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Une journée de travail dans le Nord

Dimanche 10 février. C’est à peine l’aurore et une faible neige tombe sur la petite ville endormie. À côté de mon lit, le ricanement de l’unique station AM disponible sur mon cadran résonne dans mes pauvres oreilles. Il tente péniblement de m’arracher des bras de Morphée pour me rappeler la dure réalité. hé oui, je travaille aujourd’hui : mon groupe de pères et leurs marmots m’attendent au bord d’un lac pour une journée de pêche sur glace.

Je réveille mon char et mon chien qui, comme moi, ont de la misère à se
mettre en route : l’un est complètement gelé, l’autre à moitié endormi. Il
fait moins 34 C. j’enclenche le chauffage puis le 4 par 4, je dévale la
route enneigée, pénètre dans la forêt, je frappe un loup, un renard et 3
orignaux (c’ t’ une joke), et je rejoins la petite cabane depuis laquelle se répand la délicieuse odeur des oufs et du bacon qui cuisent à même le poêle.

Tout à coup, un bruit de moteur effroyable vient troubler la quiétude
matinale. Trois « Arctic Cat » dernier cri (motoneiges) arrivent en trombe,
traînant derrière eux une coque de bateau contenant tout le matériel
nécessaire à l’activité du jour. Munis de nos mitaines et de nos mocassins
en peau d’orignal conçus par les Indiens, nous nous précipitons au dehors,
enfourchons les ski-doo qui nous emmènent à grande vitesse au milieu du lac
où nous allons distribuer généreusement nos petits appâts aux poissons
affamés.

Soudain, notre chum « Lou le pirate » saute de sa monture et s’empare d’un
engin de guerre : une espèce de tire-bouchon géant à moteur avec lequel il
commence à forer des trous à travers l’épaisse couche de glace qui recouvre
le lac. Nous fixons alors nos brimbales de fortune au-dessus des gouffres et
laissons délicatement glisser nos éperlans, soigneusement accrochés au bout
de nos hameçons.

Le soleil a tourné, nos brimbales n’ont pas bougé d’un pouce. on ramasse
quelques bûches et retournons nous réchauffer dans la cabane où bières
fraîches et barres tendres nous attendent. Un débat débute alors sur la
cuisson de la perdrix blanche et les hommes content leurs aventures de
chasse.

Le soir tombe déjà. nous nous sommes assoupi au coin du feu. Il est temps de reprendre nos gaules. A soir, nous rentrerons bredouilles à la maison, le fumoir à poisson est inutile et nous ne mangerons pas les truites de 200
livres dont nous avons rêvé pendant toute la journée.

Pas grave. la prochaine fois, on va en pogner, c’est sûr. mon chien s’endort instantanément et moi. demain, je n’entendrai pas mon cadran (je l’ai brisé).

Pas de doute, c’est éprouvant la vie de coureur des bois.

Kroston

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