Les propos tenus ici ne reflètent que mon point de vue. C’est mon vécu et ressenti. Oui, il y a des points noirs pour moi qui ont été bons de votre côté et vice versa. J’en suis conscient et j’invite tout lecteur à lire beaucoup pour se faire une opinion générale. Sachant que, souvent, seules les personnes frustrées ou en colère écrivent. Ceux qui sont bien ont autre chose à faire que d’écrire que tout va bien 🙂
Qui : Nous sommes une famille de 4, avec des enfants âgés de 3 et 8 ans à notre arrivée en 2023.
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Avant : J’étais gendarme spécialisé en informatique. Je suis passé par « Journées Québec 2022 » et, après une dizaine d’entretiens, j’ai été retenu par plusieurs entreprises. J’ai eu le plaisir de faire le choix de mon futur employeur. Ce qui, je le sais, n’est pas forcément un dû.
Après les démarches administratives côté gendarmerie et côté Canada, nous sommes partis fin juillet 2023.
Pour les gendarmes ayant des questions sur les démarches administratives côté gendarmerie, n’hésitez pas à m’écrire en message privé. Je suis encore en disponibilité et ai donc une sécurité si ça devait mal se passer.
L’arrivée : Les démarches ayant été plus longues que prévues, nous avons reçu nos documents que quelques jours après notre arrivée. Nous avons dû effectuer un « tour du poteau » pour récupérer nos permis de travail. Ce qui n’est plus possible maintenant. Pour info, le Canada n’a pas, à l’heure où j’écris ces lignes, d’endroit où se rendre pour faire des documents d’immigration. Il faut quitter physiquement le Canada, par voie terrestre ou aérienne, et rentrer pour passer aux services d’immigration qui feront le nécessaire. Impossible d’aller dans un tel service autrement, ce qui est plutôt curieux.
Nous avons loué une maison non mitoyenne avec jardin non loin de Montréal. Pas trop loin de Dix30 pour les connaisseurs.
Ayant eu des retours de plusieurs immigrants, la propreté et l’entretien des maisons ne sont absolument pas une généralité. Six mois après notre arrivée, je découvrais encore des caches à crasse, des réparations douteuses voire dangereuses. Bref, le locateur a vu que j’entretenais correctement sa maison : peinture, réparations, nettoyage, jardinage.
J’en suis à deux renouvellements de bail sans augmentation.
Le problème, c’est qu’en tant qu’immigrants, nous sommes en position de faiblesse, donc on se retrouve avec des irrégularités partout et notre empressement et notre vulnérabilité font de nous des proies faciles.
Si mes nettoyages, travaux et remises en état de la maison à mes frais font qu’on y vit bien, hormis que c’est une passoire thermique (chauffage le matin et climatisation l’après-midi…),
l’achat de la voiture a aussi été un traumatisme. Il n’y a pas de contrôle technique ici. Quand j’amène ma voiture au garage pour l’entretien périodique, le garagiste ne comprend pas ce que c’est. C’est au client de demander ce qu’il veut. J’ai dû lui montrer, sur le livret du véhicule, la partie « entretien périodique » et qu’il fallait faire tel ou tel changement à tel ou tel kilométrage ou année.
Pour le premier achat, aucun suivi de la voiture par les vendeurs, exit donc la longue liste des changements d’huile, bougies, courroies : on ne sait rien de la voiture. J’ai essayé des voitures sans frein où j’ai failli avoir un accident. Et à chaque découverte d’un problème sur la voiture, le vendeur me disait qu’il le réparerait avant la vente. Je me suis pris la tête avec lui car finalement, si je ne voyais pas un défaut caché, j’achetais une voiture HS.
Pareil chez un Ford : la voiture est dans un sale état, les réparations se font à mes frais après l’achat en signant une clause comme quoi la voiture était en bon état de fonctionnement à l’achat. Alors que c’est faux. C’est illégal, mais j’étais en mode piéton depuis deux semaines avec une famille. Mais au moins, ils ont fait un check-up complet de la voiture et la liste des réparations était cohérente. Ma voiture passe de 14 000 $ à 21 000 $ après réparations. Ils n’ont jamais voulu me donner la facture des réparations que j’ai payées. Je n’ai qu’une photo d’un bout de papier avec ce qui a été remplacé. Mais aucune trace officielle du remplacement.
Pour ce qui est des meubles, on va là où on connaît au début, et donc IKEA… Mais petit à petit, on commence à trouver d’autres magasins.
Les banques et assimilés :
Welcome in America !!!
Bienvenue dans le temple de la consommation, des cartes de crédit et des prêts hypothécaires !
C’est un très vaste sujet, il faut beaucoup se renseigner car les Français ne sont pas avertis de tout ça. On s’y fait finalement et on comprend.
Pour le système de notation, on reste de bons clients car notre carte de crédit est remboursée chaque semaine à 100 %. Pas pour les banques, car elles ne nous facturent donc pas de frais d’intérêt sur nos cartes.
Après, à l’arrivée, et en l’absence de notation par les agences de crédit, Bell ne voulait pas nous ouvrir une ligne internet… Même si j’ai un salaire de 100 000 $. Pas de note, pas d’internet.
J’ai dû payer six mois d’avance, qui m’ont été difficilement remboursés huit mois après.
Pour mes enfants :
On trouve, avant même notre arrivée sur le territoire, une place en crèche subventionnée. GROS POINT POSITIF : pas chère et les éducateurs sont géniaux. Ma fille est très heureuse d’y aller. Beaucoup d’enfants parlent anglais, même s’ils les « forcent » à parler français, ça reste des enfants. Mais ma petite, au bout de deux ans, commence à avoir un bon niveau d’anglais et peut regarder un dessin animé en anglais et comprendre. Elle joue même en anglais avec ses jouets dans sa chambre. Trop cute.
Pour la grande, un peu plus dur. Les cours se terminent à 15 h. Mais pas de temps d’études, donc devoirs le soir après qu’on l’ait récupérée. Un petit moment d’étude pour avancer ne serait pas du luxe. C’est mon point de vue et n’a rien à voir avec le Québec, c’est pareil en France.
Les cours sont avancés en mathématiques et en anglais. Ça a été dur de rattraper, sachant que tout bon Québécois des grandes villes passe comme ma petite par une crèche avec des anglophones. Donc le cerveau est prêt. Mais ça commence à venir, ses deux meilleures amies étant bilingues.
Côté hors scolaire :
Il y a plein d’activités mais, comme il n’y a pas assez de monde, tout est cher et les places sont limitées. Mais on peut trouver des pépites d’animation ou de sport.
Le travail :
Bien sûr, je passe d’un environnement militaire à un environnement civil et syndiqué. Je passe de minimum 40 heures à 35 heures maximum. Je passe de déplacements impromptus à 80 % de télétravail.
Je passe d’un chef frustré si je ne lui avais pas présenté mes respects le matin à un chef qui vient voir ma gang et moi avec un « Salut les amis ! ».
Je suis passé d’analyste sécurité à chef de section cybersécurité en un mois. Premier incident cyber deux mois plus tard, géré de main de maître. Je sais que mon boss ne veut pas me lâcher, et ça fait plaisir. Ils ont mis trois ans à trouver la bonne personne. Mon salaire a pris 30 % et je suis arrivé à retrouver mon salaire de gendarme en un an. J’avais pensé le faire en trois ans.
J’inclus le prix de la location.
Je ne peux pas faire de comparatif travail Québec-France du fait de mon parcours militaire. Pour moi, c’est juste vraiment mieux, mais ça aurait peut-être été pareil en France.
La vie de tous les jours :
Les prix des locations, les intérêts, la nourriture sont chers. Si en plus tu fais ton bon Français de France qui veut manger français même après 6000 km d’océan, eh bien ça coûte encore plus cher. Je ne leur jette pas la pierre de ne pas avoir de culture culinaire. À l’époque du traité de Paris qui a abandonné le Québec aux Anglais, la France n’avait pas de culture culinaire non plus. C’était pot-au-feu matin, midi et soir. Ce n’est qu’après la Révolution française, quand les cuisiniers des nobles fraîchement décapités ont ouvert des restaurants, que la France culinaire est vraiment née. Bref, petit moment d’histoire.
Au Québec, ils sont en avance sur plein de thèmes sociaux : LGBT, équilibre travail-vie privée, relations interpersonnelles (ils font la queue pour entrer dans le bus, une file d’attente et pas un gros pâté). Sur d’autres choses, c’est à l’américaine, car ça reste des Américains qui parlent français. Et on oublie que la France est un État souverain entier et indivisible.
Ici, le Québec est une province d’un État fédéral. Donc beaucoup de choses sont décentralisées du pouvoir fédéral. Électricité, eau, service de police, routes, c’est provincial, donc tenu par seulement 9 millions de personnes. Donc peu de moyens. Ils font vraiment comme ils peuvent. Je ne parle pas de l’état des routes, qui est clairement sous le contrôle de la mafia.
Mais les paysages qui les entourent sont merveilleux. Les gens sont très souvent adorables, et finalement, tout le monde veut juste réussir.
Rien n’est vraiment comme en France, mais en même temps, on a immigré pour ça. On a laissé ce qu’on n’aimait pas là-bas. Mais rien n’est parfait, même ici. Il faut juste l’accepter. Ce que j’ai fait.
On fait nos courses via un « drive » ou cueillette, en bon français. Pas très démocratisé mais ce n’est pas grave, juste le temps de reprendre nos habitudes.
Je pense que pour la vie de tous les jours, ça ne change pas vraiment de la France, excepté la nourriture. Il y a des différences mais c’est dépaysant sans être traumatisant.
Et puis j’apprends de nouvelles choses tous les jours, j’essaie de nouvelles choses, j’aime ou je n’aime pas, comme un enfant finalement.
L’hiver :
Un des grands sujets, l’hiver. Chacun a sa façon de le voir et de l’exprimer. Pour moi, il y a cinq saisons : printemps, été, automne, hiver et glaciation. Cette dernière saison dure de janvier à mars, où les températures, par rapport à la France, sont vraiment basses et ne repassent pas au-dessus de 0 pendant 2-3 semaines. Mais on s’habille comme si on était aux sports d’hiver. On en profite pour faire de la luge sur les nombreuses descentes prévues pour. On fait du ski, des igloos dans le jardin et on envoie des photos avec les cils gelés.
Pour ma part, je vais en vélo jusqu’au REM. Même à -20°, je n’ai pas eu de problème. Tout est dans la qualité des vêtements. N’achetez pas un manteau de TEMU à 5 $…
Finalement, quand les températures remontent vers 5-10 degrés, on se découvre à être en t-shirt dehors à 8 degrés et avoir chaud 😀
Il n’y a pas de long hiver pluvieux à 5-10 degrés qui est finalement un prolongement de l’automne ou du début du printemps.
Ici, chaque saison est marquée, l’hiver nous offre un tapis blanc, et qu’est-ce que je suis heureux d’avoir de la neige tous les hivers.
Le temps :
Ici, l’été peut être vraiment humide. Et je parle de l’humidité de l’air. Je me suis retrouvé à penser qu’il faisait 35° alors que la voiture indiquait 24. Juste l’humidité importante fait qu’on subit vraiment. Ce sont des épisodes. Mais je comprends pourquoi, outre les passoires thermiques des maisons, il y a autant de climatisation. L’humidité de l’air.
Il y a aussi clairement plus d’orages, et plus violents qu’en France. On est très loin de l’océan finalement.
La suite :
Après deux ans de travail, je pourrai prétendre au volet travailleur du PEQ, c’est-à-dire vers septembre 2025. Prévoir 5000 $ et des heures de paperasse.
Ce sera un grand moment car j’envisage d’acheter des logements à louer et de racheter une entreprise. C’est l’Amérique, et y faire des affaires est nettement simplifié.
Je pourrai aussi changer d’emploi pour évoluer, même si je suis bien où je suis actuellement. Mais money is money.
Peut-être entrer dans les forces armées canadiennes. Possible quand on est en RP. Juste pour pouvoir dire que j’ai été dans deux armées différentes à mes petits-enfants.
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D’après le texte de la Famille_lefe posté dans le groupe de discussions.
Très beau parcours, je vous souhaite que ça continue .
Bonjour
Cela fait 58 ans que je suis au Quebec et je ne le regretterais jamais.
Oui il faut oublier la France et je n’ai pas eu de difficulté à le faire.
Dans mon métier, je vaux de l’or au Canada en France un cancre.
Pauvre mentalité. FR
Quel métier ?
Acheter un char usagé ici au Québec c’est suicidaire.
Parole d’un ex-mécanicien (5 ans en France et 25 ans au Québec et en Ontario)
Les exceptions sont rares.