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Le droit d’être citoyen

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Quiconque arrivé comme immigrant au Canada et a depuis obtenu la citoyenneté canadienne devrait partager le même avis que moi à ce sujet : l’examen de citoyenneté est une véritable triste plaisanterie.  

Inutile de se tenir le moindrement au courant de l’actualité dans ce qui est quand même son nouveau pays d’adoption et sa société d’accueil. Quelques jours avant l’examen, il suffisait de lire deux ou trois fois un guide de la citoyenneté dont la vision simpliste du Canada qui y était présentée participait sans aucun doute à faire de l’examen une plaisanterie qu’une réelle épreuve de maîtrise d’un fond minimum de connaissances sur le Canada. Tout cela faisait en sorte de faire du processus même de citoyenneté quelque chose qu’on achète littéralement – 200 dollars si je me rappelle bien et qu’on appelle pudiquement des frais de traitement – plutôt qu’un aboutissement pour lequel on a travaillé fort à obtenir.

On me répliquera : bien sûr, facile pour toi le chroniqueur de dire tout ça vu que l’as la citoyenneté. Et on aurait tout à fait raison de dire cela. Oui, je l’ai la citoyenneté et oui, extrêmement facile pour moi de me prononcer sur quelque chose qui ne m’affectera plus jamais. Mais c’est justement comme citoyen canadien que je revendique le droit d’exprimer mon opinion à ce sujet. Parce qu’après tout, on parle bien des personnes qui deviendront également citoyennes du Canada, là où je vis.

Depuis le 07 avril dernier, la plaisanterie n’a pas cessé mais elle est heureusement un peu moins triste. C’est une nouvelle qui semble être passée sans vraiment qu’on l’aperçoive (et pour cause : elle ne concerne directement qu’une partie de la population, c’est-à-dire les résidents permanents). Le gouvernement fédéral conservateur a en effet modifié le règlement régissant l’examen de citoyenneté pour le rendre plus difficile. Plus difficile ça veut dire quoi ? La nouvelle version de l’examen a pour objectif, sur papier, d’évaluer si l’aspirant citoyen a une meilleure compréhension de la société canadienne ainsi qu’une connaissance minimale de l’une des deux langues officielles, l’anglais ou le français. Ce sont par exemple des questions plus nuancées (ex : quelle est la différence entre le premier ministre fédéral et la reine ?) ou encore une note de passage plus élevée (de 60% à 75%). Pour certains, ces changements relèveront sûrement de l’exigence indûe. Pour d’autres – dont je fais partie – ils ne font que simplement rendre enfin formel ce qui relève de la pure évidence et des minimas requis d’une certaine idée de citoyenneté (comme une connaissance minimale de l’anglais ou du français …).

Ces changements ne règleront pas – et n’ont d’ailleurs pas cette ambition – les problèmes d’intégration des immigrants au Canada et sont encore loin de faire de l’examen un réel test de citoyenneté. Mais ils sont un premier pas dans cette direction. Car ils lancent enfin un message important aux immigrants : pour qui souhaite devenir citoyen canadien, il ne suffira plus de payer 200 dollars et de retenir des passages d’un guide qu’on aura oublié sitôt l’examen passé. Désormais, il y a une certaine implication qui sera demandée, c’est-à-dire un certain effort à s’intéresser – un peu plus qu’au-delà d’un examen – à cette société à qui on demande d’en devenir membre citoyen. Et c’est là un point très important : il n’y a aucune obligation à devenir citoyen canadien. Qui se plaint que l’examen soit trop difficile peut parfaitement rester résident permanent mais sans avoir, bien sûr, le droit de vote. Mais de toute façon, que pourrait en faire d’un droit de vote une personne qui ne connaît pas le premier ministre de sa province où elle y réside depuis trois ans ?

Cet examen nouvelle version – rentré en vigueur le 15 mars dernier – s’inscrit dans la continuité de la publication en novembre dernier du nouveau guide de la citoyenneté qui a connu une refonte majeur. En cela, je rejoins les propos de Jason Kenney, le ministre de la citoyenneté, de l’immigration et du multiculturalisme, lorsqu’il affirmait que cela permettrait de rehausser la valeur de la citoyenneté canadienne. Je ne suis pas vraiment un fan du Parti Conservateur du Canada, mais je ne pense pas avoir ce type de mauvaise foi qui rejette des décisions que je trouve pourtant appropriés simplement parce qu’elles ont été prises par un gouvernement dont je ne partage pas les orientations idéologiques et politiques. Même si elle n’est que purement symbolique, j’ai applaudi lorsque ce même gouvernement a déposé en 2006 sa fameuse motion de reconnaissance du Québec comme nation.

Il n’y avait aucun espoir de voir un quelconque resserrement de l’examen de citoyenneté tant que le Parti Libéral du Canada était au pouvoir à Ottawa. Pour la bonne et simple raison que les immigrants – et les communautés dites culturelles au sens large – ont historiquement constitué un bassin d’électeurs favorables à ce parti : ce dernier n’avait donc aucun intérêt politique à rendre plus difficile un examen dont la réussite permettait justement d’obtenir le droit de vote. À l’inverse, le Parti Conservateur du Canada – actuellement au pouvoir et donc responsable des modifications à l’examen de citoyenneté – n’est pas le parti le plus populaire auprès des immigrants, même s’il semble avoir sensiblement changé sa stratégie à leur endroit depuis quelques années.

Ainsi, on dirait plus précisément que cette décision de modification de l’examen n’est pas tant de nuire intentionnellement aux immigrants qu’une façon de contenter l’électorat traditionnel conservateur, à la fibre nationaliste très sensible. Car il y en aura sûrement pour penser que ce resserrement des critères de réussite à l’examen de citoyenneté ne peut être que nuisible aux immigrants. Ici, tout dépend comment on voit cela. Définitivement, j’ai une conception précise de la citoyenneté qui me fait demander si c’était réellement rendre service autant à l’immigrant qu’à la société d’accueil que de maintenir l’ancienne version de l’examen. Parce que l’exercice – si on peut l’appeler ainsi – était d’une simplicité telle que le candidat achetait plutôt que méritait sa citoyenneté.

Certes, ce n’est ni la réussite ni l’échec à un examen de citoyenneté qui peuvent présumer du succès ou non de l’intégration de l’immigrant. Et l’idée de citoyenneté ne peut évidemment pas se résumer à un examen. Toutefois, la simplicité de ce dernier ne rendait pas justice, quant à moi, à celles et ceux qui travaillaient sincèrement et activement à s’intégrer à leur société d’accueil en s’intéressant par exemple à l’actualité, aux institutions ou encore à l’histoire de leur société d’accueil.

Pour le dire autrement, l’examen de citoyenneté n’était pas vraiment le moment important marquant l’aboutissement d’une intégration citoyenne de trois années que simplement la fin d’une attente de 1095 jours pour avoir un passeport.

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