Voilà, c’est de nouveau la rentrée…Que le temps passe vite. J’attaque ma huitième rentrée des classes mais cette année c’est à reculons que je l’attaque. J’aurais aimé trouver un autre travail, mais cela ne s’est pas fait… Serait-ce mon passé de professeur qui inquiète les futurs employeurs ? A un entretien, on m’a demandé si je n’allais pas m’ennuyer dans ce nouveau travail, pourquoi voulais-je changer ? Oui, j’aimerais totalement changer, je rêve de travailler avec des adultes, dans un bureau, me sentir plus femme, ouvrir mon esprit sur d’autres horizons, d’autres problèmes et d’autres challenges. « Pourquoi voulez-vous changer ? »
« Pourquoi ? », oui, là est la question…
Bien souvent les gens pensent qu’être prof est un bon boulot, t’es bien payé, t’as les vacances de Noël, les vacances d’été, tu travailles avec des enfants…Pourquoi se plaindre…Ce que ces personnes ne savent peut-être pas c’est qu’être professeur dans une école publique est bien différent qu’être professeur dans une école privée, comme les écoles « M » au Canada.
Les écoles M poussent comme des champignons à Toronto. Mais attention, elles sont loin d’être toutes bonnes…Beaucoup de personnes dès leurs diplômes en poche ouvrent tout de suite une école sans avoir expérimenté d’autres écoles, sans avoir été elles-mêmes professeur M dans une classe. Du coup, elles ne savent pas gérer leurs écoles. Elles pensent plus aux revenus qu’aux enfants. Ce qui va contre la pensée de la fondatrice de cette école « M.M », les enfants étant sa priorité. Mais ce n’est pas de la fondatrice dont je veux vous parler aujourd’hui, c’est de ces écoles…Toutes ces écoles qui se font appeler M, mais qui n’ont dans leurs emplois-du-temps qu’une heure d’activités M. Il faut rester éloigné de ces écoles. Autant aller dans une garderie normale, si ce n’est qu’une heure d’activité M.
Si vous visitez ces écoles, surtout les petites écoles, je parle ici des écoles de moins de 60 enfants. Vous vous apercevrez très vite de la vaste diversité des professeurs. Nous sommes de partout, Inde, Pakistan, Sri Lanka, Iran, France, Philippines, Estonie…Et réaliserez qu’il y a peu de Canadiens. J’entends par là, Canadiens nés au Canada. Puisqu’au fond nous sommes toutes Canadiennes par adoption. Non, ces petites écoles n’emploient que peu de Canadiens. Pourquoi ?
Parce que dés notre arrivée au Canada, il nous fallait trouver du travail. Pour avoir une expérience de travail au Canada. Parce qu’elles étaient professeur dans leurs pays d’origine et qu’elles ne voulaient pas repasser par l’école pour devenir professeur dans le public due à l’inscription qui était trop chère. Alors que s’inscrire au cours M l’était moins, je pense à une école en particulier, dont il m’est impossible de citer le nom, mais qui permet de travailler en même temps que d’apprendre. Malheureusement, ce diplôme ne permet pas d’accéder aux plus grandes écoles M de Toronto qui n’acceptent que le diplôme International. Ce sont ces écoles qui embauchent les « vrais » Canadiens. Et ce sont ces écoles qui permettent d’avoir un revenu satisfaisant.
Du coup nous sommes obligées de chercher dans les petites écoles qui poussent un peu partout. Votre salaire varie d’une école à l’autre, j’ai commencé à 8$ de l’heure pour finir à 16$ de l’heure. Certaines écoles vont jusqu’à 20$ de l’heure, mais où sont elles ?
Nombre de ces écoles n’offrent absolument pas de couverture sociale, ici appelée les « Bénéfices ». N’espérez pas non plus avoir des jours de maladies payés. En travaillant avec des enfants, vous serez à un moment ou un autre malade. Mais non, elles ne le font pas.
Dans ces écoles, il n’y a pas de vacances comme dans les écoles publiques. Je me souviens d’une de mes premières écoles qui ne fermait même pas durant les vacances de Noël. Nous fermions la veille de Noël et retournions le 26. Pour finir le 31 décembre à midi, et reprendre le 2 janvier. Une autre de mes écoles fermait deux semaines en mars et deux semaines à Noël. Bien souvent ces écoles n’offrent que 15 jours de vacances payés. Donc il fallait accepter tout cela, que cela nous plaise ou pas, elle fermait les 15 jours en mars et nous n’étions pas payées. Et ne pensez même pas aux deux mois de vacances durant l’été, qui ne sont bien entendu pas rémunérés, et c’est votre choix de partir les deux mois ou pas. Certaines de ces écoles profitent du fait que nous soyons de nouvelles immigrantes pour profiter de nous. Beaucoup de mes anciennes écoles ne payaient aucuns des jours fériés, jusqu’à ce qu’un de mes amis comptable me dise qu’elles étaient obligés de nous payer.
Voilà la raison première de ces changements dans ces écoles, chaque années de nouvelles têtes, des fois dans la même année un professeur peut changer 3 ou 4 fois. Voilà également pourquoi ces écoles n’embauchent pas de « vrai » Canadiens. Parce qu’ils connaissent leurs droits. Certaines écoles vous payent à l’heure tandis que d’autres ont un salaire fixe. Toutes mes écoles précédentes ne m’ont jamais fait de contrats.
Je suis dans une école depuis deux ans qui offre la couverture sociale, qui fait un contrat, qui donne 5 jours de maladie payés. Mais cela n’empêche pas qu’à un certain moment, la cuvette est pleine…Et que l’envie d’avoir un salaire de 40 000$, 50 000$…fait rêver. Dur dur avec les 24 000$ de l’année. Voilà pourquoi bon nombre des professeurs dans ces écoles cherchent un deuxième job. Pour ma part, c’est les cours de Français, une autre donne des cours, une autre travaille à Wal-Mart…
Oui, j’aime travailler avec les enfants, j’aime et recommande la méthode M, mais je sais que répéter les mêmes chansons, dire d’aller aux toilettes, de ne pas mettre les doigts dans le nez, de couvrir sa bouche, d’aller chercher un mouchoir, de s’asseoir correctement, de chuchoter, me saoule des fois. J’aimais ce travaille il y a 8 huit ans. J’étais plus jeune, je ne savais pas grand-chose, je ne m’étais pas bien renseignée sur toutes les offres possibles à Toronto. Toutes les aides Francophones. Aujourd’hui je ne regrette rien, je rêve juste d’autres choses, je sais que je suis capable de tellement plus, et j’aimerais que ces employeurs le comprennent aussi.
Pour l’instant je vais continuer mes recherches…et retourner dans ma classe le 2 septembre, et quoiqu’il en soit je sais que je vais adorer toutes ces nouvelles petites frimousses prêt pour certains à découvrir
ce que c’est d’être à l’école. Même si par moment, l’envie est ailleurs…
Bonne rentrée à tous et à toutes…
Ps : Pour des raisons de protection je ne nomme pas ces écoles, et cette institution. Je pense que vous comprendrez. Merci.
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