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Virée nordique à Labrador City…

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Virée nordique à Labrador City

Comme je l’avais mentionné dans ma dernière chronique, de janvier à juillet, j’ai beaucoup voyagé dans le cadre de mes inventaires de grandes surfaces du genre Carrefour. Une des destinations qui m’a particulièrement marqué a été l’inventaire du grand magasin de Labrador City. Connaissez-vous cet endroit ?
Cette ville du grand nord « québécois » au-delà du 52ème parallèle. Elle fait partie du lot de ces villes nées de nulle part via la découverte de filons de métaux, de mine de fer, ou encore.
Autant l’hiver est long dans le Québec méridional, autant dame blanche s’attarde davantage dans le nord. Ne soyez pas étonné d’y découvrir de la neige encore au mois de mai.

Nous sommes le 10 mai, Baie Comeau est encore endormie. Il est 6h30, nous embarquons dans la van. La grande aventure à travers la pessière (forêt d’épicea) et la taïga commence, 8 h de route dont 6 h de chemin de garnotte (route de gravier).
Nous prenons la direction de Manic 5 construit en bordure de la route 389. Le long de cette voie 5 barrages de renoms se succèdent sur la rivière Manicouagan, dont le majestueux Manic 5. Pour ceux qui ne le savent pas l’hydro-électricité est au Québec, ce que le nucléaire est à la France. Ainsi, d’imposants barrages ont vu le jour dans le nord québécois, là où coule de grandes rivières, là où nature règne en maître’ ainsi là où ça ne dérange personne de détourner des rivières, noyer des vallées forestières ancestrales’ mais ceci est un autre débat. Jusqu’à ce point stratégique d’Hydro Québec, la route est sinueuse, ça tourne et ça monte puis descend avec parfois des pentes de 14%, mais détail qui vaut son pesant d’or, rendu ici, la route est encore asphaltée sur 214 km, soit un trajet de 2H30 ! Un luxe, lorsque vous empruntez la route 389.

J’oubliais pour ceux qui ne connaissent pas le coin, Baie Comeau est déjà situé à 9 h au nord de Montréal, 668 km de route’. Vous prenez la 132, puis à partir de la ville des baleines, Tadoussac, vous quittez la « civilisation », là où les épinettes règnent en maître, vous passez une première « ville » qui est Forestville, puis poursuivez tout droit jusqu’à Baie Comeau.

Après cette petite précision revenons à notre périple nordique. Ainsi, après 2h30 de route, l’imposant barrage Daniel-Johnson (son deuxième nom), construit de 1959 à 1971, se dresse devant nous. La route le longe puis serpente à sa droite. Elle nous mène au-dessus du barrage, haut de 214 m pour une longueur totale de1,314 km. Pour vous donner une idée, cette hauteur équivaut à un édifice de 50 étages. En terme de barrage de béton à voûtes multiples et à contreforts, Manic 5 détient le record mondial. Bien entendu nous nous sommes arrêtés quelques minutes afin d’admirer cette prouesse technique, d’autant que Manic 5 a été édifié au milieu de nulle part, loin de toutes villes dans le nord Québécois.
Vu d’en bas la hauteur en est vertigineuse. Après seulement quelques clichés photographiques, une patrouille de la sécurité du site, nous avertit de ne pas s’attarder auprès des installations. En effet, Hydro Québec n’aime pas trop les « fouineurs », sécurité nationale oblige ! Un attentant engendrerait une catastrophe.
De l’autre bord de l’imposante structure de béton, s’étend une immensité d’or bleu ! Il faut savoir que le Québec produit 96 % de son électricité grâce à ces centrales hydroélectriques.

Après Manic 5, le fun commence, 6h de gravelle nous attendent. Là nous pénétrons dans des contrées tout à fait inhabitées. Nous sommes en mai, les lacs sont encore partiellement ou entièrement gelés, la neige n’a pas encore déménagé ! Les épinettes font un concours de petitesse, bienvenue dans le nord québécois !

S’en suit deux heures de route jusqu’à la ville de Gagnon. Nous traversons plusieurs ponts en bois enjambant des rivières tumultueuses dont l’eau brunâtre bouillonne dans un bruit assourdissant. Il existe 80 ponts sur cette route !
Ici l’eau semble omniprésente, le paysage vallonné est parsemé de lacs. Autour, la forêt occupe le territoire, des rochers affleurent ça et là. La nature rayonne, ici, l’Homme n’est pas en territoire conquit. Nous sommes à 316 km de Baie Comeau, 100 km de Manic sur notre gauche un nouveau paysage saisissant, le réservoir Manicouagan, encore partiellement pris dans les glaces. Tout est calme, silencieux tel un paysage lunaire, j’ai l’impression d’observer une peinture morte. De plus, on a l’impression que tout a été organisé pour séduire l’amoureux de la nature que je suis, chaque épinette, le bleu de l’eau, tout est là pour me charmer. Moi, qui suis à la recherche de grands espaces, ici je suis servi.
En son centre, il existe l’île Levasseur, véritable joyau écologique, né il y a 214 millions d’années, à l’époque des dinosaures, sous l’ère Mézoïque, lors de l’impact d’une météorite à 17 Km par seconde.
L’onde de choc, d’une intensité de 40 millions de fois supérieure à Hiroshima, crée un cratère de 100 km de diamètre, appelé Manicouagan, et une île de 2040 km’. Ce cratère, baptisé « Oeil du Québec », visible depuis l’espace, est classé 4ème plus gros impact au monde. L’actuel aspect visuel de l’île est dû à l’inondation du cratère lors de l’édification du barrage Manic 5 formant ainsi le 6ème réservoir au monde en terme de volume (deux fois plus que le Lac St-Jean) avec des profondeurs atteignant 73 m.
Inutile d’insister sur le fait que ce lieu doit être protégé. Il abrite une biodiversité inestimable. Lynx du Canada, loup et caribou des bois vivent au sein de la forêt primitive, composée d’arbres centenaires recouvrant 75% de sa superficie avec certains arbres de plus de trois cents ans. Malheureusement cette île est menacée par des projets de coupes forestières.
Après quelques minutes à admirer ce vestige du passé, nous poursuivons notre route. Non loin de là, le Relais Saint-Gabriel accueille chasseurs, pêcheurs, et autres individus de passage, vous pouvez vous y restaurer et par la même occasion faire le plein d’essence. Vous avez même des petits chalets pour accueillir les chasseurs et des niches/enclos pour leurs chiens.

A quelques kilomètres de là, la ville de Gagnon, enfin, plutôt des restants de cette ville de 10 km’, puisqu’elle a été entièrement démantelée en 1985 suite à la fermeture de la mine de fer (Sidbec Normines) qui avait été le moteur de sa création en 1960. Les 3500 habitants ont été contraints et forcés de quitter la ville. Aujourd’hui, il ne reste qu’un terre plein central engazonné et des segments de chaîne de trottoir.
Passé cette joyeuse bourgade fantomatique, il nous reste 20 min avant de franchir le 52ème parallèle. Pour vous donner une idée du chemin parcouru dans le Nord, Baie Comeau se situe au 50ème parallèle, Québec au 49ème et Paris au 48ème. D’ailleurs un petit panneau le symbolise. Ce qui vaut bien une petite photo.

A partir d’ici, au milieu de nulle part, nous avons droit à 89 km de route asphaltée, seul témoignage d’une ancienne activité humaine hormis la présence de la voie ferrée. Nous en profitons avant le dernier tronçon de route de gravelle de 63 km parcouru en 1h30 qui rejoint la ville de Fermont, la dernière ville avant le Labrador.
Par la suite, la route suit le chemin de fer Sept Ile/Labrador City.
Au loin, nous entendons un bruit sourd. Surprenant ! Y aurait-il une autre forme d’activité terrestre ici ? Bientôt nous voyons la locomotive du train de marchandise. Elle est presque suréelle. Etant donné l’absence de parasites sonores, à elle seule, elle remplit notre environnement auditif. Près de 70 wagons (eh oui 70 et non 7) lourdement chargés de minerai de fer, défilent devant nous à une vitesse d’un homme à la course’ sous un bruit de roue de métal frottant sur les rails.
La route n’est pas toujours très large et les camions, chargés de bois roulent à vive allure créant des nuages de poussière parfois si dense que nous sommes obligés de nous arrêter le temps que cette poussière se dépose à nouveau au sol !

Bientôt nous dépassons une nouvelle mine, celle de Fermont. Nous nous approchons de la fin du périple, d’ailleurs nous croisons davantage de véhicules. Tout comme Gagnon, Fermont a été initialement bâtie de toute pièce afin de loger les ouvriers de la mine du Mont Wright dès 1971. L’une des particularités de cette bourgade de 2500 habitants est le fameux « mur-écran » ! Qu’est-ce que c’est, me direz-vous ? C’est un imposant édifice de plus d’un kilomètre de long construit afin de protéger la ville des vents violents et glaciaux. Ce bâtiment abrite les travailleurs du gisement minier du Mont Wright, des magasins et la plupart des services municipaux. Ce centre névralgique de la ville est essentiel à Fermont.
Espérons que pour ses habitants, la mine puisse les faire vivre pour encore longtemps et que l’avenir réservé ne soit pas le même que celui de Gagnon.

Passé Fermont, la fin de notre périple est proche, encore une quarantaine de kilomètres et nous pourrons poser nos valises à l’hôtel de Wabush, petite ville de 2000 âmes à côté de Labrador City, davantage pleuplée (8500 habitants).
Quelques minutes après nous quittons la Belle province et nous voilà au Labrador appelé aussi Markland « terre du bois ». Cette région, liée à la province de Terre-Neuve, abrite une population de 27 860 habitants répartis sur un territoire de 294 330 km (équivalent à la superficie de l’Italie). Il a été découvert en 1495 par le navigateur Portugais João Fernandes Lavrador et a été intégré au Canada en 1949. Vous pourrez y rencontrer une population en partie autochtone composée d’Inuit, d’Innu et de Métis.

Enfin nous atteignons notre but, Labrador City, il est 14h30. Cette ville industrielle est entourée de montagnes enneigées. L’air y est frais, 20°C en été, -30°C en hiver, 6 à 8 mois de l’année le gel sévit, sans compter les 600 à 900 mm de précipitations annuelles dont environ 60 % neigeuse !
Côté urbanisme, les maisons en bois sont identiques à celles édifiées au Québec, comme partout vous trouverez un Mc Donald ! Il existe un gros centre d’achat.
Là où vous vous apercevez que vous êtes au bout du monde, c’est en ouvrant les yeux et en étant à l’écoute de vos sens.. Peu de bruit dû à la circulation, la luminosité est différente, la forêt boréale est au bord de la ville, les érables et autres essences retrouvées habituellement en ville ont été supplantées par les épinettes et le lichen ! Souvent les voitures portent un petit drapeau rouge, afin que les véhicules des miniers soient plus repérables dans les mines à ciel ouvert lors du dynamitage de la roche.

La route nous a épuisé, nous allons rapidement nous reposer à l’hôtel, demain l’inventaire du magasin nous attends.
Du voyage, je resterai marqué par ces paysages splendides.

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