Au Québec, on est Charlie aussi!
Montréal, vendredi 9 janvier, 9h du matin
On a beau avoir quitté la France depuis des années, on ne peut que se sentir concerné par les évènements actuels déplorables dans notre pays natal. La vague d’émotion internationale suscitée par la tuerie ayant eu lieu à Paris chez « Charlie hebdo » se ressent jusque dans la métropole québécoise.
Pour répondre à l’onde de choc provoquée par la tuerie au siège du journal Charlie Hebdo, à Paris, de nombreux rassemblements se sont organisés spontanément en hommage aux victimes. En France, évidemment, mais aussi au Québec, où la communauté française est considérable.
Un «rassemblement de soutien aux victimes de Charlie Hebdo à Montréal» comprenant de nombreux expatriés français a eu lieu sur l’avenue McGill College, au centre-ville de Montréal, où se trouve le Consulat général de France. Une page Facebook a même été créée en cet honneur pour mobiliser un maximum de personnes. Un tel rassemblement a été autorisé par la police de Montréal et nombreux ce sont unis pour apporter leur soutien aux familles des victimes et à la France. Malgré un froid glacial et une température ressentie de -35, ils étaient près de 2500 personnes, français et québécois, le 8 janvier 2014 devant le Consulat de France, à Montréal pour défendre la liberté de la presse. Un touchant hommage; les uns agitaient en l’air les mots «Je suis Charlie» – le slogan repris partout dans le monde en signe de solidarité -, les autres brandissaient un crayon, symbole du travail qu’effectuaient pour Charlie Hebdo les cinq dessinateurs tués mercredi matin.
Denis Coderre, Maire de Montréal, a souhaité apporter son soutien à la communauté française du Canada, et a prononcé un discours de rassemblement. « Aujourd’hui, nous sommes tous Français, nous sommes tous Charlie. » a-t-il affirmé. Le Consul général, Bruno Clerc, a également exprimé sa solidarité avec le peuple français : « Nous avons été touchés au cœur, et le cœur de la France, c’est la liberté. »
Par ailleurs, le drapeau de l’édifice a été mis en berne «pour exprimer notre indignation et offrir nos sympathies», a ajouté le Maire lors d’un point de presse mercredi après-midi, qualifiant la tuerie d’«acte ignoble, barbare, où l’on s’est attaqué à ce que l’on a de plus précieux: notre liberté». Sur la devanture de l’hôtel de ville, une énorme banderole sur laquelle on pouvait lire «Je suis Charlie» a été installée. Elle devrait y rester pour les trois prochains jours.
Il en est de même dans la ville de Québec, ou plus de 300 personnes se sont rassemblées en silence devant le Consulat général de France à Québec afin d’exprimer leur indignation devant une telle «atteinte à la liberté d’expression». Nicolas Chibaeff, Consul Général de France à Québec, suit étroitement ce qui se passe et attend les instructions de Paris. Pour celles et ceux qui souhaitent faire parvenir des messages électroniques de soutien aux victimes de l’attentat perpétré contre la rédaction de Charlie Hebdo, une adresse a été créée : jesuischarlie.quebec-montreal@consulfrance-montreal.org. Un registre de condoléances a également été ouvert les jeudi 8 et vendredi 9 janvier au Consulat général de France situé 25 rue Saint-Louis à Québec.
L’ex-président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Brian Myles, qualifie l’attentat contre Charlie Hebdo d’«attaque contre la liberté de presse qui est sans précédent». «Il faut combattre les mots par des mots, et non par les armes», incite l’ex-président de la FPJQ. Le métier de journaliste peut être dangereux. «Mais je ne pensais pas qu’on puisse faire une attaque aussi sordide», regrette Brian Myles. Il ne craint pas pour les journalistes du Québec, puisque la «réalité sociale» n’est pas la même.
Enfin, comme le souligne si bien Cyrille Giraud, co-organisateur avec Mélanie Pinto et Raphaël Paul Émile du rassemblement « Je suis Charlie » à la place Émilie-Gamelin de Montréal, l’ignorance et l’aveuglement fanatique sont le terreau de cette violence. Nous devons tous tenir fermement nos stylos, plumes et claviers entre nos mains, mais aussi, et surtout, et dans celles de nos enfants. Professionnels ou amateurs, je vous engage à faire comme moi aujourdhui, écrivez et partagez vos idées pour que la liberté d’expression persiste dans le monde.
Votre correspondante franco-québécoise dédiée – Parce que je suis Charlie moi aussi
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