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Les trois cours du Québec en cadeau

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(Pour paraphraser M. François Lambert dragon au sujet de l’entrepreneuriat, Immigrer c’est très difficile, point)

Je m’étais quelques fois imaginée ce qu’allait être mon dixième anniversaire de mariage avec le père de mes enfants. Et je le voyais très beau, les enfants plus grands, mon entreprise en croissance et mon homme et moi encore plus amoureux et plein de projets pour nous et nos enfants. Malgré les difficultés de la vie de couple, j’avais une confiance naïve dans le dialogue comme arme de gestion des conflits mêmes les plus laborieux. Et surtout j’avais confiance en ma capacité à pardonner et vite tourner la page lors de conflits.

Pour mon dixième anniversaire de mariage… je vais rectifier mon expression, pour ce qu’allait être mon dixième anniversaire de mariage, je me retrouvais face au contraire de tout ce que j’avais imaginé. La seule chose qui s’est avéré vrai, les enfants ont réellement beaucoup grandi et ils sont certes magnifiques avec plusieurs défis éducatifs à faire face. Mais les pauvres, pour régler ces défis d’éducation, papa et maman ne sont plus ensemble.

Papa et maman sont séparés, comme si ce n’était pas déjà assez. Papa poursuit maman à la cours criminelle, prétextant qu’elle l’a menacé de mort, et pas seulement lui, les enfants aussi.

Maman se voit donc confronter à la protection de la jeunesse avec un surplus de plainte quand à ses mesures éducatives jugées non-conventionnelles. Et enfin la cours supérieure puisqu’il devient évident qu’il faut divorcer, la situation est devenue trop complexe pour prétendre la régler et rêver revivre ensemble. Selon la culture du pays d’accueil, nous sommes rendus trop loin, nous sommes en guerre, ici divorcer pour plusieurs, c’est partir en guerre. S’ils savaient hélas ce que c’était la vraie guerre…dans le reste du monde (…)

Me voilà donc face à une énorme guerre à laquelle je n’étais pas préparée. Vivre des comparutions devant ces trois cours, des moments indescriptibles, d’une violence psychologique, économique et culturelle tellement foudroyante pour l’immigrée en processus constant d’intégration…

Pour moi, se marier c’était rester ensemble pour la vie et même lorsqu’il y’a des problèmes, la famille élargie, les fidèles amis et des professionnels pouvaient nous aider. J’ai donc beaucoup de difficultés à embarquer dans cette guerre; j’essaie autant que je peux de retrouver mon calme et surtout des conseils et un plan d’action qui laisserait le moins de séquelles à mes enfants…

Ce que j’avais oublié, c’est que lorsque la direction de la protection de la jeunesse est dans votre vie, pour des raisons comme des corrections démesurées de votre enfant, et que ces accusations sont corroborées par le père, je peux vous affirmer que vous êtes dans une sacrée merde. Et tout ce que vous dites, tout ce que que vous avez été comme mère depuis plus d’une décennies pour vos enfants, tout ce que vous avez comblé même lorsque le papa brillait par son absence, n’a plus aucune valeur. J’ai vu une intervenante à la limite de la maternité, c’est-à-dire, elle-même maman d’un premier petit de deux ans au plus, me rabaisser et me juger sévèrement dans mon rôle de maman. Et, Elle disait être là pour le bien de mes enfants(…) Un rôle que je me vantais pourtant d’accomplir de la plus noble des façons à mon humble avis. Dans ma culture fallait allaiter ses bébés jusqu’à longtemps et je l’ai fais fièrement jusqu’à respectivement 18, 24 et 22 mois pour chacun de mes trois enfants. J’ai été une maman présente et super-protectrice. Le Papa  de mes enfants m’accusait d’ailleurs d’être ”trop mère poule”. Mais lorsqu’il fut question de guerre de divorce avec la DPJ dans le dossier, le portrait qu’il dressa de moi m’impressionna : violente est un mot qui est souvent revenu, raide, fermée, catégorique…bref, ”mauvaise mère” aurait énoncé tellement plus simplement la description qui avait comme but ultime de me faire passer pour la pire mère du Québec avec une mention jamais omise de prendre soin de commencer par mes origines africaines.(…) Bref, si j’ai un conseil d’immigrée à te donner cher immigrant évite de te retrouver dans le système DPJ comme on éviterait la peste et le VIH. Crois-moi!

Je me retrouve donc du jour au lendemain, poursuivie au criminelle, au tribunal jeunesse et enfin divorcer à la cours supérieure, lorsque, mon but a toujours été de réussir ma famille, tout quitter pour bâtir cette famille, faire trois enfants par amour alors que de souvenirs encore à 28 ans et entrepreneure dans mon pays d’origine mon choix de ne pas en faire était claire puisque je voulais encore servir dans l’humanitaire et la mission apostolique comme je l’ai toujours fait depuis mes 17 ans.

Bref, la vie s’est dessinée autrement.  En effet malgré sa beauté, elle demeure tout de même un chemin de croix jonché de chutes, de haies humaines moqueuses et lapideuses. Elle est aussi composée de trahisons, de mauvais et bons conseillés, elle est une œuvre d’art avec tellement de facettes et de couleurs que chacun peut l’interpréter à sa guise. Le constat que je fais de ce cadeau de fête de mon dixième anniversaire de mariage non célébré finalement, c’est que immigrer c’est très difficile, point.

Et pourtant, aujourd’hui retourner définitivement chez moi n’est aucunement une option, surtout pas avec trois enfants que la vie a daigné me confier. Et puis le pire dans tout ça, j’ai choisi librement de venir m’installer au Québec. J’ai choisi librement de me marier, j’ai choisi librement de m’intégrer par l’entrepreneuriat au nom justement de cette liberté chère à mon cœur.

Ce cadeau de mon dixième anniversaire de mariage, les trois cours du Québec, saura d’une façon violente et apparemment inhumaine contribuer à mon intégration comme femme dans cette société. Et j’ose encore croire que le temps, oui le temps notre ultime juge saura me redonner ce que toutes ces situations m’imposent comme énergie, frustrations, blessures, dépaysements, déchirements…mais paradoxalement quel enrichissement humain, quelle découverte brutale certes mais combien véridique de l’humain et du sytème dans plusieurs sphères de la société et dans dans divers situations de crises ou non.

Si j’ose faire cette intrusion dans ces pages moins festives et intimes de ma vie comme femme Québécoise immigrée d’origine africaine, c’est pour trois raisons essentielles : Sensibiliser, Dénoncer et s’Aimer.

La première, dire à haute voix que le suicide n’est pas une option face à la cruauté de l’impensable. La solitude et l’isolement souhaité ou non dans ce genre de situation est certes inouïe et grande comme une voile immense et sombre, donnez-lui de la couleur, forcez-vous à lui donner de la couleur, ne vous isolez pas. Appelle info-Suicide : 1 866 277-3553

La seconde, éloignez-vous de toutes les personnes négatives, ses voix qui résonnent avec des échos comme vengeance, guerre, mal…car elles veulent peut-être vous aider mais Dieu qu’elles en rajoutent à votre douleur et à toute la violence. Que l’agressivité en vous, soit plutôt un sursaut vers la vie, des projets à réaliser, des défis à accomplir que contre des ennemis à abattre. L’ennemi en ces moments-là c’est vous-mêmes, réconciliez-vous avec vous, vos valeurs et restez vous!

Et enfin la dernière, allez chercher de l’aide. La bonne aide est professionnelle. Je n’ai pas eu la chance de la trouver aisément mais réclamez-la. Faits-vous conseiller juridiquement par des professionnels, psychologiquement par des professionnels, économiquement par des professionnels…Il y’a cette aide aussi pour les immigrés et pour les femmes immigrées racisées tellement plus vulnérables et exposées à la violation de leurs droits comme femme dailleurs selon une étude de la table de concertation des femmes immigrées.

Sans vouloir inciter à une religion ou autre chose du genre, croyants ou non, agrippez-vous à la vie et une des places ici à Trois-Rivières où il y’a beaucoup de cette énergie vitale, c’est le sanctuaire notre dame du cap; J’y accomplis mon défis de courir et méditer au bord de l’eau, une activité qui me ressource énormément et m’aide dans la gestion de cette vague de stress tsunamique.  Finalement j’ai compris que la réelle place de vie était dans mon cœur, oui au dedans de moi. Je me dois de continuer d’aimer les gens, d’aimer la vie, d’aimer mon entreprise, d’AIMER tout simplement. M’AIMER, voilà le cadeau que je me suis fais à moi-même finalement pour ce dixième anniversaire de mariage non célébré et pour le reste de ma vie.

M’Aimer suffisamment, pour me choisir au quotidien et restez debout, et dire non quand c’est non et oui quand c’est oui et ce au nom de mes droits, devoirs et libertés! L’intimidation la plus violente et opportuniste qui soit, même si elle est apparemment cautionné par le système ne peut pas enlever à une maman de ma trempe cet élan d’amour inconditionnel pour ces petits.

Je vous aime mes enfants!

Elvire B. Toffa

Entrepreneure

Propriétaire de Casafriq

www.casafriq.com

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Écrit par
Elvire

Originaire d'Abidjan en Côte d'Ivoire, Elvire a débarqué au Québec en 2007 par les voies du parrainage (regroupement familial). Cette immigrante d'Afrique de l'ouest s'est mariée à un Québécois de souche et vit dans la région de la Mauricie, dans la ville de Trois-Rivières avec ces trois enfants. Femme d'action, elle nous parle de parrainage, de l'Afrique au Québec et aussi d'entrepreneuriat.

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