Le taux de chômage des jeunes au Canada atteint un sommet inquiétant. En juillet, 14,6 % des 15 à 24 ans étaient sans emploi, selon Statistique Canada — un niveau jamais vu depuis près de 15 ans, hors pandémie. Un nouveau rapport de Desjardins met en lumière les causes profondes de cette fragilisation et alerte sur les perspectives d’avenir d’une génération en difficulté.
Des obstacles multiples
Le rapport identifie trois grands freins : l’essor du travail à la tâche, l’intelligence artificielle et la croissance démographique rapide. Ensemble, ces facteurs réduisent la capacité des jeunes à entrer sur le marché du travail et à décrocher une première expérience professionnelle.
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« J’ai vu mes propres enfants et ceux de mes amis peiner à trouver un emploi d’été ou un stage coopératif », témoigne Kari Norman, économiste et coauteure du rapport. Pour elle, la hausse actuelle du chômage des jeunes ressemble à un scénario typique de récession.
Des inégalités accrues
Les données montrent que certains groupes sont particulièrement touchés. Les 15-16 ans de retour à l’école ont connu un chômage de 31,4 % en juillet, au pic du marché des emplois estivaux. Les étudiants internationaux et les enfants de travailleurs récemment arrivés seraient aussi davantage pénalisés que les jeunes nés au pays.
« L’économie ne suit pas la croissance démographique observée ces dernières années », explique LJ Valencia, autre économiste de Desjardins. La reprise post-COVID, marquée par l’accélération des admissions de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants internationaux, a accentué la pression sur le marché.
Immigration et tensions politiques
La question alimente déjà le débat politique. Le chef conservateur Pierre Poilievre a dénoncé une « génération fauchée », accusant le Programme des travailleurs étrangers temporaires de concurrencer les jeunes Canadiens pour les emplois d’entrée. Il en réclame l’abolition.
Le premier ministre Mark Carney, de son côté, a promis de réduire globalement l’immigration, mais refuse de supprimer ce programme, soutenu par les provinces. Ottawa a toutefois ouvert la porte à des ajustements dans son plan d’immigration.
L’ombre de l’intelligence artificielle
Le rapport Desjardins souligne aussi l’impact de la transition numérique. Les plateformes de travail à la demande excluent souvent les moins de 18 ans, privant les adolescents de petites expériences rémunérées, comme promener des chiens ou garder des animaux.
Plus préoccupant encore, l’IA pourrait remplacer les emplois de premier échelon traditionnellement confiés aux jeunes. « Si un cabinet d’avocats utilise un outil d’IA pour trouver des jurisprudences, ce sont des clercs débutants qui perdent une opportunité cruciale », illustre Mme Norman.
Quelles solutions?
Desjardins recommande un meilleur alignement entre politiques migratoires et besoins du marché du travail, afin de ne pas laisser les jeunes Canadiens à l’écart. Les auteurs plaident aussi pour une réponse coordonnée des gouvernements provinciaux et fédéral afin de soutenir la transition entre l’école secondaire, les études postsecondaires et les métiers.
Sans intervention, préviennent les économistes, les conséquences pourraient être durables : une génération obligée de financer ses études par l’endettement, et un marché du travail privé d’un bassin de travailleurs qualifiés.
« C’est l’avenir de notre main-d’œuvre, insiste M. Valencia. Si le manque d’opportunités freine les jeunes, cela laissera des cicatrices structurelles sur l’économie canadienne. »
Source : La Presse
Crédit photo : Immigrer,com, Des jeunes sur la rue St-Denis, Montréal, Québec
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