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Le Québec, l’avenir de la culture francophone ?

Ce ne sont pas les trois Césars que vient de recevoir Denys Arcand qui me contrediront, la culture québécoise rayonne de plus en plus, que cela soit au pays, comme à l’étranger. Ne pourrait-on pas dire d’ailleurs qu’elle rayonne progressivement sur toute la francophonie ?

Vous trouvez que j’exagère ? Peut-être. Mais force est de constater que le mouvement s’amplifie depuis déjà plusieurs années.

Remettons-nous dans un contexte qui rappelle bien que tout n’est pas toujours évident. Le Québec, ses 7,5 millions d’habitants dont un peu plus de 6 millions de francophones, entourés par un Océan anglophone culturellement hostile de 300 millions d’individus. Pourquoi hostile ? Tout simplement parce que le Québec se situe aux portes même de la source culturelle actuellement dominante : les États-Unis, et qu’il serait si facile pour cette goutte d’eau démographique de succomber au « prêt à penser » culturel de son voisin du Sud.

Or, plutôt que d’assimiler l’apport culturel états-unien, comme sont si enclins à le faire les Européens même s’ils s’en défendent, le Québec a choisi, de facto, de garder sa spécificité culturelle. Plus encore, les Québécois font évoluer cette spécificité, n’hésitant pas à la recréer, à la transformer, comme on pourrait améliorer un produit.

Ceci n’empêchant pas le Québec d’emprunter de temps à autre le meilleur de la culture états-unienne, l’améliorant et lui mettant cette touche si locale qui fait tout son charme.

Voyons par exemple ce génial Antoine Gratton, auteur et compositeur d’un magnifique premier album intitulé « Montréal Motel », et qui adapte des sonorités des années 70 très utilisées aux États-Unis à cette époque. Sauf que, ça sonne bien le Québec et que cela donne une réelle originalité à ce disque.

Peut-être connaîtra-t-il un succès international ? Peut-être pas…. Mais beaucoup de ses compatriotes lui ont montré le chemin.

Ainsi les artistes Québécois, représentant une nation plus petite en nombre que la seule région parisienne, enfoncent l’antre culturel français, comme un couteau une motte de beurre.

Pourquoi d’ailleurs est-ce si facile ? Pourquoi donc les francophones européens vont chercher leurs idoles de l’autre côté de l’Atlantique alors qu’il existe bien plus d’artistes de leur côté de l’Océan ?

Qu’ont de plus Lynda Lemay, le Cirque du Soleil, Denys Arcand, Robert Lepage et d’autres Marie Laberge ? Qu’apportent-ils de plus que n’ont pas les artistes Européens ?

Ils apportent ce que beaucoup d’artistes Européens ont abandonné ou même snobé. Les chansons à textes, par exemple, qui devenaient « désuettes » aux yeux des compagnies de disques, mais aussi également aux yeux des auteurs, un comble ! D’un autre côté, le rap états-unien était récupéré autant dans le rythme que dans le langage, par des groupes français créant du bruit à partir de la musique des autres, ponctué d’onomatopées violentes, voire même haineuses.

Sinon, pas d’issues possibles : le monde de la variété staracadémisée vous tendait les bras. Variété sans âme ni profondeur, où l’apparence surpasse le talent et où des chanteuses comme Lorie, même avec une voix médiocre, vend des disques. Chose impensable ici au Québec, où l’on écoute les disques des chanteurs avant de penser à aller les voir en salle ou à la télévision. Reste aussi quelques timides groupes indépendants et de bons compositeurs dans le domaine de la musique électronique comme Daft-Punk et Laurent Garnier. Mais pas de quoi en tirer de grandes gloires.

Et même dans le domaine de la variété, les artistes Québécois et Canadiens francophones brillent de plus en plus en France : Isabelle Boulay, Natasha St-Pier et Andrée Watters qui commence doucement à se faire une place. Leur voix s’impose face à leurs compétiteurs européens. Ces derniers sauvent les apparences de justesse grâce à Pascal Obispo et à Jean-Jacques Goldman qui donnent les textes à certains de ces envahisseurs venus du froid.

Dans le domaine de la chanson donc, l’époque où Félix Leclerc et Robert Charlebois faisaient timidement parler d’eux sur les scènes parisiennes est révolue. Les artistes Canadiens francophones ne se contentent plus de faire de la figuration, ils remportent des prix, des décorations, des distinctions. Et plus que tout, ils vendent beaucoup de disques et remplissent beaucoup de salles !

Que dire du cinéma québécois ? Ce fabuleux terreau de talent, qui nous émeus, qui nous surprend, qui nous émerveille ou qui nous distrait.

Même Luc Besson il y a quelques années, admiratif devant le scénario de la « Turbulence des fluides », décide de co-produire ce film aussitôt. Passons rapidement sur « les Invasions Barbares », car on en a beaucoup parlé, mais voilà déjà arriver en Europe « La Grande Séduction », superbe film où règne une contagieuse drôlerie.

Le cinéma inventif, ou ré-inventif…. avec « Québec-Montréal » par exemple, voici le « road-movie » moderne avec ses textes superbes et une brillante interprétation.

L’industrie du film au Québec n’a pas beaucoup de moyens financiers comparé au cinéma français, mais dispose d’une force indéniable : Montréal est une des principales villes de production canadienne qu’utilisent le plus les producteurs États-uniens après Vancouver. D’où, une maîtrise technique parfaite, et des outils de production uniques.

Hors du cinéma, les télé-séries québécoises font parfois chavirer. La merveilleuse série « La vie, la vie » par exemple, diffusée en Europe par TV5, étincelait par sa créativité, autant dans les prises de vues que dans les dialogues. Sans aucun doute l’une des meilleures séries télévisées qui m’est été donné de voir.

Bref, ce que l’on sent d’abord, c’est un monde artistique québécois en véritable ébullition qui n’hésite pas à aller de l’avant et à surprendre en se moquant des tendances.

Cette activité débordante a deux principales causes. La première est que les Québécois n’ont pas de préjugés par rapport au domaine artistique. Là où des parents Français diront à leur enfant « c’est bien beau la musique, mais passe ton bac d’abord ! », les parents Québécois favoriseront l’estime de soi et encourageront leur enfant à s’épanouir dans le domaine qu’il aime vraiment.

La deuxième raison, maintes fois évoquée par des acteurs de l’industrie culturelle d’ici, c’est la volonté presque épidermique de garantir la survie d’une culture francophone en Amérique du Nord. Et pour cela, pas beaucoup de choix possibles : il faut se battre et se démarquer.

Et même si ce démarquage était au premier abord limité au continent, il se révèle qu’en plus de se défendre, la culture québécoise entre dans une phase de conquête à l’image de ce qui se passe en ce moment même en Europe.

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Écrit par
Petit-Prince

Mais qui est donc Petit-Prince ? Après s’être évanouit dans le désert sous les yeux médusés de l’aviateur en perdition, le revoilà au pays du froid et du sirop d’érable. Jean-Philippe Rousseau, de son vrai nom, est un Normand pur jus (dans le sens qu’il a souvent baigné dans le Calva). Malgré tout, il ne s’est pas contenté de sa douce campagne normande et a parcouru la France de long en large, avant d’échouer à Paris en 1995… C’est un passionné. Un passionné d’idées, de débat et de joutes verbales, qui l’a conduit à s’engager activement en politique le jour même de ses 18 ans. Il l’a fait en tant que responsable associatif bénévole et enfin en tant qu’assistant de sénateur durant presque quatre années. Mais ne vous méprenez pas ! Loin d’être un " politicard ", c’est un anticonformiste né. Il revendique haut et fort son statut de disciple de la génération des " Hussards ", cette " gang " d’écrivains français des années 50-60, en tête desquels on retrouvait Antoine Blondin, Roger Nimier, Michel Déon et un certain Marcel Aymé. Dans le même esprit, il se délecte des citations de l’inénarrable Michel Audiard, qu’il considère comme le plus grand dialoguiste français. Passez lui le film " Les Tonton Flingueurs " et ca sera l’extase suprême devant le jeu d’acteur de Lino Ventura et autres Bernard Blier. Autre passion : l’écriture. Et il écrit comme il parle, c’est-à-dire beaucoup ! Sur l’air de " j’aurai voulu être un artiste ", lui aurait voulu être journaliste. Au lycée, il lance un modeste journal satirique et sitôt entré à l’université, il fonde un journal étudiant où il peut assouvir sa passion sans retenue (ou presque). Mais toutes ces expériences palpitantes ne l’empêchent pas de sentir de plus en plus monter en lui, une certaine amertume. Comme le disait Charles Péguy au début du siècle dernier : " Mon pays me fait mal " et Jean-Philippe s’en détourne en découvrant le Québec à travers Internet en 1998. Mais c’est lors de son premier grand séjour dans la Belle Province, durant l’été 2000, qu’il tombe définitivement " en amour ". Trois visites touristiques plus tard, le voilà qu’il pose définitivement ses bagages à Montréal le 30 septembre 2001, juste avant d’avoir ses 28 ans. À côté d’un emploi administratif dans une grande compagnie montréalaise, il occupe ses temps libres à concevoir des sites Internet afin de progressivement se mettre à son compte. Ce petit Français reste émerveillé devant l’espace d’initiative et de créativité que lui offre le Québec. Il se sent tellement bien dans son nouvel environnement, que même si son sang reste français, son cœur est déjà profondément québécois. Il ne lui manque plus que d’avoir la retransmission du Tournoi des six nations de rugby, ainsi que la possibilité d’acheter de vrais croissants à côté de chez lui pour se sentir comme au Paradis. Mais tout vient à point à qui sait attendre, n’est-ce pas ? Site perso : La grenouille givrée… Baptisé « le parrain des blogistes immigrés » par le Courrier international à l’automne 2006

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