Des délais sans précédent dans le traitement des demandes de résidence permanente (RP) au Canada – atteignant jusqu’à 50 ans – plongent les familles immigrantes et les avocats en état de choc. Le ministère fédéral de l’Immigration (IRCC) confirme pourtant qu’il ne s’agit pas d’une erreur.
Des familles prises dans une attente interminable
Olha Kushko et sa famille, réfugiés de la guerre en Ukraine, ont déposé une demande de résidence permanente en juin 2025 sous le programme humanitaire et de compassion. Ils ont fui Kyiv en 2023 grâce au programme spécial CUAET (Canada-Ukraine Authorization for Emergency Travel) et vivent désormais à Ottawa.
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« Nous étions sous le choc. Cela n’a aucun sens », confie Mme Kushko. Selon les nouveaux chiffres publiés dans le cahier de transition de la nouvelle ministre de l’Immigration, les délais pour ce type de demande varient désormais de 12 à 600 mois – soit jusqu’à 50 ans.
Sur le site officiel d’IRCC, une vérification effectuée en octobre indiquait que les demandes déposées en juin 2025 pourraient prendre plus de 10 ans, avec plus de 38 000 dossiers déjà en attente.
Pour la famille Kushko, qui espérait une attente d’environ deux ans, la nouvelle est catastrophique. Leurs permis de travail expirent bientôt et un retour en Ukraine, toujours ravagée par la guerre, semble impossible. Leur plus jeune fils, autiste, s’est intégré à l’école à Ottawa et ne supporte pas l’idée d’un nouvel exil.
Des délais qui touchent plusieurs programmes
Les chiffres publiés par IRCC ne concernent pas uniquement le programme humanitaire :
- 9 ans (108 mois) pour la voie des aides familiaux
- 19 ans (228 mois) pour le programme agroalimentaire
- 35 ans (420 mois) pour les entrepreneurs via le visa démarrage (startup visa)
Ces délais sont décrits comme « inédits » par les avocats en immigration, qui redoutent une stratégie gouvernementale pour effacer massivement des arriérés grâce au projet de loi C-12, qui accorderait de nouveaux pouvoirs étendus à la ministre.
L’inquiétude des avocats et des candidats
« Si ces délais sont exacts, c’est choquant. Mes clients sont paniqués », s’alarme Me Claire Houkayem, avocate à Ottawa. Elle dénonce un manque de transparence et juge la situation intenable : « Ils pourraient tout aussi bien dire qu’ils ne veulent pas traiter les dossiers. »
À Vancouver, Me Steven Meurrens estime qu’Ottawa a manqué de bonne foi en ouvrant ses portes à des millions de personnes sans prévoir de véritable parcours vers la résidence permanente. Il soupçonne que le gouvernement se prépare à annuler en bloc certaines catégories de demandes, comme cela s’est produit par le passé en 2012 (travailleurs qualifiés) et en 2014 (investisseurs et entrepreneurs).
Ottawa défend sa transparence
Le cabinet de la ministre Lena Metlege Diab nie toute erreur : « Nous voulons être aussi transparents que possible. Nos chiffres reflètent l’équilibre à rétablir dans le système d’immigration », affirme sa directrice des communications, Laura Blondeau.
IRCC précise que les délais sont calculés selon le nombre de demandes reçues et les cibles d’admissions fixées par le gouvernement, lesquelles ont fortement diminué au cours de la dernière année.
Quant au projet de loi C-12, le ministère refuse de confirmer s’il servira à annuler des milliers de dossiers, rappelant seulement que ces pouvoirs ne seraient pas utilisés « de manière unilatérale ».
Un avenir incertain
En attendant, des milliers de familles comme celle des Kushko vivent dans l’angoisse. Entre l’expiration de leurs statuts temporaires et la perspective de délais interminables, leur avenir au Canada est suspendu aux décisions politiques à venir.
« Je ne veux pas perdre mes enfants, je veux les garder en vie et heureux », conclut Mme Kushko, redoutant que l’espoir d’une stabilité durable au Canada ne leur échappe.
Source : CBC
Crédit photo : Immigrer.com, Coline parlementaire à Ottawa, Ontario



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