Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, comme plusieurs régions du Québec, se retrouve au cœur du débat sur l’immigration. Trois organisations régionales – l’Union des préfets du Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord et Promotion Saguenay – sonnent l’alarme face aux restrictions imposées par le gouvernement et demandent des ajustements adaptés aux réalités locales.
Elles comparaîtront mardi devant la Commission des relations avec les citoyens de l’Assemblée nationale du Québec pour défendre une position claire : sans une politique d’immigration plus flexible et mieux adaptée, les régions risquent d’être doublement pénalisées – économiquement et socialement.
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Une région en quête de stabilité économique
Dans une région où le taux de chômage plafonne à seulement 4,3 % – bien en deçà de la moyenne provinciale (5,7 %) –, la rareté de main-d’œuvre est plus qu’un enjeu conjoncturel : elle menace directement la capacité des entreprises à maintenir leur rythme de production et à croître.
Selon un sondage mené au printemps dernier, 81 % des entreprises locales embauchent déjà des travailleurs étrangers temporaires (TET) pour combler leurs besoins. Ces travailleurs ne sont pas seulement perçus comme une main-d’œuvre de substitution, mais comme des acteurs clés qui s’intègrent dans les communautés, apprennent le français et contribuent à la vitalité démographique d’une région confrontée au vieillissement de sa population.
« Nous perdons non seulement une main-d’œuvre essentielle, mais aussi des citoyens qui contribuent activement à la vitalité de nos communautés », a souligné Louis Ouellet, préfet de la MRC Lac-Saint-Jean-Est et président de l’Union des préfets.
Le poids des nouvelles règles provinciales
Le message de ces organismes régionaux intervient alors que Québec a resserré ses règles en matière de TET. Depuis septembre, un moratoire touche plusieurs secteurs à bas salaire dans les régions où le taux de chômage dépasse 6 %. Même si le Saguenay–Lac-Saint-Jean est en deçà de ce seuil, les entreprises locales s’inquiètent des effets indirects de ces restrictions.
De plus, le gouvernement Legault a réduit ses seuils d’immigration permanente pour 2025, passant d’un maximum de 60 000 admissions prévues à environ 45 000, en invoquant la nécessité de protéger le français et de mieux intégrer les nouveaux arrivants. Cette décision a été accueillie favorablement par certains groupes, mais elle provoque une onde de choc dans les régions qui comptent sur l’immigration pour pallier la pénurie de main-d’œuvre.
À l’Assemblée nationale, la Commission des relations avec les citoyens examine actuellement le Plan d’immigration du Québec 2026-2029, un exercice de consultation où les débats sont vifs. Les régions, de leur côté, craignent d’être les oubliées de ce virage restrictif.
Un appel à l’équité régionale
Pour Sandra Rossignol, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord, la solution passe par un rééquilibrage :
« En plus d’un moratoire sur les travailleurs étrangers temporaires, nous demandons que le gouvernement du Québec s’assure que le Saguenay–Lac-Saint-Jean reçoive une part juste et proportionnelle des admissions d’immigrants permanents et temporaires, en adaptant les seuils et critères aux besoins spécifiques de la région et de ses secteurs en pénurie »
En clair, les acteurs économiques régionaux refusent que les règles soient uniformes pour tout le Québec. Ils plaident pour une « immigration sur mesure », où les réalités démographiques, linguistiques et économiques des régions seraient mieux prises en compte.
Une bataille qui s’annonce longue
Ce plaidoyer régional illustre la fracture croissante entre le discours provincial, centré sur la protection du français et la réduction du volume d’immigrants, et la réalité économique vécue en dehors de Montréal. Si le gouvernement campe sur ses positions, les régions pourraient se retrouver privées d’un levier essentiel à leur dynamisme.
Source : Radio-Canada



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