Le gouvernement du Québec souhaite diminuer considérablement l’immigration temporaire sur son territoire, mais cet objectif ambitieux se heurte à de sérieux obstacles, selon un récent rapport. L’économiste Pierre-Carl Michaud, professeur à HEC Montréal et auteur de ce rapport commandé par le ministère québécois de l’Immigration, qualifie même de « irréaliste » la volonté de réduire de 200 000 le nombre de résidents non permanents d’ici trois ans.
Depuis plusieurs années, le Québec fait face à une hausse spectaculaire du nombre de résidents temporaires. Alors qu’ils étaient environ 262 000 en 2021, leur nombre frôle aujourd’hui les 615 000, soit une augmentation de 135 % en moins de trois ans. Cette croissance est principalement alimentée par la délivrance massive de permis d’études et de permis de travail, incluant le Programme de mobilité internationale (PMI), le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), ainsi que par les demandes d’asile.
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L’un des principaux défis réside dans le partage complexe des responsabilités en matière d’immigration au Canada. En effet, l’immigration relève à la fois du gouvernement fédéral, basé à Ottawa, et du gouvernement provincial du Québec. Or, le Québec ne contrôle directement qu’une partie des admissions temporaires, notamment celles relevant des permis d’études et du PTET, par l’intermédiaire du Certificat d’acceptation du Québec (CAQ).
Selon Pierre-Carl Michaud, une réduction aussi drastique nécessiterait une baisse significative de l’émission de permis fédéraux. « Si on voulait atteindre [une réduction de] 200 000 d’ici trois ou quatre ans, il faudrait diminuer de beaucoup l’émission de permis, et je ne vois pas ça », souligne-t-il.
Le rapport propose plutôt une stratégie progressive, en visant une population d’environ 450 000 résidents non permanents en cinq ans, représentant alors 5 % de la population, contre près de 7 % actuellement. « Ça, c’est faisable, ça peut se faire », affirme Michaud, qui recommande également une augmentation temporaire du nombre de résidents permanents admis chaque année. Passer de 50 000 à 70 000 admissions annuelles permettrait de régulariser le statut de nombreux résidents temporaires bien intégrés, tout en facilitant une immigration économique directement depuis l’étranger.
Cependant, Pierre-Carl Michaud met en garde contre la stratégie actuelle du gouvernement fédéral, qui compte beaucoup sur les départs spontanés des résidents temporaires à l’expiration de leurs permis. « Il y a un peu de pensée magique dans cette stratégie-là parce qu’on n’a pas le système d’information pour s’assurer que, quand on ne renouvelle pas un permis, les gens ne restent pas sur le territoire », précise-t-il.
La situation à Montréal et Laval est particulièrement préoccupante pour le gouvernement québécois. Le premier ministre François Legault a récemment discuté avec son ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, de démarches à entreprendre auprès du gouvernement fédéral afin de diminuer l’immigration dans ces deux régions, où la proportion de résidents nés à l’étranger atteint respectivement 40 % et 33 % selon Statistique Canada.
Pierre-Carl Michaud insiste sur la nécessité d’une coordination accrue entre les deux paliers gouvernementaux et appelle à une gestion mieux structurée et plus prévisible des flux migratoires : « L’immigration, c’est tellement important pour le Québec qu’il faut réussir à faire un atterrissage en douceur », conclut-il.
Source : La Presse
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