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L’immigration sous les projecteurs québécois!

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Il y a quelques jours, je suis allé voir l’Appât, le nouveau film québécois d’Yves Simoneau. À l’affiche, Guy A. Lepage et Rachid Badouri. Même si j’ai trouvé le scénario un peu faible – c’est vrai que c’est une comédie légère – j’ai aimé que le film fasse de la place à la diversité de la société montréalaise: on y entend de l’arabe, du créole, de l’italien en plus du français du Québec et de.. France. L’Appât donne aussi un premier grand rôle à Rachid Badouri humoriste québécois, d’origine marocaine et à qui des critiques prédisent une grande carrière cinématographique. Badouri n’est peut être pas l’humoriste québécois le plus talentueux mais un sondage, de ces derniers jours, le place à la première place des humoristes préférés des Québécois et son spectacle a été vu par quelques 300 000 personnes au Québec. Ce n’est pas rien. Avec Boucar Diouf, il incarne la fraicheur apportée à l’humour québécois ces dernières années. Il y a aussi Samy Sugar, un Montréalais d’origine indienne qui est une grande vedette au Canada anglophone mais qui demeure un illustre inconnu au Québec, sauf à l’Ouest de Montréal. Il faut dire qu’il se produit surtout en anglais. Qu’à cela ne tienne, avec Badouri, Diouf et Sugar, le Québec du rire s’ouvre aux minorités et c’est une bonne chose pour tout le monde mais peut-on dire la même chose du monde de la télévision?

S’il est vrai qu’à Radio-Canada, il y a plusieurs visages représentatifs de la diversité de la société québécoise, ce n’est pas le cas sur d’autres chaines de télés. En matière de productions de fiction, il y a bien sur la série Pure Laine diffusée par Télé-Québec qui traite spécifiquement des questions d’intégration et des rapports intercommunautaires. Sur Vrak.tv, autant des séries anglophones (traduites en français) pour adolescents comme Degrassi reflètent la diversité de la société canadienne, autant d’autres comme Une grenade avec ça présentent un visage tout blanc du Québec notamment depuis le retrait de Jean François Harisson après sa mise en examen. Qu’en est-il du cinéma québécois?

Le Montréalais Jacob Tierney, réalisateur du film Le Trotsky a jeté, il y a quelques mois, un pavé dans la marre en déclarant que “la société québécoise est extrêmement tournée sur elle-même. Notre art et notre culture ne présentent que des Blancs francophones. Les anglophones et les immigrants sont ignorés. Ils n’ont aucune place dans le rêve québécois. C’est honteux”. Évidemment, je trouve ces propos, pour le moins, exagérés. Le Trotsky ne fait d’ailleurs pas plus de place aux immigrants. Tierney rajoute une couche en suggérant que “le cinéma québécois, c’est blanc, blanc, blanc” et en considérant que les films faits au Québec, ces dernières années, (1981, C.R.A.Z.Y., Polytechnique…) sont tous tournés vers le passé. Des propos qui ont choqué beaucoup de monde même s’ils sont tempérés par certains…parce que tenus par un Anglophone. Le réalisateur Philippe Falardeau croit que “l’absence” des Anglophones et des immigrants dans le cinéma québécois, n’est pas un fait conscient. Toutefois, il reconnait que dans le milieu du Cinéma « on n’a pas le réflexe de s’intéresser à l’autre ». Or Philippe Falardeau a déjà un réalisé CONGORAMA (2005) un film qui met en scène un écrivain belge et sa femme congolaise à Sainte-Cécile, un village québécois. Il prépare aussi Bashir Lazhar – Bon il aurait dû s’écrire Bachir Lazhar -, l’histoire d’un immigrant algérien recruté comme instituteur remplaçant à Montréal. Falardeau n’est pas le seul réalisateur à “s’intéresser” à l’autre..et aux Algériens. Denis Chouinard a réalisé, en 2001, l’Ange de goudron, un film qui jette le regard sur une famille algérienne ayant immigré au Québec pour fuir le terrorisme en Algérie. Le fils aîné milite non pas dans un groupe islamiste mais avec son amie québécoise dans une organisation d’extrême gauche qui s’implique dans des actions sociales radicales.

Plus récemment, on a assisté à la sortie du film Incendies (2010) de Denis Villeneuve qui va représenter, dans quelques semaines, le Canada aux cérémonies des Oscars. Adapté d’une pièce de théâtre à succès de Wajdi Mouawad, dramaturge québécois d’origine libanaise, ce film est une grande réussite. C’est en tout cas le deuxième film québécois à générer plus d’entrées en 2010 après Piché : entre ciel et terre bien qu’il ne soit pas un film grand public. En mettant en scène deux jeunes jumeaux québécois “ordinaires” – mais qui vont finir par comprendre qu’ils sont nés dans l’horreur et le drame – c’est un tout un chapitre de l’histoire du Liban qui est revisité: la guerre civile des années 1970. On peut certes formuler des réserves sur l’absence d’Israël dans l’évocation des circonstances de l’éclatement de cette guerre mais Incendies, film porté de bout en bout par Mélissa Désormeaux-Poulin et Lubna Azabal deux formidables actrices, est touchant à tout point de vue. Il invite justement à faire l’effort de connaitre…l’autre.

Le bonheur de Pierre (2008) de Robert Ménard n’est pas un film sur l’immigration à proprement parler ni une production entièrement québécoise – il a été coproduit avec la France – mais il traite des problèmes d’intégration des “étranges” dans le Québec profond… À condition de ne pas oublier que c’est une comédie: ce qui n’est pas difficile en soi avec la présence de l’Unique Pierre Richard. Le talent de Rémi Girard finit de faire de ce film un véritable moment de bonheur. Il y a certainement d’autres films québécois qui s’intéressent à l’immigration et à la diversité, je commence à peine à découvrir le Cinéma québécois. Un Cinéma tout aussi jeune que la nation québécoise. On peut d’ailleurs comprendre qu’il ait parfois tendance à se tourner vers le passé. Il est nécessaire de connaitre et de mettre en valeur le passé pour construire l’avenir. Un avenir qui pourra se bâtir dans la diversité de la société québécoise actuelle. Quand on voit que la vice-présidente de l’assemblée nationale, Mme Fatima Houda-Pépin, est une immigrante marocaine, arrivée à l’âge adulte au Québec; quand on voit que le premier député que Québec Solidaire envoie à cette même assemblée – son porte-parole Amir Kadir – est né en Iran, on peut être fier de vivre dans ce pays. On sera d’autant plus fier de regarder demain des films et des séries télévisées reflétant la réalité du Québec d’aujourd’hui et des prochaines années. Le Québec des Tremblay, Gosselin et Coté mais aussi des Fatima, Youri et Désirée.

Pour terminer ce premier papier de la nouvelle année, j’évoquerais le court-métrage Les nouveaux venus qui traite des difficultés d’intégration de deux mécaniciens français. Le film a été produit il y a plus de 50 ans. C’est pour ça qu’il mérite, pour moi, une mention à part. Il vient d’une époque lointaine mais la thématique est toujours d’actualité. Il peut aider à relativiser bien de choses. Bonne année 2011.

Sources :

http://www.onf.ca/film/nouveaux_venus_les
http://moncinema.cyberpresse.ca/nouvelles-et-critiques/nouvelles/article/11984-jacob-tierney-les-anglos-et-les-immigrants-sont-ignores.html
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2010/07/06/002-cinema-quebecois-tierney.shtml

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Écrit par
Rayan

C’est à l’âge de 42 ans que Rabah alias Rayan arrive au Québec en octobre 2006 en provenance d’Algérie. Il s’installe avec sa famille dans la ville de Québec puis par la suite à Laval, au nord de Montréal. Rayan travaille dans l’enseignement et écrit depuis 2008 sur le site immigrer.com.

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