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La traversée du Canada de Kroston : De Chibougamau à Calgary

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La traversée du Canada de Kroston : De Chibougamau à Calgary

Après un an à Chibougamau au Québec, Kroston, notre aventurier Belge, quitte le nord du Québec pour s’installer en Alberta, dans l’ouest du Canada. Voici l’histoire de sa traversée du Canada avec sa douce en juin 2002.

Chapitre I: Le départ.

Dimanche 23 juin : le matin M du jour J est enfin arrivé Bien loin dans le Nord, quelque part à Chibougamau… il pleut. C’est la tempête. Dans le ciel noir qui rugit comme 80 couguars affamés, les éclairs ont remplacé les rayons du soleil de la veille. De grosses gouttes d’eau glacée, voire de grêle, ricochent violemment sur la voiture qu’il faut pourtant charger au plus vite. Nous sommes déjà en retard sur notre planning. Les vélos sont solidement fixés sur le rack à l’arrière. Le sac de toile spécialement conçu pour les déménagements est soudé au toit qui devrait être sec et les skis ont l’air de tenir en place grâce à mes noeuds de fortune et surtout grâce aux petit machins noirs bien pratiques (vous savez, ces trucs en plastique qui ne se détachent plus jamais après les avoir serré une fois). Impossible de tout emporter… Il faut se faire une raison. Déjà, il n’y a plus place pour le chien. Le Jeep ressemble à un avion à réaction sur le point de décoller… J’enveloppe rapidement Baribal dans un sac poubelle et je le pousse sur le toit. Coincé entre 3 bottes de ski, il sera à l’abri. La manne à linge, la vaisselle, l’essoreuse à salade, la corbeille à papier, l’antenne satellite et quelques autres babioles resteront à la maison. J’offre mon panier de pêche, tous mes hameçons et mes mouches au voisin d’à côté qui m’a gentiment prêté sa clé anglaise pour serrer l’attache du rack à vélos. Il est fou de joie et m’invite à une partie de pêche sur le bateau flambant neuf qu’on bichonne depuis quelques jours. Je lui explique que nous ne reviendrons sûrement jamais à Chibougamau. 13:30 pm : il est grand temps de partir. L’orage redouble de violence. En route !

Chapitre II: L’Abitibi

Cinq minutes et trois lumières plus tard, c’est le bois. C?’est le début d’une route bien connue, interminable et monotone. Celle qui descend de la Baie James vers les denses forêts de l’Abitibi, là où les bibittes dévorent leurs victimes au sang sucré avec la voracité à la fois de vampires, d’ex-femmes et de Ministères des finances. Il est 7 pm lorsque nous apercevons les premières maisons de Val d’Or, sous un grand soleil et une chaleur qui contraste avec la pluie polaire du matin. Je n’aime pas vraiment Val d’Or… je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que cette ville me rappelle de mauvais souvenirs. La dernière fois que j’y suis venu, je perdais mon permis le lendemain. Elle me rappelle l’époque où je travaillais comme un acharné pour gagner 3 sous. La route traverse la ville et en devient la rue principale. Quelques Indiens se déplacent de bars en bars. Les gens s’empressent devant le guichet de la banque et devant les portes du Mac Do et du PFK. Le Casino semble animé. C’est la fête du Québec demain. Sur notre gauche, juste après le Centre d’achat, nous empruntons le petit chemin qui mène chez notre ami Flying Antoine. Cinq minutes de gravelles et nous arrivons devant sa jolie maison. Notre nouveau pote parisien nous attend sur le seuil, au bord de son lac. C’est vraiment très chouette, la maison est coquette et originale. Au bout de la galerie devant son salon, est amarré un petit canot. En face, un hydravion se pose. La femme d’Antoine a pris quelques jours de vacances en France. Il fait super beau… le cadre est splendide. Nous embarquons à bord du canot et nous ramons dans le sens du courant pendant une vingtaine de minutes jusqu’à un petit troquet sur l’autre rive où nous prendrons l’apéro en écoutant un vieux chansonnier abitien. Le retour de cette petite expédition s’avère moins facile. Désormais, il faut remonter le lac à contre courant. C’est dur pour mon épaule encore engourdie. Mais, « Les Belges sont les plus braves de tous les peuples de la Gaule ». C’est César qui l’a dit. Alors il ne faut pas défaillir devant un p’tit gars de Lutèce. Largo a du mal à garder l’équilibre dans le bateau. Il a chaud. Il hésite à plonger dans l’eau. C’est finalement moi qui tombe à l’eau en essayant d’amarrer le bateau devant la maison. Mais, je serai plus rapide qu’Antoine pour remonter le petit talus vers le jardin. Des boissons fraîches nous attendent et plein de steaks attendent de cuire sur le barbecue. La soirée fut très agréable… et la nuit aussi. Dodo sous la tente dans le jardin, en compagnie de colonies de mouches noires et de moustiques. Petit déjeuner rapide le matin : croissants, café et jus d’oranges pressées. Antoine nous propose de rester un peu, mais pas question : la route nous appelle, l’Ouest nous attend Manu montre la route à notre hôte sur la carte de notre grand Atlas. Il nous envie (Antoine, pas l’Atlas). Flying Antoine est l’avant-dernière personne avec qui nous parlerons français. La dernière sera le pompiste à Rouyn-Noranda, juste avant de passer la frontière de l’Ontario.

Chapitre III: Yours To Discover

12 :20 pm : nous quittons la Belle Province. Petite balade paisible dans le bois du Nord de l’Ontario. Passage par Timmins, première grosse ville après l’Abitibi. Le soleil brille toujours, mais de gros nuages de mauvaise augure s’accumulent juste au-dessus de nos têtes. Nous arrivons à Wawa à 7 pm tapante, petite ville du Nord de 4,500 habitants. Pas de surprise, tout ressemble étrangement à Chibougamau : pick-up trucks, magasins de chasse, de pêche, 4 roues, ski-doo plantés dans les cours devant les maisons, Indiens Cris. La chaleur et la fatigue ont eu raison de nous. D’énormes coups de tonnerre et quelques éclairs nous réveillent brutalement de notre léthargie. Manu refuse catégoriquement de coucher sous la tente ce soir. Elle exige un bain et une bonne nuit de repos dans un vrai lit. Pour être franc, je ne suis pas contre. Surtout que l’orage qui nous vient de nous surprendre redouble de violence. Nous nous réfugions dans le resto du Wawa Motor Inn où nous dégustons scampis à l’ail et tagliatelles, suivis du «catch of the day» : de la truite rose, accompagnée de frites maison et de chou-fleur. Les gens sont très hospitaliers. Bien repus, nous passerons la nuit dans un chalet en bois rond, juste derrière le resto. Départ de Wawa le lendemain à 10 :30. En route pour Thunder Bay. Manu, qui a dormi comme une loutre, est super bien reposée. Ce soir, nous dormirons sous la tente ou l’attente du sec. Notre sac à bagage sur le toit est détrempé. Peu après Marathon, rencontre avec une belle orignale femelle sur le bord de la route. Très paisible, elle nous observe passer avec presque le sourire au lèvres. Manu n’est pas si bien reposée que cela après tout. Elle vire brusquement à gauche pour s’arrêter dans un semblant de parking sur le bord de la chaussée et, la voiture, après cette embardée rocambolesque, fonce directement dans le fossé, sur le bas côté de la route. Une famille de Vancouver dans une immense caravane nous regarde. À en croire l’expression de leur regard, ils mettent quelques secondes à réaliser qu’ils ne sont pas en train de rêver. Le Jeep ne bronche pas. Il s’est arrêté net. Le rack à vélo est enfoncé dans la terre. La pédale de mon Specialized a disparu sous un amas de boue. Je prends le contrôle du véhicule et, grâce au 4/4 et à mes talents de pilote chevronné (et je reste modeste!), nous nous en sortirons indemnes. Ouf ! Un peu plus loin, nouvelle rencontre au détour du chemin. Cette fois avec un ours noir. Nous avons le temps de prendre quelques photos avant qu’il disparaisse dans le bois. On verra bien ce que cela donnera! Nous longeons maintenant le Lac Supérieur à gauche et la forêt à droite. À Thunder Bay, nous achèterons une clé anglaise pour resserrer le rack à vélos qui est un peu caduque depuis la cascade imprévue de la voiture dans le fossé. Arrêt Subway et gas à Thunder Bay. Puis, c’est le changement de fuseau horaire : de l’Eastern Time, nous passons au Central Time, un peu après Raith. Il est 7 :30 pm. Euh, en fait il est juste 6 :30. C’est bizarre ! Le décor change tout à coup. Les routes deviennent interminables et se confondent avec l’horizon. Devant nous, passe un chevreuil. Il traverse paisiblement la route, sans se soucier de nous le moins du monde, pour disparaître dans la forêt juste en face. Le soleil orange, juste en face, continue de chauffer férocement. 27°C. Vers 8:30, nous cherchons un endroit pour poser notre tente. Nous pénétrons dans le bois par un petit chemin sur notre droite. Nous décidons de continuer la trail jusqu’au lac que nous pouvons deviner un peu plus loin. Avec la pénombre du soir qui tombe, le chemin n’est plus tout à fait aussi rassurant que lorsque nous l’avons emprunté. Il fait toujours très chaud, et nos vitres baissées, nous entendons tous les bruits de la forêt. Soudain, alors que nous nous enfonçons dans le bois, à quelques mètres devant nous, surgit un gros ours noir qui gambade. Il fait quelques bonds devant nous, comme s’il essayait de nous narguer. Manu perd patience. Elle décide de faire demi-tour et de chercher un terrain de camping aménagé. Un petit quart d’heure plus tard, nous trouvons notre bonheur après avoir croisé un couple d’orignaux majestueux et leurs petits qui pataugeaient dans une rivière. Nous nous arrêtons dans une superbe pourvoirie où nous passerons la soirée au coin du feu, en compagnie d’une famille d’Américains du Minnesota (l’État tout proche). Largo est aux anges. Encore une nuit délicieuse passée sous la tente. N’empêche ! Ces moustiques se révèlent un enfer !

Chapitre IV: À l’Ouest

Réveil agréable dans ce décor enchanteur. Un petit plongeon dans le lac, suivi d’une bonne petite douche chaude, et nous voilà repartis. Direction Kenora, et le Manitoba. Nous sommes couverts de piqûres d’insectes, mais en pleine forme. Il est 10 :30. Il fait chaud ! Plein d’essence et petit resto à Kenora. 4 pm : arrivée à la frontière du Manitoba. Il fait très chaud ! Nous arrivons bientôt à Winnipeg ou Winterpeg comme disent les anglos, la capitale de la province. Faut dire qu’il n’y pas énormément de villes dans cette province. Et Churchill, c’est bien trop haut, au bord de la Baie d’Hudson? à pis y’a que des ours polaires là-bas. Mais, une chose est sûre : en été, il y fait très chaud. Le thermomètre de voiture ne descend plus en dessous des 40°C. Nous garons la voiture dans le downtown de Winnipeg à l’ombre d’un arbre afin qu’elle se repose un peu. Nous planifions une petite visite chez la fille de mon ex-collègue, qui a insisté pour que nous passions la voir une fois rendus là-bas. Conversation bizarre à l’interphone. Elle répond, dit qu’elle va descendre nous ouvrir. Puis elle n’arrive jamais. Nous attendons un bon quart d’heure sur le trottoir. Rien. Étrange ! peut-être a-t-elle eu une crise cardiaque, nous ne le saurons jamais ! 8 pm : nous sortons de Winnipeg. C’est les PRAIRIES ! les termes « plats » et « immenses » sont des euphémismes. Ce pays n’a pas de centre. Il y a juste l’Est qui se termine à la frontière de l’Ontario et puis l’Ouest qui commence dans le Manitoba. Puis là, pas de doute, nous y sommes dans l’Ouest. Dans cette immensité verdoyante, déjà, nous apercevons les premières fermes. L’auto ressemble de plus en plus à un avion prêt à décoller. Avec tout notre chargement, les amortisseurs arrières agonisent. Il fait CHAUD ! Et sec ! Nous choisissons un campsite avec piscine. Malheureusement, le temps de monter la tente en évitant que 1000 moustiques n’entrent dedans, et nous n’avons plus le temps de nous baigner ce soir. Les barrières sont fermées. Ça nous met de mauvaise humeur pis Manu dit que c’est de ma faute. Ben oui, on aurait pu monter la tente après ! Nuit paisible où nos ronflements se confondent avec le bourdonnement de ces maudits maringouins.

Chapitre V: La Saskatchewan

Départ à midi. En route pour Regina, SK. Il fait chaud. Très chaud. Après une agréable baignade dans la piscine du camping et un bon déjeuner (boeuf séché, olives et saucisson italien achetés à Winnipeg, ben oui, drôle de mélange-), nous sommes parés pour affronter le Wild, Wild West ! 4 pm : nous nous arrêtons pour pique-niquer quelque part au milieu de rien, dans la Prairie. D’étranges charrues aux énormes roues croisent notre chemin au milieu de ces champs de blé. Il fait chaud ! Des rapaces survolent le ciel juste au dessus de nos têtes. Des petits cris de bestioles font chanter les champs juste à côté. Nous continuons à rouler en compagnie des aigles et des oies sauvages qui volent, comme nous, en direction du soleil. 7 pm : nous atteignons Regina, cette ville érigée au milieu de nulle part. Le thermomètre affiche toujours 40°C. L’Ouest de la Saskatchewan est magnifique. À gauche et à droite, ce sont les plaines comme on se les imagine. La chaleur torride continue de fusiller nos yeux malgré le soleil qui se couche devant nous. Les lunettes nous brûlent littéralement le bout du nez. Largo s’est endormi, il n’en peut plus. Nos regards se perdent dans l’infini un peu vallonné, vert et jaune, et à chaque instant, j’ai la sensation qu’un Indien Mohawk va surgir derrière une colline sur son cheval. Enfin, nous nous arrêtons pour passer la nuit dans une petite ville reculée de l’Ouest profond : Herbert. Nuit infernale : nous sommes dévorés par les moustiques. Au coeur de la nuit, notre tente s’illumine tout à coup. Non, je ne rêve pas, des hommes armés avec de grands chapeaux rôdent autour de notre abri. Le lendemain, nous apprendrons que toute la ville s’était mobilisée pour partir à la recherche d’un vieux monsieur un peu dérangé qui avait disparu de manière insolite la veille.

Chapitre VI: Wild Rose Country

10 am : nous longeons au Nord l’Etat américain du Montana. Départ direction l’Alberta, là où poussent d’étranges roses sauvages qui embaument ce pays des cowboys de la Prairie. La nuit a été horrible, mais nous avançons toujours vers notre destination finale avec le même entrain. 12 :45 pm, heure locale (Mountain Time), qui a commencé quelque part en Saskatchewan, on ne sait pas vraiment où ! Traversée de Medicine Hat à 1 PM. Nous défilons toujours à travers ces paysages grandioses et ces plaines immenses, un peu plus vallonnées ici. Les vaches sont brunes, voire noires, serait-ce des bisons ? Les Albertains élèvent toujours leur bétail dans de vastes ranchs. Les paysages semblent rester tels qu’ils étaient lors de l’arrivée des premiers Européens. Le cri strident des chiens de prairies résonne dans nos oreilles. Parfois, ils s’aventurent sur la route. Ils ressemblent singulièrement à de gros écureuils. 3 :30 pm, Manu écrase son premier chien de prairie. Après 1/2 heure, elle s’arrêtera de sanglotter. On approche de Calgary. Cette ville qu’on a parachutée au milieu des Prairies pour accueillir des colons toujours plus à l’Ouest. On aperçoit les tours du centre ville, siège de l’Industrie pétrolière, à l’horizon. Derrière la ville, devant nos yeux, se dresse un spectacle époustouflant. Elles sont là ! on les aperçoit au loin, majestueuses, cachant la ligne d’horizon : Les Rockies ! C?Äöest fantastique?àë nous y sommes, enfin presque. Le Jeep chauffe presqu’autant que nous. Il fait 30°C. 5 :30 pm, Calgary est passé, nous fonçons maintenant vers les Rocheuses qui s’avancent vers nous pour le plus grand plaisir de nos yeux émerveillés. Nous réalisons sans peine que nous évoluons dans un des plus beau paysages du monde. Dommage que mon crétin d’appareil photo ne soit pas capable de prendre des photos dignes de cette réalité magique vers laquelle nous approchons avec autant d’excitation. 6 :15 pm, nous avons maintenant pénétré dans le domaine des Rocheuses. Le décor est à la fois grandiose et surnaturel, comme le wildlife on highway. Nous allons bientôt rejoindre Canmore et Banff. 7 :00 pm : arrivée dans le parc national de Banff. C?Äöest le plus bel endroit que nous ayons jamais vu. De larges panneaux nous signalent de manière récurrente la présence d?Äöanimaux sauvages susceptibles de traverser la route. Et en effet, à peine arrivés, nous croisons deux élans. Plus tard, à quelques mètres à peine de notre tente, dans le camping au milieu de la forêt dans la montagne, est couché un énorme wapiti. Impressionnant! Le rancher nous demande de tenir Largo en laisse, car nous sommes dans une aire très fréquentée de grizzlis, de couguars et de loups. Plusieurs y ont été aperçus cette dernière semaine. Après une installation confortable au milieu d’une petite clairière, nous rejoignons Banff pour prendre une bière bien méritée et ainsi clôturer cette charmante et épuisante journée. C’est justement concert au Wild Bill’s. Ambiance western country géniale. Manu y oublie son portefeuille. Le croyant perdu à jamais avec ses cartes de crédits, ses papiers officiels, son cash, etc. nous passerons la nuit dans le stress et le découragement. Réveil de bonne heure dans ce petit paradis de Banff. Nous descendons en ville pour récupérer le portefeuille de Manu, après avoir alerté les parents, la police, le staff du camping, et sacré très fort pendant toute la matinée ! Avant de reprendre la route, nous nous offrons un petit resto chez Earl’s avec menus spéciaux fraîchement arrivés du Pacifique. Impossible de rejoindre Edmonton sans emprunter la route qui traverse les Rocheuses. Ce serait dommage. Le détour en vaut vraiment la peine. Tans pis pour la voiture qui fatigue?àë nous décidons de faire un détour par Jasper avant de retourner un peu au Nord-Est pour Edmonton. Nous passons à côté de lac aux eaux turquoises dans ce décor majestueux. Quelque chose sur la route ! Mais oui, c’est un grizzli ! Ça mérite une petite photo (mais prise depuis la voiture !). Dans l’euphorie, nous sommes allés un peu trop loin. On est en BC (Colombie-Britanique). Demi-tour, et en route pour Jasper. La route dans la montagne entre Banff et Jasper est splendide. Nous croisons des mouflons, des chèvres perchées au sommet des roches et de nombreux rapaces nous survolent. La nuit suivante, nous la passerons à Jasper : haut-lieu de rendez-vous des mountain bikers !!!  

Chapitre VII: Le bout de la route

8 :30 am, nous quittons à contre-coeur la montagne pour Edmonton, la dernière ligne droite. En tout cas, c’est ce que nous pensions alors. 1 pm : arrivée à Edmonton. Nous nous dirigeons vers les tours du centre ville, puis vers la fameuse Whyte Avenue. Cette métropole est immense. Les routes sont de grands boulevards, traversant du Nord au Sud et d’Est en Ouest d’immenses étendues vertes et un peu boisées. Tout est plat, et grand à vous écoeurer, comme le fameux West Edmonton Mall. Tout y a l’air vraiment propre et sécuritaire, un peu trop à mon goût? c’est sûrement une impression, mais mon instinct me dit qu’il manque peut-être à cette ville quelque chose d’essentiel : la vie. À priori, nous ne tombons donc pas en amour sur le champ (ou sur la Prairie) de cette ville qui nous paraît sans âme. Nous nous posons alors notre habituelle question existentielle : allons nous être capables de vivre ici ? La fatigue, après ces 8 jours de route, s’est emparée de nous. Après un long moment de réflexion et de méditation dans notre Jeep aussi épuisé que nous, nous prenons la décision de redescendre vers le SW, pour aller tenter notre chance à Calgary, cette ville de cowboys aux pieds des Rocheuses, qui apparaît de manière tellement inattendue au milieu des Prairies, et qui nous a semblée tellement vivante, animée et insolite quand nous l’avons traversée il y a deux jours. Trois jours plus tard, en plein Stampede -insistez longuement sur la deuxième syllabe- (célèbre rendez-vous annuel où tous les cow-boys de l’Ouest accourent pour ces 10 jours ininterrompus de rodéo), nous y trouverons un logement. C’est une large maison avec jardin, entourée d’arbres à deux pas du centre que nous partageons avec une charmante cow girl, vêtue de bottes et d’un chapeau qui me fait frissonner chaque matin quand elle m’envoie son : Howdy cowboy, haya doin’ ? Et que je lui répond avec une voix qui traîne : I’m doin’ good, honey. Mon nouveau garagiste, un cowboy aussi gras que sympathique nous a lancé, lorsque nous lui avons dit qu’on venait du Québec : Welcome to Canada, folks ! Et c’est le début d’une nouvelle immigration… Kroston

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