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mercredi , 24 avril 2024
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Salut la gang, Ben oui…

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Salut la gang,

Ben oui, c’est Nouwël dans deux jours. Pas encore commencé à faire mon magasinage des cadeaux, ça va vraiment mal à la shop. Je ne sais pas comment je vais me débrouiller mais je sais que j’aurai fait tout cela à temps pour le réveillon comme à chaque année : ça, c’est mon petit miracle à moi.

Bon, je pourrai bien vous parler de ce sentiment qui nous étripe le cœur d’immigrant à l’approche du réveillon du 24 décembre alors que nous sommes si loin de nos familles, têtus que nous avons été de suivre notre intuition et d’immigrer. Mais je ne le ferai pas. Parce que c’est quelque chose d’intime à chacun et que, tout compte fait, vous le savez très (ou trop) bien de quoi je parle à ce sujet. Inutile donc de retourner le couteau dans la plaie !

Non, j’ai simplement le goût dans cette dernière chronique de l’année de vous parler de quelques événements de mon quotidien de ces derniers jours. Rien de bien extraordinaire, simplement de petites tranches de vie au milieu d’une tempête de neige (vous savez de quoi je parle les montréalais !) et de l’esprit des fêtes dont je n’arrive définitivement pas à m’en imprégner l’esprit cette année et j’ignore pourquoi.

Vendredi soir dernier, je me rends au Cégep de Sherbrooke pour un party organisé en l’honneur de Colette, la secrétaire de notre service, qui prendra sa retraite le 23 décembre prochain après 35 ans de bons et loyaux services dans la communauté collégiale. L’ambiance est bon enfant, le sujet principal de conversation se joue farouchement entre les désagréments de la première tempête de la saison (avec les vérités philosophiques de rigueur : « ouais, l’hiver est ben arrivé ! » ou « c’est quelque chose quand même toute cette neige hein ! ») et les commentaires de chacun sur la campagne électorale fédérale (« y’es-tu assez niaiseux le Stephen Harper ! » ou « je te gage n’importe quoi qu’on va encore se retrouver avec un gouvernement libéral minoritaire …. »). Des amis de Colette nous offrent une surprise en ayant monté une présentation Power Point sur quelques événements marquants de la carrière de Colette. Bon, ça commence sur des photos prises au début des années 70 (j’ai beau chercher, je suis sur aucune des photos : bah oui, j’étais même pas né encore), puis dans les années 80 (je ne savais même pas que le Québec existait) et enfin les années 90 (où, enfin, je reconnais quelques visages de collègues qui travaillent encore au Cégep).

Bref, moi le jeune conseiller en orientation avec à peine deux ans d’ancienneté au Cégep, je faisais un peu tâche dans cette réunion de baby-boomers très sympathiques d’ailleurs. Et Colette ne m’en aurait certainement pas voulu d’avoir saisi l’opportunité (l’occasion fait le larron n’est-ce pas) pour discuter ici et là avec les quelques directeurs de l’établissement qui étaient présents : on réseaute, on réseaute …. Profiter de la célébration de la fin de carrière d’une personne pour travailler à ma propre carrière qui en est à ses débuts, le cycle de la vie !

Lundi matin, réunion avec mon coordonnateur à la francisation et une représentante du Ministère de l’Immigration et des Communautés Culturelles (MICC anciennement MRCI). L’objectif de cette rencontre est de déterminer, suite au départ du MICC de Sherbrooke après les coupures budgétaires (merci Mr Charest) d’il y a deux ans, comment le ministère peut revenir dans le coin. Car oui, finalement, il a décidé de revenir par ici. Considérant que le service de francisation s’occupe de tout les volets linguistique, professionnel et social des immigrants allophones s’installant à Sherbrooke, une telle réunion était pas mal nécessaire mettons. La madame du MICC annonce la couleur en partant : « ne vous inquiétez pas : on a pas l’intention d’arriver avec nos gros sabots pis de remettre en question tout ce que vous avez réussi à mettre en place depuis notre départ il y a deux ans ! ». Ça tombe bien : nous aussi. En fait, on s’en doutait que s’ils revenaient, ça serait en jouant profil bas. Mais on n’abuse pas de la situation, bien au contraire. Car ce qui nous préoccupe beaucoup ces derniers temps, c’est le soutien dans le volet social des immigrants que nous recevons au Cégep. Rappelons que c’est André Boisclair, l’actuel chef du Parti Québécois, qui a institué les services de francisation dans les cégeps alors qu’il était un tout jeune ministre de l’immigration il y a quelques années. L’objectif était de faciliter davantage l’intégration et l’adaptation des immigrants en leur faisant suivre les cours de francisation dans un environnement composé de québécois.

Bref, pour en revenir au volet social, nous nous inquiétons en effet du stress post-traumatique que vivent beaucoup d’immigrants une fois au Québec. On pourrait appeler cela le choc culturel ou la difficulté à s’adapter au pays hôte. L’aventure de l’immigration est un processus tellement complexe car elle fait interagir et surtout se confronter tant d’éléments qu’il est souvent difficile pour le pays hôte de proposer une structure d’accueil efficace mais surtout suffisamment proactive pour bien gérer le volet social. Parfois, il y a un peu cette pensée magique qui dirait que des cours de francisation combinés à un bon dossier professionnel (formation + expérience) et une formation aux techniques de recherche d’emploi constituent une bonne recette à donner à l’immigrant. Pour certains c’est vrai, pour d’autres non. Ce qui, en passant, n’a rien d’étonnant quand on propose une solution standardisée en réponse à une multitude de besoins qui eux, ne le sont pas standardisés.

Et il faut savoir lire entre les lignes. Exemple : s’inquiétant des indices de dépression chez beaucoup de ses étudiants en francisation, mon coordonnateur (psychologue clinicien avec spécialisation en intervention multiculturelle) s’assure qu’il peut référer ces personnes au CLSC pour qu’elles y reçoivent immédiatement l’accompagnement approprié. « Oui, bien sûr : dès qu’elles arrivent, elles sont soutenues » lui répond sans hésitation sa personne ressource du CLSC. En fait, il fallait comprendre : dès leur arrivée, un psychologue les reçoit, procède à une évaluation, pose son diagnostic et donne un rendez-vous à la personne dès que c’est possible …. soit plusieurs mois plus tard. Et la madame du MICC de répondre tout de suite (elle doit avoir l’habitude apparemment) : ne vous attendez pas qu’au Ministère on vous délivre une ressource en psychologie pour les immigrants. Pas de fond prévu pour « ça ». Et le service de psychologie du Cégep ? Oui, bien sûr, sauf que là, on rentre dans les tracasseries administratives : on mélange deux services (la psychologie et la francisation) et ça, les chefs de service et directeurs de l’établissement n’aiment pas ça qu’on mêle des enveloppes budgétaires. Et vous aurez compris qu’avant qu’une solution consensuelle soit trouvée, il y en aura eu des dépressions qui seront passées sous les ponts si je puis m’exprimer ainsi ! De peine et de misère, mon coordonnateur a réussi à s’assurer les services d’un organisme communautaire qui est en mesure d’offrir un soutien en psychologie à peu de frais ….

Mardi. Je reçois des nouvelles de mon meilleur ami, JC, qui vit en Nouvelle-Calédonie. Il va avoir un deuxième enfant en avril prochain, cool. Et monsieur va se marier avec la mère de ses enfants, re-cool. Le 31 décembre prochain (c’est dans dix jours ça !). Et il veut que je sois son témoin (DANS DIX JOURS !!!!). C’est le branle-bas de combat : trouver un billet d’avion pour me rendre à l’autre bout de la terre avec des dates de départ et de retour pas pires pour que je puisse respecter mes engagements professionnels actuels et à venir. La dernière fois que j’avais organisé un tel voyage, c’était il y a un an et j’avais eu six mois pour bien planifier mes affaires. Aujourd’hui, en prévoyant partir le 26 décembre, j’ai six jours (pourquoi j’ai la musique de Mission Impossible dans ma tête soudainement ?).
J’ai dû faire la moitié des agences de voyages de la ville dans cette journée (ce qui est complètement stupide vu qu’il n’existe pas des millions de façons de se rendre en Nouvelle-Calédonie depuis le Québec, entéka) et chacune me dit qu’elle va me rappeler dès qu’elle a du nouveau. À ce moment, mon cellulaire devient mon meilleur ami (traduction : il ne me quitte plus). À 17 :00, je réalise que l’examen final du cours que je donne à l’université est ce soir même dans deux heures (y’a des jours comme ça hein ….) ! Mais c’est pas ça le pire : le pire, c’est que cela signifie une cinquantaine de copies d’examen à corriger et autant de travaux de session avant que je parte …. Je crois que mon cerveau, pour raison stratégique de préservation de ma santé mentale, avait complètement annulé le souvenir de l’examen et des corrections dans mon esprit.

Six jours. Et je n’ai même pas encore commencé mon magasinage de Noël. Je ca-po-te.

Tout en surveillant d’un œil distrait mes étudiants en train de faire leur examen, j’examine et évalue sous toutes les coutures les différentes options que des agences de voyage m’ont proposé : Air France par Paris et Narita, Japan Airlines par les Etats-Unis et une nuit obligatoire à Tokyo, Air New Zealand par Frisco, les îles Fidji et Auckland. Je m’étonne presque de ne pas avoir vu la Nasa se manifester en me proposant un Québec – Nouvelle-Calédonie avec escale par la Mer de la Tranquillité sur la Lune. La tranquillité, je ne sais d’ailleurs même plus de quoi elle a l’air.

Mercredi matin. J’émerge d’un rêve bizarre où j’étais en apesanteur dans un Boeing 777 en provenance de la Lune …. Je reçois des nouvelles de JC. Finalement, le notaire et l’adjoint au maire l’ont obligé à reporter leur mariage car ils n’auront pas le temps de préparer les documents légaux pour le 31 décembre. Alléluia. Je louange la bureaucratie calédonienne. Mais aussi et surtout la future mariée car, apparemment, il semble qu’elle n’ait pas encore trouvé la robe de ses rêves. Mais JC me prévient qu’il va se marier en 2006 et qu’il faut que je sois là à ses épousailles. Moi, tout ce que je peux lire et comprendre, c’est que j’ai gagné quelques mois (enfin j’espère). J’appelle les agences de voyage pour tout annuler : ce n’est pas cette année que je dormirai une nuit à Tokyo. Par contre, c’est réellement une mer de tranquillité qui envahit mon esprit.

Mercredi après-midi. Mes deux derniers clients de la journée annulent leurs rencontres. Je me retrouve soudainement avec le reste de ma journée entièrement libre ! Je file au centre commercial et me perds corps et bien dans la masse de clients empêtrés dans leurs manteaux et les bras surchargés de cadeaux. Mentalement, je me livre à un exercice de jonglage dans ma tête pour me faire un itinéraire le plus efficace possible dans les différents magasins où j’ai des achats à faire. Rien à faire, ça ne marche pas : trop de monde, l’élément humain sera toujours cet impondérable inévitable dans toute équation.

Mercredi soir, enfin chez moi. Pas fini mon magasinage (trop écoeuré au bout de deux heures) mais c’est pas grave : il me reste trois jours. Enfin deux jours car demain je travaille toute la journée et je finirai tard. Finalement, un jour et demi car je passe une grande partie de ma journée de vendredi à Montréal. Je crois bien que j’aurai l’immense privilège de faire partie, encore cette année, des clients à la dernière minute le jour du réveillon !

Je m’affale sur mon divan, savourant par avance de la petite heure de pause que je me suis accordé par les pouvoirs que je me suis conféré à moi-même (avant de me lancer dans la correction d’examens). Au fait, on est mercredi aujourd’hui, non ? J’aurai pas une chronique à écrire ?
…………………….

De quoi je vais bien pouvoir parler ??!!! Décidément, ce Noël 2005 est vraiment bizarre !

Joyeux temps des fêtes et mes meilleurs vœux à toutes et tous !

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