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mardi , 3 décembre 2024
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Une tartiflette raconte…

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Une tartiflette raconte….

Pour les non-Français qui l’ignoreraient encore, la tartiflette, spécialité savoyarde, est un délicieux gratin de patates, de fromage reblochon, d’oignons et de lardons – et pourquoi pas un peu de crème avec ça. C’est ce nom que les Savoyards du forum ont emprunté pour leurs célèbres élucubrations de la section Lounge. J’ai l’honneur d’être la quasi-voisine de l’une de ces Tartiflettes, et la flemme m’envahissant, j’ai décidé de prendre une sabbatique de chronique cette semaine…. alors c’est (roulement de tambour) Manmanbis qui prend la relève. Je m’incline humblement devant cette Reine du Magasinage à qui le Roi et moi devrons probablement céder notre trône. En quelques semaines de vie gatinoise, Manmanbis maîtrise tout ce qui est relié à la Consommation Nord-Américaine et s’est approprié notre devise : Shop ‘til you drop. (Magasinez jusqu’à ce que vous tombiez). Je ne sais pas s’il est prudent de s’avancer à faire des prédictions sur les chances de succès d’une immigration, tant de facteurs pouvant entrer en jeu. Mais je vous assure : Manmanbis est l’une des nôtres, c’est flagrant. Manmanbis se fond au paysage. Jamais ne l’ai-je vu faire cette mine mi-renfrognée, mi-larguée, mi-moqueuse que j’ai vue sur d’autres touristes ou immigrants (dont je ne mentionnerai pas la nationalité d’origine, dis-je avec un gros clin d’oeil). Manmanbis est d’un flegme imperturbable, et ce, malgré les pépins qu’elle a la discrétion et la dignité (!) de ne pas mentionner mais qui aurait fait hurler une JayJay et bien d’autres, croyez-moi.

Comment expliqué-je cela? Mal! Manmanbis a quitté, selon ma propre opinion, la plus belle région de France, la Haute-Savoie. Pourquoi venir au Québec?, lui demandé-je, incrédule.
Pour la quête, pour l’aventure, pour le renouveau, peut-être. Le fait est que son projet repose sur des années de préparation mentale. Sans nécessairement avoir parcouru le territoire québécois de la rivière des Outaouais jusqu’à Kuujjuaq, Manmanbis a réfléchi longuement et dans tous les sens à cette immigration, et a beaucoup discuté (parce qu’une Manmanbis, ça discute beaucoup, n’est-ce pas….) avec des Québécois. Le choc culturel, s’il y a choc, a été progressivement vécu, de sorte qu’elle arrive ici, à l’instar de mon mari par exemple, déjà rompue aux mœurs québécoises.
Mais ne suis-je pas en sabbatique, moi, cette semaine? Allez, je me tais. Laissez la tartiflette raconter!…

Manmanbis :
« JayJay ne trouvant pas l’inspiration pour écrire cette chronique, nous sommes parties dans un délire et je me retrouve à vous rédiger ces lignes. Puisque j’ai carte blanche, je vais vous parler de mon ressenti en tant que nouvelle immigrante depuis un mois.
Pour commencer, je voudrais dire que l’accueil a toujours été formidable partout où je suis allée. Les gens sont gentils, serviables et toujours prêts à vous aider quand vous les questionnez gentiment. Et des questions, j’en ai beaucoup! Bienvenue sur la Planète Québec!

Icitte, il faut faire table rase de ses habitudes et tout réapprendre : comment « barrer » une porte, fermer une fenêtre, tirer une chasse d’eau, ouvrir un robinet, faire le plein d’essence…. Bref, la vie de tous les jours est un parcours du combattant, mais on prend vite de nouveaux repères. Une règle d’or : garder le sourire!

Le summum…. c’est acheter des objets. Je comprends mieux pourquoi le magasinage est un sport national. Icitte, aucun magasin n’est réellement spécialisé : ce sont des spécialistes-généralistes. Je m’explique : chaque enseigne est en fait un mélange de cinq à dix enseignes. Aussi, les plaquettes de freins côtoient les luminaires qui sont placés face aux rideaux de douche et les plantes vertes regardent les rollers en ligne. En plus, question prix, c’est la valse des étiquettes d’un magasin à l’autre. Il vaut mieux tous les faire avant d’acheter sous peine de le regretter très longtemps. Il est conseillé de visiter chaque rayon pour savoir ce qu’on y vend et à quel prix. Forcément, ça prend du temps et les amis s’en donnent à cœur joie pour me chicaner.

Les amis, justement, parlons-en. Depuis mon arrivée, je fais de belles rencontres. Parfois aussi surprenantes qu’inattendues (merci Chris!). Je ne pensais pas élargir mon cercle amical aussi rapidement. Le fait est que les rencontres se font simplement, même au détour d’un rayon (ben oui, je passe mon temps à magasiner quand je ne bosse pas!) et cela se termine autour d’un café. Ils sont Québécois ou Français, mais tous sont adorables et me permettent d’apprendre beaucoup. On se refile nos bons tuyaux et on s’enrichit au contact de l’autre.

Mais le plus important, c’est que toutes ces expériences, bonnes ou mauvaises, m’ont fait prendre conscience d’un certain nombre de choses. J’ai réalisé qu’ici, je ne subis pas de pression sociale comme en France. Personne ne te dévisagera de la tête aux pieds comme en France. Je me sens beaucoup plus libre d’avancer. Puis je commence à perdre cet espèce de sentiment d’infériorité avec lequel je suis arrivée : je suis une immigrante et une Française. Certes, je suis Française, et c’est une touche d’exotisme dans le regard des gens. Pourtant, c’est moins visible que je ne le croyais. Je pensais être estampillée « française » de la tête aux pieds (par mes fringues, mon vocabulaire, mes goûts….) mais on me prend pour une Suisse!

En fait, j’ai découvert cette impression d’être en accord avec moi-même. J’ai pris conscience de ma différence, de l’importance de ma culture, de mes racines, de ma famille, de mes goûts, de ma personnalité et que tous ces éléments forment un tout unique : moi!

Il aura fallu partir à 6 000 kilomètres pour comprendre qui je suis et d’où je viens. C’est aussi ça, la magie de l’immigration et je crois que ce nouveau départ se fait sur de bonnes bases. »

– Manmanbis

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Écrit par
JayJay

Née sur la Côte-Nord québécoise et Montréalaise dans son coeur, JayJay a immigré en France en 1997 pour des raisons professionnelles mais surtout par amour pour un Français. Après un mariage et la naissance de deux petits franco-canadiens en 2000 et 2003, la petite famille a quitté Paris pour s'installer au Québec.

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