L’abolition du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) provoque un choc dans la capitale. Pour le maire de Québec, Bruno Marchand, le gouvernement Legault plonge des milliers d’immigrants dans une détresse inutile. Et il le dit sans détour : ce que vivent certains d’entre eux est « inhumain ».
Mardi, dans son bureau, le maire a écouté les histoires de Clémence Zanelli, Française, coiffeuse, enceinte, installée ici depuis quatre ans, et d’Ellada Podrezova, Russe ayant fui la guerre avec son conjoint ukrainien. Deux parcours différents, une même peur : être forcées de quitter le Québec, malgré des années d’intégration et de contribution.
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Marchand n’a pas caché son émotion.
« On ne parle pas de profiteurs. On parle de gens qui contribuent. De familles, d’enfants. Et tout à coup, parce qu’on change un programme, leurs vies basculent. C’est invraisemblable, et oui, inhumain. »
Selon la Ville, 13 000 travailleurs temporaires de Québec se trouvent aujourd’hui dans l’incertitude la plus totale.
Québec assume sa réforme
Le ministre de l’Immigration du Québec, Jean-François Roberge, ne recule pas. Il soutient que le gouvernement respecte simplement sa capacité d’accueil et rappelle que le PEQ est remplacé par le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), fondé sur un système de points.
Il martèle que Québec doit « sélectionner les meilleures candidatures ». Le PSTQ favorise la maîtrise du français, certaines formations, ainsi que les secteurs jugés prioritaires comme la santé et l’éducation.
Sauf que pour des milliers de personnes déjà bien établies, cette transition brusque fait l’effet d’un couperet. Beaucoup avaient misé sur le PEQ, présenté comme une voie rapide, prévisible et stable vers la résidence permanente.
Le député libéral André Morin accuse d’ailleurs le gouvernement de « changer les règles du jeu sans prévenir en troisième période ».
Un « contrat moral » brisé
Pour Bruno Marchand, ce débat dépasse largement la technique administrative.
Il parle de confiance trahie.
« Ces gens ont fait exactement ce qu’on leur demandait : apprendre le français, travailler, s’intégrer. Et maintenant, on leur dit que ça ne suffit plus. »
Selon lui, le Québec tourne le dos à un « contrat moral » envers des personnes qui avaient fait le choix, souvent difficile, de bâtir leur vie ici.
Un appel au dialogue… mais pas pour écouter un monologue
Le ministre Roberge a invité le maire à le contacter directement. Marchand se dit ouvert, mais pose ses conditions.
« Si c’est pour me réexpliquer un programme extraordinaire que personne ne comprend sauf lui, il peut m’envoyer un courriel.
Mais s’il veut réellement entendre nos préoccupations et chercher des solutions pour les gens qui sont ici, on va dire oui. »
Pour l’instant, la tension monte et l’inquiétude grandit. Derrière les critères, les scores et les formulaires, ce sont des vies réelles qui vacillent. Et le maire de Québec prévient : le Québec risque de perdre bien plus que des points sur une grille — il risque de perdre des personnes qui avaient choisi d’en faire leur foyer.
Source : La Presse



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