Chronique d’une recherche de logement

Chronique d’une recherche de logement en janvier a Montreal

Samedi 6 janvier :
Je suis a Montreal depuis 2 jours dans un des appartements meubles du centre. Lundi, j’attaque le boulot. Ma moitie, mon bout de chou de 3 ans et notre boule de poil griffue me rejoignent debut fevrier. Le demenageur doit nous livrer nos affaires (quelques meubles et surtout des effets personnels) debut mars. J’ai un boulot. Mon epouse aussi (elle l’a trouve depuis la France), donc nous devons imperativement trouver une garde pour notre fille et un appartement.
Comme le premier est apparemment beaucoup plus difficile a trouver que le second, je me lance a la recherche du premier. Au regard des listes d’attente impressionnantes dans les garderies de Montreal, nous n’avons rien obtenu de positif a distance depuis la France, sauf a Longueuil (adresse fournie par une visiteuse assidue du forum!). Je me rends donc sur les lieux mais je dechante vite. Il y a des appartements a louer a Longueuil mais la garderie est loin de tout et si nous nous installons la, cela va nous faire 2 heures de transport aller-retour par jour. Pourquoi avoir quitte Paris ?

Samedi 13 janvier
L’accueil au boulot s’est bien passe. La secretaire de mom boss m’a meme trouve une garderie dans le quartier Mile-End (entre Outremont et le Plateau). Une garderie privee evidemment car pour trouver une place dans celles a 5 $, il faut s’y inscrire avant meme de s’etre demande si on envisage un jour d’avoir des enfants. Je me suis precipite pour y inscrire ma fille. Premier ouf de soulagement. J’attaque la recherche d’appartement.
Par internet : un site du nom de visitenet.com propose des appartements mais quand on appelle, ils sont toujours loues. Je fini par comprendre que ces annonces sont placees a l’annee et ne correspondent nullement a la disponibilite reelle.
Les autres sites proposent surtout de la vente ou bien des logements dans le centre a des prix exhorbitants.
Dans la presse :
– sur Le Journal de Montreal, on propose aussi beaucoup de logements dans le centre ou bien au contraire tres loin du centre (Montreal-Nord, Anjou, Cartierville, etc.). Quand on vient d’arriver et qu’on n’a pas de voiture, ce n’est pas l’ideal.
– le magazine gratuit VOIR parait le jeudi. Tout ce qu’il y a d’interessant est prix d’assaut des la parution (y compris sur le site internet de VOIR)
Conclusion : manteau, bonnet, moufles et c’est parti pour arpenter les rues a la recherche d’affiches.

Samedi 20 janvier
La semaine derniere,j’ai arpente tout Mile-End, une partie de Villeray, Jean-Talon , etc.(6 bonnes heures de marche) C’est maigre. Peut d’affiches et il s’agit souvent soit de petits appartements 21/2 soit d’immenses (71/2). J’ai deniche un 41/2 non loin du metro Parc et contacte le proprietaire. Ce dernier a ete tres desagreable (profitant certainement de mon accent francais et de mon hesitation au telephone).
“Ok, you can visit to morrow at 8:30. No cat no dog.
– But I have a cat and it’s very nice..
– Then, good bye!”
Ce matin, on frole les -20°. Je me vets chaudement et m’en repars direction Cote-des-Neiges.
Bonne surprise, le coin situe a l’ouest du metro regorge d’affiches “A louer”, mais je realise vite que c’est la meme duperie que sur internet. Les immeubles sont tous complets et puis je ne me sens pas seul dans ma recherche. C’est le defile devant chaque concierge. Vers 3 heures P.M., j’en ai ras-le-bol. Il fait froid, mes levres sont quasiment tetanisees. Je n’ai rien trouve. J’ai pose cent fois la meme question pour tomber sur la meme reponse : tout est complet!. J’en ai marre, marabout, etc.
Puis, dans une rue proche de l’Universite de Montreal, je tombe sur une affiche
“A louer 4 1/2”. Sans grande illusion, j’appelle le concierge qui me recoit plutot sympatiquement. Il me dit que l’appart est en travaux et qu’il sera libre le 1er mars.
Devant mon air transit (comme dans la pub qui circule en ce moment au Quebec sur une marque de fast-food), il accepte de me le faire visiter et tout en discutant il m’avoue que je suis la 15e personne depuis ce matin. Je visite. Bon, ce n’est pas le grand luxe auquel nous revions, mais c’est 2 fois plus grand que ce que nous avons a Paris et c’est pres du metro. Cela fait quand meme 700 $ chauffage inclus mais j’accepte immediatement.
Dimanche 21 janvier
Je me presente avec la moitie du premier loyer en liquide. La je dois remplir une feuille de renseignement tres detaillee. Tout ce que j’ai pu lire sur le droit des locataires au Quebec est oublie. On me demande mon NAS (que je n’ai pas encore), le nom et l’adresse de mon employeur, le montant de mon salaire annuel, le nom et l’adresse de 2 personnes qui peuvent se porter garantes, et meme le n° de mon compte en banque ! Si je refuse de donner ces renseignements que va-t-il se passer ? Eh bien, le logement sera loue a quelqu’un d’autre, ce ne sont pas les candidats qui manquent. J’aurai beau tambouriner a la porte de la Regie du Logement, il ne vont pas mettre le locataire a la porte pour me loger a sa place.
Je m’execute. Je donne tous les renseignements demandes.
Mercredi 24 janvier
La reponse est positive. 2e grand ouf de soulagement.
En conclusion : si vous avez la possibilite de reculer votre arrivee pour mai ou juin, faites-le sans hesiter. Le choix sera plus large et vous arpenterez les rues par des temperatures plus acceptables, la plupart des appartements se liberant pour le 1er juillet.
Pensez a provisionner votre compte en banque car meme si c’est illegal le proprietaire se fera un plaisir de vous refuser l’appartement pour non solvabilite.
Amenez le maximum de papier avec vous (passeport, visa, diplomes, CV). Faites serieux. Un immigrant n’inspire pas forcement confiance au premier abord… meme au Quebec
Amicalement
Jean-Pierre