Du canot camping en outaouais - Immigrer.com
jeudi , 10 octobre 2024
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Du canot camping en outaouais

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Puisqu’il est de coutume pour bien des gens de considérer que l’été québécois commence à la Saint Jean-Baptiste pour finir à la fin de semaine de la fête du travail, et puisque nous nous sommes quittés pour la trêve avec le récit de ma fête nationale, je vous reviens en très grande forme, bronzée et enjouée grâce à mon long week-end de ce premier lundi de septembre.
Si le dernier récit était tout de bons sentiments et de famille, celui-ci sera gourmand et faunique !

Pour fêter ce dernier sursaut de vacances et les retrouvailles avec mon massothérapeute préféré, accessoirement le premier ami québécois que j’ai eu ici à Montréal et qui revenait d’une année d’études à Paris, nous sommes partis D. mon masso, P. sa coloc et partenaire de travail, Ti’Namour et moi en Outaouais, proche de Denholm, sur les pourtours, que dis-je au cœur même du réservoir/lac du Poisson-Blanc ou lac Ohara.

Après une première nuitée dans la tente, plantée sur le parking du camp Air-Eau-Bois où bien des jeunes outaouais de Gatineau et Hull, voire même des jeunes d’Ottawa, ont passé des semaines, en tant qu’enfant, ado puis parfois même bénévole, nous avons pu prendre possession de l’un des instruments essentiels pour notre fin de semaine : des canots !
Eh oui, voici une chose que je n’avais encore jamais faite et qui pourtant me semble plus belle et plus essentielle que les ballades en traîneaux (que je n’ai pas plus faites d’ailleurs), le canot-camping. Et croyez-le, nous avons choisi un site magnifique pour le faire !
Outre le fait que j’ai un peu paniqué (hum on appelle ça un euphémisme….) les premiers instants dans notre canot plein à craqué de nos victuailles, sacs de couchages, matelas de sol, habits, tentes, glacière et alouette, j’avoue un peu tard que j’ai finalement trippé sur la ballade au fil de l’eau.
D’îles en îles, nous avons profité de notre première après-midi de congé pour prendre un petit aperçu de la largeur de ce lac ! Puisque je suis de nature curieuse, je suis allée jeter un œil sur différents sites pour en apprendre plus sur notre vénérable hôte : environ une dizaine de kilomètres de largeur, un peu plus de 25 kilomètres de longueur, une centaine d’îles et de baies, certaines aménagées avec des pontons, des chalets, et d’autres, comme celle sur laquelle nous déposerons nos rames, pratiquement inhabitées.
Je dis bien pratiquement parce qu’un examen rapide permet de détecter deux anciens emplacements de foyer, une cabane sommaire de chasseur et de nombreuses traces animales qui nous serons confirmées lors de la première nuit.
Nous arrivons donc après 2h de navigation hiératique sur une île qui nous semble hospitalière : pente douce et plage de sable, arbres nombreux, un chemin qui mène vers un lac intérieur. C’est décidé, « c’est là que nous ferons notre maison ! »
Tenaillés par la faim due à l’exercice et par l’envie de déguster les bonnes choses qui sont les nôtres, nous allumons un feu avant même de planter la tente. Les premières victuailles victimes de leur succès seront les épis de maïs, roulés dans le beurre et salés. Cet apport d’énergie nous permet de monter la tente. Et ensuite, c’est une soirée de gavage, de rires, de discussions qui arrive.
Après le foie gras sur pain grillé au feu de bois, figues et gros sel, arrosé de mousseux, les steaks au poivre et épices italiennes à la sauce marchande avec pomme de terres à la braise en robe des champs et vin rouge sont venus complétés le tableau gastronomique. Nous nous couchons donc tardivement, la peau du ventre bien tendue.

Le lendemain, je suis réveillée par des bruits de sacs plastiques bousculés. Les poubelles sont attaquées, sus à l’envahisseur. La bestiole, que je n’entraperçois qu’à peine, myope sans verre de contact que je suis au réveil, m’accueille avec toute la froideur de la matinée encore blême. Un masque noir me regarde au loin, et je n’en demande pas moins pour aller faire de mon côté ce que la nature appelle. De toute façon, il a sûrement déjà commencé son ouvrage alors à quoi bon ?
Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Ti’Namour, que j’avais rejoint au chaud finalement, de se lever après avoir entendu un nouveau cri. Et quelle n’a pas du être sa surprise de voir un faon au loin ? Lorsque je le rejoins finalement intriguée par ce son là, je me lève et le rejoins auprès du feu, où il me soulève dans ces bras pour me permettre d’apercevoir l’autre rive du lac intérieur et notre cerf de virginie aux abois.
Et notre fin de semaine ira ainsi de rencontres en découvertes. La veille déjà j’avais découvert les traces de sabots des cerfs et nous avions choisi de placer notre tente en retrait de la route que les empreintes formaient. Les pattes du raton se trouvaient en empreinte ce matin-là le long du chemin menant du lac intérieur à notre rivage. Les tamias rayés nous ont nargué toute la soirée et ils s’approchent déjà bien davantage puisque Ti’Namour m’avoue que quelques minutes avant que je ne me lève une seconde fois, deux d’entre eux étaient installés sur le tronc d’arbre qui borde notre tente, tentant presque de regarder via la moustiquaire.
La veille aussi j’avais subrepticement aperçu un héron cocoi si j’en crois les photos que j’ai trouvé sur Internet et ce matin-là, alors que Ti’Namour et moi observions le soleil paraître au-dessus de la futaie, nous avons eu le loisir d’entendre son chant.
Et nous n’avions pu résister la veille aussi à prendre la colonie de canards siffleurs qui passait à quelques encablures de notre plage, persuadés sans doute qu’elle était encore inhabitée ce soir-là.
Un peu plus tard cette journée-là nous rencontrerons une taupe, minuscule bestiole aveugle qui tentera de grimper sur un genoux de Ti’Namour, tandis que les 3 autres grands dadais que nous sommes s’extasieront sur tant de fragilité tout en se demandant comment un animal aussi bête avait pu survivre si longtemps.

Notre journée s’est donc déroulée paisiblement. Levés vers 7h sur un principe naturel de réveil échelonné, chacun à son rythme, nous déjeunons de tartines de pain grillé au feu de bois, de café et de jus de fruits. Quand notre 4ème larron sort enfin de la tente, nous attaquons les pommes de terres en rondelles et les saucisses puis partons explorer notre île.
Nous découvrons alors que ce que nous avions pris pour un lac intérieur n’est en fait qu’un bras du lac qui nous entoure. Nous décidons donc de partir en canot, faire le tour de l’île et revenir par ce bras-là. Et là, quelle découverte ! Non seulement notre île est un véritable réservoir faunique mais elle est immense.
En forme de croissant à vue d’eau , elle offre de nombreuses plages dans le genre de la nôtre et la plupart d’entre elles sont d’ailleurs occupées par d’autres naufragés volontaires.
Notre mission symbolique réussie, nous pataugeons sous le soleil qui frappe encore dans notre « lac intérieur », et savourons l’extase d’un temps qui défile sans prise mais sans retenue non plus.
Je repense alors aux joies que ces quelques heures nous ont déjà offertes. La joie d’être avec un ami que je n’avais plus revu depuis bien longtemps, le plaisir de rencontrer une fille très sympathique, les petits bonheurs simples d’avoir observé ratons, tamias, hérons, taupes, cerfs dans un habitat naturel, la beauté des paysages de ce coin de l’Outaouais qui me font prendre la pleine mesure de la beauté des grands espaces plus que toutes les brochures touristiques qu’on a pu me tendre…. Un stage au cœur de la nature du Québec, si j’étais restée plus longtemps, j’aurais sûrement nommé cette chronique ainsi !

Une petite sieste plus tard, et de grosses bourrasques plus tard, nous reprenons notre doux voyage gastronomique avec de la soupe de pois en boîte de conserve, « tradition maison depuis 1918 » dit l’étiquette. D. explique que le plus simple dans ce cas, c’est de mettre les « cans » non ouvertes directement dans le feu.
Quelques minutes plus tard, une détonation survient, une pluie de soupe aux pois brûlante s’abat sur nous, et sous le choc quelques secondes suivront avant que P. et moi ne quittions hilares les abords du feu pour le laisser sortir les 3 autres boîtes restantes. Ti’Namour sort encore tout endormi de la tente, réveillé par ce bruit incompréhensible et nous découvre couverts de soupe, riant aux éclats et lui tendant une soupe sur laquelle il lit, répondant à la remarque de D. « ils pourraient dire de ne pas mettre la boîte fermée dans le feu quand même » que sur l’étiquette il est stipulé de ne pas mettre la boîte fermée à plus de 155°. Nouveaux éclats de rire…. On se souviendra encore de cette aventure lorsque nous achèterons de nouveau cette soupe-là pour sûr !

Un autre moment de rire sera l’aventure de la partie de pêche de Ti’Namour. Nous avons trouvé une vieille canne à pêche pour pêcher à la mouche sur laquelle il restait encore de la ligne. En piochant dans ma trousse de premier secours une des épingles de sûreté, nous avons fabriqué un hameçon sur lequel mon homme a allègrement empalé une mouche (en nous détaillant bien le trajet de la pointe !) et le voila parti au creux des vagues pécher le poisson…. Les vagues sont à ce moment-là très fortes et D. qui revenait d’un trip en partant de notre lac intérieur et qui est plus expérimenté en canot que Ti’Namour a lutté quelques minutes en tournant sur place au large, avant de pouvoir rejoindre la côte et de faire avancer le canot à la main le long de la côte. Mais mon homme est intrépide et je l’attends pas très patiemment je dois dire….
Il nous revient finalement quelques minutes plus tard, en rogne après s’être battu contre les vagues qui ont gagnées et l’oblige à revenir en reculant et dépité de s’être fait voler sa seule mouche par un poisson local !

La soirée, rafraîchie par les bourrasques de vent, nous offrira d’autres moments aussi délicieux gustativement que dans les souvenirs qu’il en reste. Au risque de paraître sacrilèges, nous avons dégusté du fromage de chèvre sur pain grillé au feu de bois et cendres, un plat de patates en rondelles couvertes de camembert et cendres, des côtes de porcs et brochettes de légumes …. aux cendres ! Seules les bananes au chocolat échapperont à l’épice cendre mais c’est parce qu’elles furent englouties plus vite qu’il n’en faut pour dire « deux messieurs et deux mesdames sur un canot de bois ».

Finalement, ces deux jours de quiétude se terminent le lendemain matin, lundi fête du travail, après une nuit mouvementée du côté de nos hôtes à fourrure puisque nos bruyants petits amis suisses ont tenté de faire une rencontre avec le sel et le gros sel que nous avions. Visiblement, le sodium a gagné !
Nous nous levons donc plus tôt encore, 6h, pour paqueter les affaires, démonter la tente, laisser la place nette pour les suivants et nous embarquons pour la navigation de retour. Après notre dernier déjeuner des bois, il nous faudra presque 1h30 pour le voyage de retour, luttant contre les vagues et le vent encore présents ce matin-là.

Et devinez ce que nous avons fait en arrivant sur la terre ferme ? Je vous le donne en mille…. Ben oui exactement, manger ! On est un « ventre à pattes » ou on ne l’est pas 😉
Nous rentrerons tranquillement sur Montréal via Ottawa, retrouver la quiétude de nos foyers respectifs, la chaleur de notre chat et le plaisir d’une douche chaude, pas mécontents de retrouver la civilisation après 3 jours dans les bois !

Mon été se conclut donc aussi bien qu’il l’avait commencé, un boulot permanent de rêve en plus et quelques coupes de dollars en moins par contre ! Le bonheur n’a pas de prix, mais la location de deux canots et d’un mini van si !

Deux regrets dans ce tableau idylliques : les deux packs de bière que nous avons oublié sur l’île !!! Honte à nous !

« C’est là que nous ferons notre maison ! » de Flo et les Robinsons Suisses, interprétée par Claude Lombard, Johann David Wiss pour Nippon Animation

Pour ceux qui seraient curieux, les coordonnées que j’ai pu obtenir via Google Maps sont « 45.959504, -75.749016 », si ça peut vous aider 😉 Vous verrez par ailleurs, que vu de haut, elle ne ressemble plus vraiment à un croissant !

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