Le gouvernement Legault a officiellement tourné la page sur le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), longtemps considéré comme une voie rapide vers la résidence permanente. Québec mise désormais sur son Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), qu’il présente comme un outil plus performant pour gérer l’immigration économique. Les premières invitations viennent d’être envoyées.
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Une transition qui inquiète, mais Québec défend son nouveau programme
Depuis l’abolition du PEQ, les critiques fusent. Plusieurs immigrants dénoncent un changement des règles « en cours de route » qui pourrait bouleverser leurs projets de vie au Québec. Des manifestations ont d’ailleurs eu lieu récemment pour réclamer une clause de droits acquis en faveur des personnes déjà installées, particulièrement des diplômés québécois et des travailleurs temporaires.
Le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, rejette cependant cette demande. Selon lui, les craintes sont exagérées :
« Ce sont davantage des craintes que des décisions. Ils n’ont pas reçu de décision négative », nuance-t-il, en affirmant que les « orphelins du PEQ » demeurent « d’excellents candidats » pour le PSTQ.
Québec assume pleinement ce virage. « Le PEQ était plus facile. C’est une porte qui se ferme, mais une autre s’ouvre », illustre le ministre, évoquant même une « autoroute plus rapide » pour sélectionner les travailleurs dont la province a réellement besoin.
Une première vague de 1870 invitations
Le gouvernement a confirmé avoir envoyé 1870 invitations à des personnes dont le profil correspond aux besoins prioritaires du Québec. Cette première sélection reflète la nouvelle stratégie d’immigration économique du PSTQ, axée sur :
- la régionalisation, pour réduire la pression sur Montréal et Laval
- les secteurs en pénurie, notamment la santé, l’éducation, la petite enfance, la construction, le génie et le manufacturier
- la valorisation des diplômes québécois
Répartition des invitations :
- 657 personnes vivant en région et travaillant dans le secteur manufacturier
- près de 800 travailleurs des secteurs ciblés (santé, éducation, petite enfance, construction, génie)
- 402 titulaires d’un diplôme du Québec
- Une douzaine de candidats du volet « talent d’exception »
Au total, 48 % des invités sont diplômés, un signal qui se veut rassurant pour les cégeps, universités et centres de formation.
Un modèle plus sélectif et plus flexible que le PEQ
Contrairement au PEQ, qui fonctionnait à la demande et avait peu de critères discriminants, le PSTQ impose un système de pointage fondé sur :
- la connaissance du français
- le lieu de résidence
- l’expérience professionnelle
- la formation
Le ministre défend cette approche en affirmant que le PSTQ offre une meilleure agilité, notamment face aux changements fréquents imposés par Ottawa concernant les programmes d’immigration temporaire — comme les nouveaux quotas visant les travailleurs à bas salaire.
En invitant directement ces travailleurs à déposer une demande de résidence permanente, Québec souhaite répondre plus efficacement aux besoins régionaux et sectoriels.
Des cibles d’immigration stables, mais une mécanique plus régulière
De nouvelles vagues d’invitations seront envoyées presque chaque mois dès 2026, promet le ministre. Cette cadence permettra à Québec d’ajuster sa sélection selon la conjoncture du marché du travail.
Objectifs annoncés :
- 45 000 immigrants permanents par année pour 2026 à 2028
- dont 29 000 sélectionnés via le PSTQ
- 65 000 immigrants permanents attendus en 2025
Quant aux personnes qui avaient soumis une demande au PEQ avant sa suspension, Québec assure que tous les dossiers seront traités. Environ 220 demandes demeurent en attente.
Une réforme qui redessine le paysage de l’immigration québécoise
La disparition du PEQ marque un tournant majeur. Certains y voient une fermeture injuste, d’autres une modernisation nécessaire. Pour le gouvernement, le message est clair : l’immigration économique doit être plus ciblée, plus francophone et davantage orientée vers les régions.
Reste à voir si cette « nouvelle voie » réussira à répondre aux attentes du marché du travail — tout en rassurant les milliers de personnes qui espéraient obtenir leur résidence permanente grâce à l’ancien PEQ.
Source : La Presse



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