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Ça aura pris 7 ans et demi…

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De Hawaiienne 54

Ça aura pris 7 ans et demi…

Ça aura pris 7 ans et demi pour que nous trouvions notre équilibre. Quand tout est enfin en place, après des années d’adaptation, de galère, de choix, de découvertes et d’enrichissement permanent !

Fin juillet 2008 nous sommes arrivés au Québec avec 3 enfants, 1 chien, 5 valises et tout à reconstruire.

Mon mari pilote d’avion, a commencé immédiatement sa conversion de license de pilote dans une école puis il a fait une formation d’instructeur pilote. Il a dû également cumuler les ptites jobs (décharger des camions au « canadian tire » et faire des beignes au « Tim Hortons ») afin de nous aider à survivre. En janvier 2011, il a décroché une job de pilote dans une compagnie d’ambulance aérienne sur un jet. Un travail qui l’a passionné et qui nous a permis enfin de mettre fin à notre précarité financière.

De mon côté j’ai travaillé comme préposée aux bénéficiaires pendant un an, afin de me faire une expérience québécoise, dans le privé puis dans le public. Après cette année je suis retournée sur les bancs d’école et j’ai obtenu après 8 mois, la certification d’infirmière auxiliaire dans le cadre d’un programme d’actualisation en soins infirmiers. Puis j’ai cumulé une job au CSSS (hôpital) et une job en compagnie privée pour faire les bilans de santé à domicile pour les assurances. Cette année 2010 nous avons vécu en dessous du seuil de pauvreté et n’avions plus d’économies. Le stress a commencé à s’installer et notre moral à flancher.

En 2011 j’ai dû quitter mon travail à l’hôpital afin d’adapter mes horaires à mes enfants (puisque mon conjoint était sur appel dans sa nouvelle job d’ambulance, 24h sur 24h). Je faisais les bilans de santé pour les assurances, j’ai aussi été promeneuse de chiens et j’ai commencé une formation d’instructeur de premiers soins et réanimation afin d’enseigner. J’ai été rapidement engagée dans un centre de formation pour donner des cours, avec un statut de travailleur autonome. Par la suite j’ai fait une formation de premier répondant (et bien sûr, tout cela est payant à chaque fois), j’ai investi dans du matériel de cours et j’ai commencé à enseigner en santé et sécurité au travail. (CSST)

Au travers tout cela, j’ai été pendant deux ans « marraine d’allaitement » et nous sommes depuis notre arrivée « parents secours ».
En 2011 nous avons pu sortir de la précarité et acheter une maison. Nous avions toujours du mal à « boucler la boucle » financièrement.

En 2012, nous avons donné beaucoup de notre temps, et j’ai mis ma vie professionnelle et familiale un peu entre parenthèse, afin d’accompagner un enfant dans son combat contre le cancer. L’issue si tragique a été très difficile à vivre pour nous 5 en septembre 2012…

Mon conjoint parcourait le monde et s’éclatait dans sa job, moi je m’adaptais. J’aimais enseigner mais le contact au patient commençait à me manquer. Je me sentais « sacrifiée » et je me lançais avec passion dans l’enseignement. J’y ai appris l’autonomie, la débrouillardise et la confiance en moi.

Au printemps 2013, nous avons dû faire face de nouveau à la maladie… Ma maman de l’autre côté de l’océan souffrait d’une leucémie aiguë. Le monde s’est alors écroulé. À mon retour d’un voyage en France en urgence, j’ai écris ma première nouvelle : « j’ai oublié ma brosse à dents », et gagné un concours au printemps 2014… L’idée d’écrire un livre sur notre immigration a commencé à faire son chemin.

Affronter la maladie, un mari souvent absent, 3 emplois, 3 enfants, 2 chiens… En septembre 2013 j’ai commencé à flancher. Une espèce de « burnout ». Je pleurais sans cesse et ne supportais plus les absences de mon chéri. Afin de préserver notre équilibre familial il a donc décidé de quitter sa compagnie passionnante pour aller voler dans une compagnie privée. Une totale désillusion pour un travail, certes plus payant, mais qui ne lui a pas convenu du tout. Il est retourné à l’ambulance aérienne après quelques mois (et quand mon moral fut revenu, avec l’état de santé de maman qui s’améliorait).

En 7 ans et demi nous avons pris de nombreuses décisions, parfois bonnes, parfois non. Mais nous nous sommes adaptés à nos besoins du moment au fur et à mesure. Nous avons ainsi décidé de ne pas accepter un travail de pilote chez « air Canada » car nous avions beaucoup de dettes et le salaire était si bas. Nous avons pris peur. Et nous avons tellement regretté ce choix là…
En 2012 des accords ont été signés pour les infirmières françaises et j’ai ouvert à dossier à l’ordre des infirmières du Québec. Désillusion totale… Il me fallait encore retourner aux études et passer l’examen de l’ordre. Quelle tristesse pour moi que de réaliser, qu’après 7 ans de maman au foyer en France, mon diplôme avait perdu sa valeur au Québec (mais pas en France !!!!). Avec la job de pilote de mon conjoint et 3 enfants, il était impossible pour moi de retrouver aux études pour l’instant… Je me sentais encore « sacrifiée ».
Nous avions notre routine : j’enseignais en CSST (santé et sécurité au travail), Bruno adorait son travail de pilote à l’ambulance. Mais il nous manquait cette citoyenneté canadienne que nous voulions tant. Ceux qui ont suivis nos aventures savent que nous avons subit un contrôle d’immigration Canada et que notre dossier a été bloqué longtemps…

En juin 2014, j’ai commencé à écrire sur notre immigration. Le livre « De l’autre côté » (Gwendoline Duchaine, Edilivre) a été publié en France en mai 2015.

À travers tout cela nos enfants ont cheminé et nous avons l’immense chance d’avoir un réseau social et amical tres développé (notamment grâce à la musique Québécoise). Nous sommes entourés, tres entourés et c’est si important.
Je ne sais pas où j’ai trouvé le temps et la force de m’investir dans une fondation qui accompagne les jeunes adultes qui souffrent de cancer, et de faire également du bénévolat pour Leucan (association qui aide les enfants malades).
Parfois, je regarde ces 7 années et demi et je me trouve folle !

2015 fut une année très positive avec l’acquisition de notre citoyenneté Canadienne, la publication du livre, une promotion au poste d’adjoint au chef pilote pour Bruno, la rémission de maman…

Une ombre au tableau m’a alors frappé en pleine face. La réception d’une mise en demeure concernant mon livre, me rappelant avec violence le mode de fonctionnement Nord-Américain et sa facilité à porter plainte plutôt que de s’asseoir autour d’une table et de parler. Pendant plusieurs semaines j’ai subit harcèlement, méchanceté et manipulation. Je me sentais fragile et heureusement je fut très très entourée…

En juin 2015 mon frère est venu nous présenter ma nièce, née un an plus tôt et jamais rencontrée (les billets d’avion étant trop chers…). Entourée de ma famille, de mes parents, de mon frère et de mes amis, j’ai balayé le négatif et rebondi, j’ai adapté mon livre qui fut de nouveau disponible en juin 2015, « épuré » d’un souvenir doux mais douloureux.

A la fin de l’été 2015, Bruno a appris qu’il était engagé comme pilote chez « air transat » ! La job de ses rêves ! Finalement, on dit que rien n’arrive pour rien : nous avions toujours regretté d’avoir refusé le poste chez « air Canada » et il décroche « air transat » contre toute attente ! Il a intégré la compagnie à l’automne 2015 avec tous les avantages que cela comporte et des billets d’avion pour toute la famille (une véritable aubaine pour des expatriés !!!)

Moi aussi je vais enfin pouvoir voyager !!!!

Sauf qu’entrer dans une grande compagnie comme cela vient avec deux aspects négatifs : il est basé à Toronto (pas question de déménager !) et le salaire chute…

Depuis septembre 2015, je cherche donc quotidiennement une job, plus régulière, plus fiable, que ma job de travailleur autonome en CSST. Mais trouver un travail de jour, comme infirmière auxiliaire, c’est très difficile. Je regarde toutes les annonces sur tous les sites d’emplois. Je travaille avec une association de soutien aux immigrants en Montérégie « L’envol ». Je révise mon CV. J’applique sur de nombreux postes mais je ne décroche aucune entrevue. J’aime enseigner mais je commence à m’ennuyer un peu, le contact au patient me manque et surtout, je veux un horaire régulier. En changeant de centre de formation, j’obtiens plus de cours et les finances remontent. J’ai le rêve d’aller enseigner en soins infirmiers, mais il faut que je retourne aux études et avec la nouvelle job de pilote chez air transat c’est impossible pour le moment. Décidément je me sens encore sacrifiée… Aurai-je la chance moi aussi, de m’épanouir dans un travail passionnant un jour ? Tout en conciliant ma vie de famille sans culpabiliser ???

Et bien oui ! C’est arrivé !!! L’annonce. Le CV envoyé. L’appel pour une entrevue dans une structure magnifique. Le téléphone qui sonne enfin. J’ai décroché la job de mes rêves !!!! Après 7 ans et demi au Canada !

Je travaille comme infirmière dans une clinique de suivis de grossesse et pédiatrie, je suis responsable surtout de la clinique sans rendez-vous (urgences) et je travaille donc chaque jour avec des enfants malades, j’accompagne des parents et je vois pleins de bébés ! Une job où je peux concilier mon autonomie, le travail en équipe et l’accompagnement des petits patients ! Je me sens totalement À MA PLACE. Les locaux sont neufs, le personnel passionné et je m’épanouis complètement ! Je n’ai pas l’impression d’aller travailler et ça, c’est la première fois de ma vie que ça m’arrive !!!!!

Il y a quelques semaines j’ai également décroché un poste de reporter rédactrice (bénévole) pour un magazine musical, conciliant ainsi ma passion pour l’écriture et celle pour la musique : je vais voir des shows avec un photographe et je fais des articles !

Je suis également régulièrement publiée dans le journal LaPresse pour des articles.

Et je continue à assister à nombreux concerts fringants avec mes amis !

Je peux donc vous dire aujourdhui, qu’après 7 ans et demi, nous avons trouvé notre équilibre parfait, nous avons tous les deux des jobs passionnantes qui nous correspondent, des vies qui nous plaisent, un lien familial fort avec nos enfants : nous formons une équipe, plus soudée que jamais. Je suis très fière et heureuse de ce parcours incroyable.

Il faut persévérer, continuer de croire, s’accrocher à ses rêves même s’ils sont fous ! Parce qu’un jour, tout se place ! Ça aura pris 7 ans et demi mais tout est en place !

Merci à tous d’avoir été là et de suivre nos aventures, vous avez beaucoup plus d’importance que vous ne le pensez. Vous êtes un moteur !

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%s commentaire

  • Salut les Bilou, je suivais votre parcours depuis 2012, vous avez fait parti de mes soutiens pour persévérer dans les démarches d’immigration et je n’ai plus eu de nouvelles, j’avoue que j’étais inquiet mais maintenant je suis rassuré. Peut-être à l’occasion pourrons-nous nous rencontrer, de mon côté ce sera avec grand plaisir.
    Bonne année à vous cinq, Pierre88

  • Centre Éducatif

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