Le gouvernement québécois, par la voix de son ministre de l’Immigration du Québec, Jean-François Roberge, a catégoriquement refusé d’exempter les cégeps et universités du projet de loi 74, qui vise à plafonner le nombre d’étudiants étrangers au Québec. Cette décision suscite de vives inquiétudes dans le milieu universitaire, où l’on redoute des répercussions majeures sur l’économie, la recherche et la réputation des institutions académiques de la province.
Des demandes jugées « déraisonnables »
En mêlée de presse, Jean-François Roberge a expliqué que le projet de loi vise à donner au Québec un meilleur contrôle sur son immigration. « Il n’est pas raisonnable de laisser 20, 40 ou 70 institutions indépendantes décider de notre politique migratoire », a-t-il affirmé. Selon le ministre, le nombre d’étudiants étrangers est passé de 50 000 il y a dix ans à plus de 120 000 aujourd’hui, une croissance qu’il juge difficilement soutenable.
Le ministre a également indiqué que cette mesure vise à maintenir un équilibre global pour répondre aux enjeux des services publics, sans toutefois considérer les demandes d’exemption des universités.
Une opposition unanime des universités et cégeps
Les universités québécoises, incluant l’Université de Montréal, Laval, Sherbrooke et McGill, ainsi que le réseau des cégeps, ont vivement contesté cette position. Dans un mémoire commun, elles ont appelé à exclure leurs établissements du projet de loi 74, soulignant l’impact économique et académique crucial des étudiants internationaux.
Le recteur de l’Université McGill, Deep Saini, a averti que la proposition gouvernementale pourrait « effacer » des décennies d’efforts pour bâtir un système universitaire de renommée mondiale au Québec. Sophie D’Amours, rectrice de l’Université Laval, a également signalé une baisse de 22 % des inscriptions d’étudiants étrangers cette année, qu’elle attribue à la confusion créée par une série de mesures restrictives.
Des enjeux économiques et linguistiques
Les universités rappellent que les étudiants internationaux jouent un rôle clé dans le financement des établissements, la recherche et la diversification des campus. Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal, a soutenu qu’il existe d’autres moyens de contrôler l’immigration que d’imposer un plafond, en ciblant notamment ceux qui abusent du système.
De son côté, le commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, a offert un soutien mitigé au projet de loi. Il a souligné que la proportion d’étudiants étrangers dans les universités anglophones, qui atteint environ 34 %, reste trop élevée et pourrait nécessiter un rééquilibrage.
Jean-François Roberge insiste sur le fait que la réduction du nombre d’étudiants étrangers sera « adéquate », avec des cibles spécifiques annoncées d’ici début 2025. « Nous consulterons les institutions pour éviter de pénaliser les programmes qui répondent à nos besoins en services publics », a-t-il assuré.
Malgré les contestations, l’étude du projet de loi 74 se poursuit à l’Assemblée nationale du Québec.
Source : Le Devoir
Crédit photo : Immigrer.com, rue Sherbrooke ouest à Montréal
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