chez lui et doit encore faire quelques emplettes pour que Carmen, sa femme, prépare le repas du soir….Que du frais, une saine habitude qu’il garde de son Mexique. Il quitte alors tranquillement son coffee shop et se dirige vers un des marches asiatiques à proximité du centre. Arpentant lentement un des rayons, il croise le visage de Kate, un de plus, et détournant le regard furtivement il s’élance les paniers pleins vers les caisses, impatient de retrouver sa famille.

Kate, aurait presque l’air d’un ange avec ses mèches blondes couvrant La moitie de son visage, ses courbes gracieuses et son demi sourire. Mais Kate n’est pas heureuse, ou du moins elle fait semblant de l’être.
Fraîchement arrivée d’Ottawa son diplôme de droit dans ses valises, elle est en train de passer le concours du barreau de Vancouver. Sa spécialité: Les litiges financiers. Elle ne connaît personne ou si peu, travaille 10 heures par jour pour réviser la nuit, se bourre de calmants et mange bio pour se donner bonne conscience. Elle a quitte Ottawa, la provinciale, et sa famille en espérant trouver à Vancouver l’ambition que la ville lui inspirait. Elle est tombée de haut, et elle s’invente alors une vie qui se conjugue au subjonctif. Elle est névrosée Kate. Les nuits interminables passées dans des bars aseptisés où Ryan ne mettra d’ailleurs jamais les pieds, et les inconnus qu’elle y rencontre ne lui suffisent plus a remplir le vide de sa vie. Alors après avoir machinalement pris un paquet de Tofu et du lait de soja au rayon “frais”, elle se dirige à son tour vers les caisses, en se jurant de repartir a Ottawa tres bientôt. Mais aujourd’hui c’est le début du week-end, et ce soir les bars risquent d’être bondés.

À l’annonce du prix, sans même relever la tête, elle tend la monnaie à la jeune Huyen. Huyen est issue d’une famille vietnamienne arrivée depuis une quinzaine d’années au Canada au hasard d’une demande d’asile.
Comme des milliers avant eux, elle et ses parents originaires d’Hanoi Sont arrivés à Vancouver sans rien, ne comptant que sur eux-mêmes et les maigres aides fédérales. Et pourtant….A force de travail, de petits boulots et d’épargnes chèrement gagnées, ses parents ont pu s’installer au rythme des années dans cette ville qui est désormais la leurs, mais qui leurs restera toujours aussi étrangère. Depuis longtemps, sa naïveté, son sourire oriental et sa voix de soie lui ont fait croire qu’elle deviendrait chanteuse. Elle l’est devenue.
Mais faute de ne pouvoir chanter sur MTV, elle chante tous les week-ends dans un bar Karaoké au coin de Granville et de la 72nd Avenue. Kate sera sa dernière cliente, la journée prend fin, et elle est déjà en retard.
Elle referme consciencieusement sa caisse, passe par la salle du personnel pour vite ressortir du marché et s’engouffrer dans un des nombreux taxis gares la. Yuri, réveillé par le claquement de la porte, se revele de sa torpeur pour dévisager dans le rétroviseur sa jeune passagère. D’un regard, il en tomberait presque amoureux. Au son de sa voix, Yuri esquisse un sourire, trop rare dans ses journées mornes à sillonner la ville. Le trajet sera long mais la compagnie de Huyen n’est pas désagréable, et le temps d’une course il se surprend à rêver.

Yuri, la quarantaine, est originaire de Novossibirsk en Russie. Il débarqua avec tous les espoirs du monde à Vancouver il y a une dizaine d’années. Au pays, il était ingenieur-informaticien, travaillant pour la centrale électrique de la ville. Son travail lui plaisait, sa situation était enviable, mais sa vie souffrait de son passé soviétique. Le Canada s’est alors offert a lui. Depuis, et après avoir essayé maintes fois de faire valoir son expérience, il est condamné à jouer les chauffeurs pour la faune urbaine et prendre son taxi comme deuxième domicile. Certains diront que c’est à cause de son anglais approximatif, d’autres que c’est un manque de détermination. Mais la réalité est tout autre. Pourtant il l’aime son taxi. C’est la deuxième voiture qu’il possède dans sa vie et à chaque kilomètre qu’il parcoure, il se dit avec la plus grande philosophie du monde que finalement la vie est ainsi faite. Mais à l’instar de la vie de Kate, la sienne se conjugue à l’imparfait, et entre vodka et mélancolie, la “Mère Russie” lui manque beaucoup. En jettant rapidement un œil sur le compteur, il se dit que oui, il va y repartir un jour, le temps d’un congé, pour mieux revenir et ne plus se poser de questions.
La nuit commence à tomber, le taxi arrive doucement à l’angle de la 72nd Avenue et s’arrête pour y déposer sa passagère. Yuri prend les billets froissés que Huyen lui tend, rend la monnaie, et sans répondre au sourire qu’elle lui lance gentiment, la quitte anonyme pour une autre course en la laissant partir pour son “récital”.

Vancouver, c’est cela. Des milliers de vies venues de nulle part et surtout pas d’ici. Ces milliers de regards se croisent tous les jours sans que jamais ils leurs viennent à l’esprit qu’ils ont tous fait le même trajet pour les mêmes raisons. Le Canada, l’envie d’une autre vie, l’envie de celle des autres peut-être, ou tout simplement l’envie de s’épanouir.
Bien que similaires, chacun a ses raisons pour y venir, et parfois aussi ses raisons pour la quitter. Mais quoique ces tranches de vie vous inspirent, il n’est pas de parcours écrits, et chacun peut ici se réaliser à la mesure
de ses envies….Peut-Être….

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