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Bonne Année 2005 ensoleillée de la Nouvelle-Calédonie !

Hé oui, comme vous le savez depuis ma dernière chronique, je suis de retour dans mon île natale pour quelques semaines de vacances, vous laissant – temporairement et sans aucun regret, oui je l’assume – le froid hivernal du Québec pour la moiteur de l’été tropical qui baigne actuellement le Pacifique Sud. Dans cette chronique, j’ai envie de vous parler de la perception qu’ont les néo-calédoniens, francophones océaniens, des québécois, francophones nord-américains. Enfin, perception le mot est grand : je ne me suis pas livré à l’une des ces études dignes des grandes maisons de sondage, bien au contraire. « Armé » de quelques questions de mon cru, j’ai tout bêtement interrogé famille, amis, amis de mes amis et même des inconnus (que ne ferai-je pas pour vous donner une chronique qui a de l’allure hein !). Nul n’étant prophète en son pays, j’ai trouvé le sujet intéressant, histoire de savoir comment des gens, à l’autre bout de la terre dans un environnement complètement différent de celui du Québec, pouvaient percevoir ce village d’irréductibles francophones résistant encore et toujours à l’envahisseur (anglophone, of course) ….

En apparence, aucun point commun ne semble exister entre le Québec et la Nouvelle-Calédonie : la distance les séparant (je laisse les passionnés du genre calculer le nombre exact de milliers de kilomètres d’océan pacifique et de terre entre ces deux contrées) constituant, dès le départ, un argument dissuasif en soi pour se livrer à tout exercice comparatif. En lien avec le point précédent, notons aussi les différences de climat : quatre saisons bien distinctes au Québec contre littéralement deux saisons en Calédonie (un « hiver » qui ferait rigoler ou rêver – rayer la mention inutile – tout québécois avec des températures oscillant en effet entre 12 et 16° Celsius au plus froid et un été moite mais splendide avec cependant son cortège de cyclones tropicaux en janvier-février).

Cependant, en y regardant de plus près, on finit par déceler, ici et là, quelques similarités qui valent la peine de s’y arrêter. En premier lieu, le partage de la même langue officielle soit le français, réminiscence formidable de la présence de la France à un moment ou à un autre dans l’histoire de ces deux contrées. Ainsi, si le Québec n’est plus un territoire français depuis une secousse, la Nouvelle-Calédonie fait toujours partie de la république française à titre aujourd’hui de POM (pays d’outre-mer possédant son propre gouvernement bien que les pouvoirs régaliens – monnaie, défense, diplomatie, etc – soient toujours du ressort de la Métropole). Par ailleurs, le Québec comme la Calédonie ont constitué, au début, d’excellents endroits pour exiler ces parias ou rebuts de la société que la douce France ne voulait plus chez elle …. Sur le plan généalogique, n’ai-je d’ailleurs pas trouvé des Fontaine, Allaire, Tremblay ou encore Pelletier dans le bottin téléphonique calédonien ? Bon, je rêve probablement en couleur d’imaginer une famille aux ramifications dans le monde entier mais je trouve l’idée fascinante et ça me suffit. Dans la même veine, et là je m’adresse à nos amis forumistes maghrébins, j’ai pris soin de relever aussi des Kaddour et des Aïfa (pour ne citer que ces noms).

Autre ressemblance intéressante : à l’instar du Québec, la Calédonie voit depuis plusieurs années sa vie politique s’organiser autour du thème de l’indépendance. A la différence cependant que ce ne sont pas les calédoniens descendants de bagnards ou de colons qui souhaitent l’indépendance comme les québécois mais essentiellement les autochtones, c’est-à-dire les mélanésiens (peuple de l’Océanie comme les polynésiens ou les aborigènes) : un peu comme si c’étaient les Premières Nations qui avaient initié le mouvement indépendantiste au Québec et fondé le PQ par exemple. Toutefois, j’aime à rappeler que si la Calédonie se réveillait indépendante demain, elle ne se retrouvait pas vraiment dans les vingt premières puissances économiques au monde comme cela serait le cas du Québec par exemple …. (les loyalistes, c’est-à-dire ceux désireux de garder la Calédonie au sein de la France, brandissent régulièrement le spectre d’une possible rétrogradation économique, sociale et même culturelle à l’instar du Vanuatu – anciennement Nouvelles-Hébrides – depuis que ce dernier est devenu indépendant).

Autre point commun, plus positif sur le plan économique et très d’actualité : le nickel. Ce minerai, qui rentre dans la composition de plusieurs produits de consommation courante comme les pièces de monnaie par exemple, fait de la Calédonie le 3ème ou le 4ème producteur au monde (derrière la Russie et le Canada notamment). Cela a finit, un jour, par attirer l’attention très intéressée de deux des plus grandes compagnies au monde du secteur, soit Inco et FalconBridge ….. Deux entreprises canadiennes. Le calédonien entend alors beaucoup parler du Canada ces dernières années : d’ailleurs, Philippe Gomès, ministre dans l’actuel gouvernement calédonien, a rencontré Jean Charest il y a quelques mois (petite anecdote à ce sujet : des photos ont été publiés de cette rencontre dans le journal local et les gens d’ici se demandaient qui était le gars à côté de Gomès, hilarant). En outre, l’OPT (l’office des postes et télécommunications, l’équivalent calédonien de Bell Canada) annonçait fièrement la semaine dernière la signature d’une entente avec Rogers Wireless, permettant ainsi tant aux abonnés calédoniens que canadiens de pouvoir utiliser librement leurs cellulaires qu’ils soient en Calédonie ou au Canada. Enfin, il existe une association, l’Alliance Champlain, fondée en Calédonie par un québécois désireux de promouvoir encore et toujours les beautés et subtilités de la langue de Molière et qui considérait y trouver dans l’île un terrain fertile en ce sens.

Bref, oubliés les milliers de kilomètres entre la Calédonie et le Canada et ravivons la fraternité quelque peu assoupie des « cousins » francophones ! Maintenant que le contexte a été (brièvement) placé, qu’en pensent-ils justement ces fameux calédoniens du Québec à proprement parler? Premier constat : chers québécoises et québécois, remerciez du fond du cœur Céline Dion et même dans une certaine mesure, Joe Dassin ! En effet, le calédonien associe systématiquement le Québec à Céline Dion : « et alors, tu l’as déjà vu pour de vrai la Céline ? », « quand tu rentreras, dis-lui que ça serait sympa qu’elle fasse en tour en Calédonie un jour, ça serait très apprécié …. », « les filles ressemblent toutes à Céline au Québec ? », « ha le Québec ! C’est le pays de Céline ça ! » (notez au passage le choix du mot « pays », bon okay je me tais). Concernant l’ami Joe, il est bien évidemment fait référence à l’été indien de sa chanson : je suis resté assez surpris du nombre de calédoniens désireux très profondément d’aller au Québec pour y contempler ce fameux été indien, la douceur de sa température dans le flamboiement de ses couleurs automnales. Transition climatique, qui me permet d’ailleurs d’introduire mon second constat : l’hiver, le froid, la neige, tout ça ensemble ! « c’est quoi le plus froid que tu as connu ? », « vous allez travailler même quand il fait en-dessous de zéro ? », « ha le Québec, t’es malade de vivre là-bas avec le froid qu’il fait …. », « en fait, c’est comme dans mon congélateur en un peu plus froid, c’est tout …. » (je l’aime pas pire celle-là !). En clair, le calédonien ne comprend pas qu’on puisse vivre dans un pays pareil, même si, au préalable, il aura tenté l’effort très louable de justement comprendre son « cousin » québécois. Troisième constat qui m’a le plus touché : l’accent. Evidemment, après six ans au Québec, j’ai fini par l’pogner l’accint québécois, tsé veut dire ? Et bien sûr, famille et amis ne cessent de me le faire remarquer : cela fait rire certains (« tu parles comme Céline ! » vous aurez remarqué qu’elle n’est jamais loin la Dion ….), d’autres essaient de m’imiter mais toutes et tous le trouvent charmant (ils le trouvent « chantant »). Philosophe comme nous le sommes sur le forum concernant ce sujet, je leur répond que nous avons tous un accent dans ce merveilleux monde de la francophonie …. Réponse que les calédoniens ne saisissent pas (« comment ça on a un accent ? Mais y’a juste toi Eddy qui a un accent ! ») en dépit de toutes les influences francophones auxquelles ils sont exposés (français de métropole, tahitiens, wallisiens, réunionnais, etc).

Au-delà de ces quelques constatations, les calédoniens ne savent que très peu de choses du Québec : durant mon séjour ici, je leur rappelle souvent que je vis au Québec et non au Canada et ils ne comprennent ce que je veux réellement dire seulement que lorsque je fais la comparaison entre la Calédonie et la France (« lorsque vous voyagez, vous avez un passeport français, mais vous considérez-vous français ou calédonien au fond de vous ? »). Attention, loin de moi l’idée de raviver une polémique de la Calédonie au sein de la république : mon but est simplement de souligner l’idée que si le Québec n’est pas la France en Amérique du Nord, la Calédonie n’est pas non plus la France dans le Pacifique (au sens juridique oui mais pas au sens culturel du terme). Même les stéréotypes habituels sur le Québec n’ont pas cours ici (les coureurs des bois, les amérindiens, la cabane en bois rond, etc) d’après ce que j’ai pu voir : en Calédonie, on sait que le Québec existe tout là-haut (mais alors vraiment tout là-haut hein) ; on sait que ça parle français (Céliiiiine), et que bord de mer (pour éviter de dire bordel de merde), ça doit cailler et qu’ils sont intéressés par notre nickel, point à la ligne. Après tout, pratiquement personne ne connaît la Nouvelle-Calédonie au Québec, non plus. Mais à la décharge des québécois, je reconnais sans peine ni honte que le Québec est infiniment plus connu que la Calédonie dans le monde (et on n’oublie pas de dire merci à Céline au passage) ?
Ceci dit, beaucoup de personnes que j’ai rencontré ou revu se sont montrées très intéressées à quitter le Calédonie pour immigrer au Québec : « comment ça marche les procédures d’immigration ? », « ça parle français dans le reste du Canada en-dehors du Québec ? » (celle-là, elle est pour toi Jimmy), « c’est comment le niveau de vie à Montréal ? » – et ça ne manque pas, je vous laisse deviner – « et Céline, y’a une chance de la croiser dans la rue ? » Pourquoi ? Le partage de la même langue pour commencer bien évidemment, cela rendant l’intégration plus aisée (ou cela fait un souci en moins à gérer, dépendamment du point de vue sur lequel on se place). Mais il y a surtout la recherche de grands espaces et un besoin très fort de diversité culturelle. La chose étant en effet que la Calédonie, petit écrin de paradis dans le pacifique certes, n’en reste pas moins une île de seulement 22 500 km? avec 220 000 habitants …. Nouméa, la principale ville calédonienne est aussi grande que Sherbrooke ! Conclusion : on en fait très vite le tour et à moins d’être un passionné obsessionnel de sports nautiques, l’ennui pointe rapidement le bout de son nez. J’ai d’ailleurs rencontré deux couples de calédoniens qui ont obtenu leurs visas de résidence permanente et qui arriveront à Montréal au printemps prochain. Très lucides sur les différentes réalités du projet qu’ils vont entamer, il n’en reste pas moins qu’ils frémissent de joie à l’idée tout simplement de prendre leur voiture et pouvoir ainsi changer de province et même de pays ; ou encore de pouvoir camper sans nécessairement tomber sur des gens qu’ils connaissent (et bien évidemment, des gens qu’ils n’ont pas nécessairement envie de voir : quand on a pas de bol, on l’a pas jusqu’au bout). Tout est dit ….

Bref, après cette analyse hautement non scientifique, et par les pouvoirs que m’a conféré Laurence et Laurent, il me semble acquis que le Canada et le Québec en particulier bénéficient d’un bon capital de sympathie de la part du calédonien moyen. Ces derniers lui inspirant en effet la sérénité, une bonne qualité de vie, les grands espaces et la nature en particulier qui est d’ailleurs un élément très important pour le calédonien. Je ne puis enfin passer sous silence la réputation des canadiens qui sont perçus (et pas seulement qu’en Calédonie d’ailleurs) comme des personnes affables, pacifiques et tolérantes ; ce dernier point se trouvant d’ailleurs grandement confirmé, toujours selon le calédonien, dans la position de la diplomatie canadienne concernant le conflit en Irak. Position à laquelle les calédoniens se sont montrés d’autant plus sensibles et réceptifs dans la mesure où la grande puissance économique du coin – l’Australie qui est à peine à 2000 kms à l’est – a clairement exprimé son indéfectible soutien aux Etats-Unis, grande puissance économique tout court.

Peut-être est-ce cela que j’ai recherché et qui m’a séduit inconsciemment au Québec et chez les québécois : ce sentiment de différence. Sur le ton de la rigolade, je dis souvent qu’il faut protéger les calédoniens car avec 220 000 têtes de pipe à tout casser, ça en fait quasiment une espèce à protéger. Tout comme les québécois. Je ne fais pas allusion au communautarisme, simplement au rêve de protéger toutes ces merveilleuses mélodies que la symphonie de la francophonie a été capable de produire jusqu’à aujourd’hui.

Allez, encore une fois, bonne et très heureuse année à toutes et tous et une pensée affectueuse pour nos frères et sœurs victimes du tsunami en Asie du Sud-Est.

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