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jeudi , 5 décembre 2024
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Vélo tout terrain ou plutôt vélo toute température !

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Mes yeux s’ouvrent. Le vrombissement de la souffleuse à neige du voisin trahisse la météo. Nul besoin d’ouvrir les rideaux, j’imagine déjà un épais manteau blanc enveloppant la rue de ma ville de la région du Saguenay-Lac-St-Jean. Mon imagination se concrétise à la vue des 15 cm de flocons neige déjà écroulés par terre et des futurs autres encore trop occupés à voltiger en l’air. Le vent souffle un air polaire, ainsi bien que le thermomètre se borne à indiquer – 20 degrés, les signes ne me trompe pas, aujourd’hui avec le facteur vent ce n’est pas -20 mais plutôt – 30 que je vais ressentir…

Avant de m’habiller, j’enfile mon déjeuner en me convaincant que mon chocolat chaud me servira de bouillote interne le temps de l’expédition polaire… Mais je sais très bien que je vais avoir frette !

Vous devez sûrement vous dire que ce français là est complètement malade de sortir à vélo sous cette température là…. les Québécois autour moi sont du même avis.
Bon fini de bavarder, je vais être en retard à la job. Les aiguilles de l’horloge indiquent déjà 7h45.

Étant donné que je n’ai que deux kilomètres à effectuer je ne mettrais pas ma combinaison de cosmonaute, mais simplement jeans, chandail en polar, mitaine et tuque. Ça y est je suis prêt. À peine la porte ouverte que déjà le vent glacial s’engouffre dans la maison.
Mon vélo est couvert de neige. Avec misère je détache le cadenas du vélo raidit par le froid. Eh oui avant de faire du vélo en hiver, je ne savais pas qu’un câble d’acier pouvait geler ! C’est cela aussi l’immigration : des découvertes anodines qui peuvent prendre tout leur sens dans certaines situations.

Bon c’est parti. J’enfourche mon vélo tout terrain. Pendant les premiers mètres, mon vélo zigzague dans la neige molle, mais rapidement je retrouve mon équilibre et m’organise pour rouler dans les traces de véhicules où la neige est tapée. Chaque freinage est anticipé plusieurs dizaines de mètres avant la nécessité de l’arrêt. Les plaques de glace sont à éviter.

À peine l’équilibre retrouvé qu’une côte rejoignant le viaduc enjambant la rivière. Petite Décharge suivi d’une deuxième côte bien plus longue m’attendent. Si elles seraient vivantes, sûrement qu’elles se raidiraient à mon arrivée histoire de se divertir.

D’ailleurs avant mon déménagement, tous les matins, l’attroupement d’enfant qui attendaient la bus scolaire gageait sur mes capacité à gravir la côte à vélo. À l’époque, mon vieux vélo équipé de pneus lissés par le temps ne me laissait guère le choix de poser pieds à terre après un patinage intempestifs sur l’asphalte recouvert d’une pellicule de neige compactée mêlée de glace.
Bref, après cette digression nostalgique, retour à la réalité, soit le franchissement du viaduc.
L’ascension débute. Mon poux s’accélère, l’air glacial s’engouffre précipitamment dans mes poumons encore en pleine torpeur matinale, Mes pneus accrochent encore à l’asphalte, mais demeurent sur le bord de déraper. Je dois éviter les blocs de neige compactée éparpillées sur le sol. En effet, pour ceux dont l’hiver québécois est encore une saison inconnue, sachez que la neige s’accumule entre les roues et les ailes des voitures, se compacte et à l’occasion tombe en bloc sur la route. Puis est écrasée ou tassées sur le bord.
Par chance la gratte (déneigeuse) à dégagé une première fois la route.
À l’approche sommitale, mon souffle dénonce l’effort impliqué, les battements de mon cœur résonnent dans tout mon corps, mes poumons me brûlent.
Mais cela met égal : j’ai vaincu la côte !
Juste pour alimenter votre imagination, sachez que l’été je l’a descend à vélo à 60 km/h tellement son pourcentage de pente et sa longueur sont élevés.

Il me reste 1,2 km. Maintenant, seul le vent mêlée à de la neige fouettant mon visage perturbe ma progression. Il est temps que j’arrive : mon jeans est gelé, mes oreilles et mes doigts réclament expressément de l’air chaud. Encore une fois, c’est au Québec que j’ai appris à quel point le froid peu brûler ! Lorsque le sang réhydrate les extrémités de nos membres « gelés », parfois l’intensité de la douleur est telle qu’elle nous invite juste à crier ou pleurer ! Et plusieurs heurs après les doigts demeurent encore sensibles . Alors l’hiver, couvrez vos doigts !

J’arrive dans le stationnement. Je débarque de ma monture. Je croise Justin qui lui sort de son auto sûrement équipée d’un démarreur à distance lui permettant de ce fait d’entrer dans une auto déjà chaude…
– Brrrrr il fait frette à matin ! s’exclame-t-il
– Ouais pas pire, je commençais à geler sur mon vélo répondis-je le visage empourpré.
– Seul un rire fort s’échappa de sa bouche.

En tout cas, une épopée matinale de ce type réveille tous mes sens. Il faudra bien une quinzaine de minutes pour que mon corps retrouve sa quiétude habituelle.

Et le soir rebelote, me revoilà sur mon engin à deux roues, cette fois ce ne sont plus les mollets qui travaillent, mais les doigts agissant sur le système de freinage. Et attention ça glisse….

Cette fois-ci je n’aurai pas subit la hargne des automobilistes envers les cyclistes. Vous trouvez peut-être ce qualificatif exagéré. Mais si vous seriez cycliste au Saguenay-Lac-Saint-Jean vous comprendriez. Ici le cycliste est une espèce nouvellement apparue, notamment depuis la création de la véloroute des Bleuet. Cette dernière fera l’objet d’une future chronique. En effet avant nous ne faisions pas partie du décor. Par conséquent. Il n’existait pas de pistes cyclables, les automobilistes n’étaient pas habitués à nous côtoyer. Alors que déjà le partage de la route avec les piétons la traverse était laborieux, l’arrivée des cyclistes comme un cheveu sur la soupe causa tout un émoi.

Résultats :
– je peux me faire klaxonner lorsque que je me mets dans la voie pour virer à gauche,
– on me coupe devant tout simplement parce que je suis sur la route,
– on me dépasse en me tassant le plus possible sur la droite,
– durant l’hiver, je me suis même fait klaxonné alors que je marchais au côté de mon vélo sur la chaîne de trottoir. Sûrement que la madame tenait à spécifier qu’elle me prenait pour un désaxé à tenter de faire du vélo l’hiver. Je me souviens encore de son regard incrédule qui s’interrogeait sur la véracité de ce qu’elle voyait.

Ici les villes sont organisées pour les voitures, il existe peu de pistes cyclables. L’hiver, le vélo est même interdit dans certaines municipalités.

Bon ! Vous ne croyez tout de même pas que ma chronique va se terminer sur une note morose ! Eh bien figurez-vous qu’après les tumultes de la semaine, une fin de semaine de ressourcement m’attend… Lorsque le soleil pointe le bout de son nez et nous inonde de ses plus beaux rayons, je saute sur ma bécane et direction la rivière…
Arrivée face à cette masse d’eau figée, je m’élance à toute allure pour rejoindre la Pointe aux Américains recouvertes d’épinettes (épicéas), d’érables à la noblesse foliaire perdue et de peupliers. À cet endroit, les pistes de raquettes tapées par la fréquence des marcheurs s’offrent à moi. Ici les voitures ne sont pas conviées. Les seuls dangers sont inertes : arbres, roches et neige accumulée n’attendent qu’une étourderie de ma part pour pouffer de rire. Au moindre dérapage dans la neige molle, ma roue avant se fige dans la profonde empreinte ainsi créée et me voilà qui bascule irrémédiablement par-dessus le volant (guidon). Mais ce risque a peu de poids face aux sensations incroyables de cheminer sur le duvet blanc, bercé par les murmures des flocons qui se compactent sous mes roues

Humm que de souvenirs … J’ai déjà hâte de recommencer ! Courage : le mois qui sert à rien s’achève dans 30 jours.

Vous pouvez suivre mes aventures sur vidéo :

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