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Le français ça s’apprend, l’anglais ça s’attappe!

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Le français ça s’apprend, l’anglais ça s’attappe!

pieralinea
11-09 à 8:31

Cela fait maintenant 14 mois que je suis au Québec et je me suis reconnue Jay-Jay dans ta description de la nouvelle immigrante qui se pose des questions « déontologiques » sur le bien-fondé de la loi 101 (lire sa dernière chronique). Je dis déontologique, car pour moi la démocratie est la base de tout.

Mon 1er jugement (avant mon arrivée): c’est une loi anti-démocratique! Même si l’objectif est louable, on ne peut pas imposer par une loi une telle chose! Je ne comprenais pas…

2ème étape (qq semaines après mon arrivée): il faut que je comprenne, que je lise sur le sujet, il doit y avoir d’autres moyens… mais je ne comprenais tjrs pas.

Aujourdhui, à la lecture de ton texte, après 12 mois d’enseignement en lycée français en milieu minoritaire (Ottawa), après un stage de formation de 2 semaines avec 60 autres enseignants passionnés, enseignants en milieu minoritaire francophone dans le reste du Canada (et 100 fois plus minoritaires que moi à Ottawa: Labrador, Territoire du Nord Ouest, Nouveau-Brunswick, Alberta, Saskatchewan…), j’ai compris.
J’ai compris que les francophones du Canada n’avaient pas le choix. Que face au géant américain, face à la marée anglophone canadienne, la langue française, mais aussi la culture francophone, pour survivre, devait lutter. Même si les moyens choisis par ses défenseurs, au Québec ou dans le ROC sont différents

Et je crois que ce qui m’a fait comprendre, en plus de mes lectures, ce sont qq anecdotes et réactions. En voici, parmi tant d’autres 3 exemples qui je pense rassureront aussi les parents francophones, nouveaux inmmigrants au Québec, et qui veulent que leurs enfants soient bilingues:

Le premier, c’est la mère, anglophone, d’un de mes élèves de 4 ans, qui me l’a donné: Duncan, son fils est arrivé en septembre 03 à l’école sans comprendre ni parler un mot de français. La famille Lemieux est complètement anglicisée, elle compte sur l’école pour apprendre le français ses enfants et réintroduire de la culture francophone dans la famille, ce que ces ancêtres n’ont su garder. On est en janvier 2004, Duncan, après un départ difficile, commence à communiquer en français, la mère s’inquiète, je lui demande comment elle équilibre les communications entre les 2 langues à la maison, soucieuse que je suis de respecter sa langue anglaise maternelle. Et c’est de madame Lemieux, une anglophone, que j’entends pour la 1ère fois: « Ici, le français ça s’apprend, l’anglais ça s’attrappe! »

Le 2ème, c’est encore une mère d’élève, française (de France) cette fois, qui en juin dernier, me dit que, après un an de vie au Canada à Gatineau, alors que ses filles 4, 7 et 8 ans étaient en classe en français, qu’à la maison la seule langue parlée était le français, les filles sont aujourd’hui capables de communiquer en anglais avec leurs amis anglophones… Seule l’aînée, en 3ème année, avait 2 fois 45mn d’anglais par semaine. Elles ont « attrappé » l’anglais dans la cour de récréation, pendant leurs camps de sport aux vacances de février, aux goûters d’anniversaires chez des amis…

Le dernier, le plus récent, c’est celui d’une collègue du Nouveau-Brunswick rencontrée cet été à Québec lors de ce stage  » Enseigner en milieu minoritaire francophone au Canada ». Alors que nous profitions ensemble des joies du festival d’été et des musées de la ville, elle s’extasiait et récupérait en permanence tous les écrits en français (livres bien sûr, mais aussi dépliants des musées, pub, tickets de bus, menus…) pour s’en servir comme support de lecture et de culture pour ses élèves à la rentrée prochaine. Elle n’avait rien en Français dans sa ville.
Et c’était la même chose pour les 58 autres enseignants du stage qu »ils soient de Hay-River TNO, de St Paul Alberta ou de Labrador city (nous n’étions que 2 d’Ottawa, ayant donc accès facilement à la culture francophone du Québec).

Quel dommage que je n’ai plus 4 ans, moi qui voudrait perfectionner mon anglais!

———————–

grahamnach
11-09 à 12:35

bonjour ,
je voudrai te poser qlq question a propos ton corsus , e, fait je parle u nom de mon epouse qui est instit matérnelle , pour le bolo est si facile de trouver dans l’enseignement ou bien faut il passe encore des examens ou suivre une annee de cours , veut tu bein stp nous renseigner plus sur les demarches a faire ou bien ou faut il se renseigner pour l’enseignement

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isseo17
11-09 à 13:54

Hello! euh! pardon! Bonjour Pierralinea!

Brillante analyse! Je m’étais déjà un peu fait cette idée là! Pour les Québecois, la défense du français n’est pas accessoire, mais vitale!

Pourtant, mes enfants devant fréquenter une école québecoise, et donc recevoir un enseignement en français, penses-tu qu’eux aussi apprendront l’anglais aussi facilement?

J’avoue que c’est un peu un de nos espoirs! Ce serait très sympa, s’ils devenaient rapidement bilingues.

En attendant, je te remercie pour ton récit et te souhaite bon courage.

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pieralinea
11-09 à 18:37

Ravie que cela vous ait plu. Si cela peut servir… mais c’est la chronique de Jay-Jay qui m’a poussée à formaliser. Merci donc Jay-Jay!

Isseo 17,
Ce que je relate se passe dans un milieu ou l’anglais est présent bien-sûr. Je pense que cela ne doit pas être très diffèrent à Montréal (très multi-ethnique) et dans les grandes villes du Québec. Dans les villages, je ne sais pas. Il serait intéressant d’avoir l’expérience de parents installés en région. Il y en a????

Pour Gatineau, l’expérience prouve qu’un jeune francophone qui a fait toute sa scolarité jusqu’à la fin du secondaire en français, qui a suivi les cours réguliers d’anglais offerts à partir de la 3ème année, peut choisir et réussir des études universitaires indifféremment en français ou en anglais.

Grahammach,
Pour obtenir un permis d’enseigner au Québec (qui permet d’enseigner en prématernelle et en primaire), il y a 3 étapes:
-faire faire l’équivalence de ses diplômes par le MICC (Ministère des Relations avec les Citoyens et de l’Immigration). Tu trouveras le dossier à télécharger sur leur site web. Grosso modo, ils te demandent de prouver par les relevés de notes et l’intitulé très détaillé des cours que tu as suivis (didactique et pédagogie), que tu as eu la même formation que les enseignants québécois (baccalauréat en éducation québécois = 3 années universitaires = licence en éducation en France = ??? pour la Belgique?).
-passer un test de français (pas si facile, il faut réviser !!!) par la Téluq (téléuniversité, qui a aussi un site web avec un exemple de test pour s’entraîner).
-si tu as obtenu l’équivalence et réussi le test, le MICC transmet ton dossier au Ministère de l’éducation du Québec qui statuera sur la délivrance du permis d’enseigner.

———————–

stadak
11-09 à 19:54

Au Québec, si on juge qu’un enfant n’est pas suffisament à l’aise en anglais pour affronter le monde, on peut très bien attendre qu’il soit rendu au cégep pour lui faire fréquenter un collège anglophone.

Je trouve que c’est la combinaison idéale. L’ensemble des études primaires et secondaires en français, pour mettre en place une base solide, puis deux ans en anglais juste avant le dernier droit vers le Grand monde, pour être à niveau.

Je suis particulièrement au fait de ce qui se passe au cégep St. Lawrence à Québec, que je considère être un exemple parfait. Les étudiants francophones de Québec y entrent pour plusieurs 100 % francophones et en ressortent toujours 100 % francophones, mais bilingues en bonus !

À 17-18 ans, ces jeunes adultes ont encore une grande facilité d’apprentissage des langues, sans avoir subis le risque d’apprendre le français encore plus mal que ce n’est le cas en ce moment dans les écoles secondaires.

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JayJay
11-09 à 21:35

Tes exemples viennent à point, Aline! Merci de nous les relater ainsi!

Moi j’ai grandi en région plutôt exclusivement francophone, fin des études secondaires à Montréal dans une école secondaire privée européenne/française, cégep en français et j’ai fait deux années de mon bac en anglais sans aucun problème. Je comprenais tout, j’étais juste un peu gênée de m’exprimer en public (mais en français c’était pareil) et en quelques mois je m’étais complètement dégourdie. À noter qu’il est possible de rendre ses travaux en français même dans une université anglophone (au Québec). Les profs sont très indulgents – ils vont focaliser sur la capaciter d’exprimer une idée et non pas sur les fautes éventuelles, s’ils savent que ce n’est pas votre langue maternelle.

Cela dit, je rappelle qu’en Outaouais et dans la région de la capitale nationale, il y a une forte proportion d' »anciens » francophones qui, à trop vouloir étudier en anglais, ont complètement perdu leur langue maternelle. Beware.

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pieralinea
11-09 à 22:05

Oui Jay-Jay, c’est le cas de la famille Lemieux dont je donnais l’exemple.

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JayJay
12-09 à 11:55

Z’avais bien compris mais j’ai l’impression que c’est pas le cas de tout le monde! En dehors d’ici, j’ai pas mal de gens qui me disent que c’est donc dommage de ne pas connaître l’anglais… J’ai l’impression qu’il y en a qui ont pas compris que c’est pas grave non plus de ne parler que français…

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pieralinea
12-09 à 15:37

Si tu veux Julie, je peux en rajouter un p’tit peu pour ceux pour qui je n’aurais pas été assez claire. Et quand je dis rajouter, je n’invente pas, c’est la triste réalité:

Mon mari est prof en CEGEP (préuniversitaire) à Gatineau (Québec donc), il me dit que le pb le plus important pour ses étudiants en difficulté, c’est la langue: beaucoup d’entre eux disent ne pas le comprendre (il est québécois), et quand il leur reproche de ne pas rédiger dans un français correct et compréhensible leurs travaux, ils ne s’aperçoivent même pas qu’ils ont utilisé de l’anglais.

C’est effectivement un problème encore plus crucial en Outaouais, région frontalière de l’Ontario, quand je me promène dans les centres d’achats, il est plus fréquent de croiser des groupes de jeunes qui jasent en anglais qu’en français. Le pb n’est pas qu’ils parlent anglais, mais qu’ils perdent leur français et ne s’en rendent pas compte.

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