Alors que le Québec multiplie les réformes en matière d’immigration, les délais de traitement des dossiers s’allongent dangereusement. En 2024, plusieurs catégories d’immigrants se retrouvent confrontées à des files d’attente toujours plus longues, un phénomène dénoncé par l’opposition et qui soulève des questions sur la gestion administrative du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
Des chiffres alarmants dans toutes les catégories
Lors d’une commission parlementaire, le ministre Jean-François Roberge a révélé que 42 000 dossiers de regroupement familial étaient en attente de traitement en janvier 2024, contre 38 500 en avril. Du côté des réfugiés en attente de résidence permanente, la situation s’est aussi dégradée : ils étaient 35 000 en 2023, puis 45 600 au début de 2024. L’immigration humanitaire connaît une même tendance, passant de 10 100 à 12 700 dossiers sur la même période.
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Ces données ont été communiquées à la demande du député de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard, lors de l’étude des crédits du ministère. Selon les dernières informations disponibles, le délai moyen pour la réunification familiale avec un conjoint à l’étranger atteint désormais 36 mois.
📎 À lire aussi : Des retards importants dans le traitement des demandes de regroupement familial au Québec
Roberge critique Ottawa, mais ignore ses propres retards
Le ministre Roberge a vivement critiqué le gouvernement fédéral pour ses délais dans le traitement des demandes d’asile, qu’il qualifie d’« incurie ». Il dénonce notamment un délai moyen de 37 mois pour analyser ces demandes :
« C’est beaucoup trop long. Trente-sept mois d’analyse… Ce n’est pas humain pour eux. Ça n’a pas de sens », a-t-il déclaré.
Mais cette posture a été dénoncée par Guillaume Cliche-Rivard :
« Le ministre se scandalise des délais fédéraux, mais il passe sous silence les listes d’attente qui s’allongent sous sa propre responsabilité, notamment en réunification familiale. »
Une population solidaire… mais impatiente
Selon un sondage Léger publié récemment, 67 % des Québécois souhaitent que les délais pour la réunification familiale soient ramenés à 12 mois ou moins, et 64 % estiment que ces dossiers doivent être une priorité de la politique d’immigration.
📎 À consulter : Cri du coeur contre les délais du regroupement familial au Québec
Les étudiants étrangers dans la ligne de mire
Jean-François Roberge a aussi profité de cette commission parlementaire pour cibler une autre catégorie : les étudiants internationaux qui demandent l’asile une fois sur le territoire québécois. Selon les données du MIFI, 23 % des demandes d’asile déposées en 2024 proviennent de détenteurs de permis d’études, soit environ 6000 personnes, contre 15 % (2800 personnes) l’année précédente.
« Des gens arrivent au Québec avec de faux prétextes pour ensuite faire une demande d’asile », a-t-il accusé, ajoutant que cela justifie un meilleur contrôle à l’entrée.
Cette déclaration fait écho au décret ministériel de février 2024, par lequel la ministre Pascale Déry a imposé une réduction de 32 000 demandes étudiantes acceptées en 2025, par rapport à l’année précédente.
📎 En savoir plus : Crise de l’immigration temporaire au Canada
Source : Le Devoir
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