Sa carrière de militaire au sein de l’armée française lui a offert l’opportunité de voyager à travers le monde, mais c’est au Canada qu’Emmanuel a choisi de poser ses valises il y a vingt ans.
Natif de la région Champagne-Ardenne, il s’est engagé dans la Marine nationale à l’âge de dix-huit ans, influencé par le mode de vie que son père, également militaire, lui avait transmis, ce choix de carrière était une évidence pour lui.
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Après avoir complété sa formation militaire initiale à Querqueville, Emmanuel est parti à Saint Mandrier, non loin de Toulon , au centre d’instruction naval afin de se former au métier d’opérateur sonar, à l’issue de laquelle il à rejoint l’équipe du sous- marin Agosta sur la base sous marine de Lorient, sa première affectation, qui fût également l’occasion pour lui de suivre des cours de spécialisation en sous-marin, et de passer son Brevet d’aptitude d’opérateur sonar, qui lui à ouvert la voie vers sa deuxième affectation, sur l’ Aviso Commandant L’herminier à Brest, intégrant ainsi l’équipe de lutte anti sous marine.
Reconstruire sa vie après l’armée
Au bout de 8 ans de carrière, suite à des réformes de l’époque, son contrat n’a pas pu être renouvelé, il a ainsi bénéficié d’une reconversion militaire en tant que magasinier, afin de l’aider dans son retour à la vie civile.
Se sentant seul, sans le soutien dont l’armée l’avait habitué, ce retour à la vie civile fut difficile pour lui.
Emmanuel a cumulé les petits boulots, jusqu’au jour où une nouvelle carrière lui est offerte. L’aéroport Paris-Vatry venait d’ouvrir ses portes, il fallait du personnel, ce fut l’occasion pour lui d’y être embauché, et de saisir l’opportunité de pouvoir suivre de multiples formations liées aux métiers aéroportuaires.
C’est donc en tant qu’agent de piste qu’Emmanuel avait trouvé sa nouvelle voie.
Le voilà donc avec un emploi stable, une vie de famille et propriétaire d’une maison.
Mais il manquait quelque chose. Ce goût du voyage, de l’aventure, qu’il a connu lors de sa carrière dans l’armée était bien trop présent pour une vie si bien rangée.
Son directeur étant québécois, lui vantant son pays d’origine, l’idée de partir au Canada n’as pas été longue à germer.
C’est en 2004, que les démarches ont été lancées. Sa résidence permanente reçue en moins d’un an, Emmanuel, sa femme et leurs deux enfants ont déménagés, direction Montréal, sans emplois, sans aucunes certitudes, dans un pays totalement inconnu. Le goût de l’aventure était bien là !

Une intégration facile et rapide
Peu de temps après leur arrivée, Emmanuel à suivi des cours pour faire valoir ses équivalences de diplômes et à rapidement trouvé du travail en tant qu’agent de sécurité dans un collège à Montréal.
Il avait trouvé sa place, un mode de vie qui lui convenait, il avait obtenu sa nationalité canadienne et se sentait vraiment chez lui, à sa place.
Ce sentiment de “manque de quelque chose “ n’était plus là.
Jusqu’au jour où, totalement par hasard, il tombe sur un article internet au sujet des fusiliers Mont Royal… Surpris par le fait qu’il n’y ait pas de limites d’âge, contrairement à la France, pour s’engager, son esprit militaire repris vite le dessus, c’était décidé, il allait rejoindre l’infanterie en tant que réserviste.
Un retour dans le monde militaire
C’est donc en parallèle de son emploi au sein du collège qu’il a intégré la réserve de Montréal.
Âgé de 36 ans, c’était lui le doyen de sa promotion.
Ce qui aurait été une faiblesse pour certains a été une force pour lui, il se sentait en forme, repoussait ses limites afin de ne pas sentir cette différence d’âge entre lui et ses coéquipiers.
Malgré des moments plus difficiles que d’autres, il à réussi à passer les formations nécessaires et à été affecté aux fusilier Mont royal à Montréal.
Durant 3 ans, Emmanuel à alterné travail la semaine, et réserve militaire le week-end, un rythme effréné qui a eu raison de lui. Sentant que son corps ne supporterait pas autant de fatigue, il à quitté la réserve militaire et repris sa vie civile, au sein du collège André-Grasset, là où il était employé depuis plus de dix années.
“j’enchaînais les entraînements, les exercices de préparation au déploiement, j’avais 40 ans et j’ai senti qu’il ne fallait pas que je force plus, mon niveau de fatigue s’accumulait”.
Une décision qui va changer sa vie
Après un temps de réflexion, l’armée est toujours présente dans son esprit. Il à donc décidé, en 2017 âgé de 44 ans de quitter son emploi pour s’engager et se consacrer à l’armée.
“ j’approchais des 45 ans, je me suis dit, c’est maintenant ou jamais. “
L’avantage de la non-restriction d’âge, l’envie de continuer une carrière militaire, il n’en fallait pas plus, le voilà, à l’aube de ces 45 ans, intégrer la Royal Canadian Air force.
Un nouveau départ à zéro, sans passer par la case formation, car son expérience de réserviste datait de moins de 5 ans.
Les cours ont repris, à Borden, il s’est spécialisé dans le métier de technicien de mouvements. Un petit clin d’œil à son ancienne vie en France, lorsqu’il travaillait à l’aéroport, là ou finalement toute cette aventure a commencé.
A la suite de cette formation, il a été posté sur la base militaire de Trenton, la plus grande base aérienne du Canada.
Son intégration et son expérience l’ont vite mis à l’aise dans son métier.
“Le jargon militaire y est légèrement différent, car ici, on utilise que des mots anglais, une affectation en france devient un posting pour le Canada, ce ne sont que des petits détails auxquels il faut s’habituer.
Pour ce qui est du reste, ça reste très similaire.”
Le plus difficile pour lui a été la barrière de la langue. Il ne parlait que très peu Anglais, alors que c’est la langue la plus utilisée sur la base, l’occasion de se lancer un défi supplémentaire : atteindre un niveau d’anglais correct en reprenant les cours.
Aujourd’hui, quand on lui demande s’il a eu un sentiment de reconstruction personnel, sa réponse est sans appel : “c’est moi qui a voulu recommencer, je savais que cela n’allait pas être facile, je me suis lancé des défis et j’ai atteint mes objectifs. “

De la France au Canada, il n’y a qu’un pas
Mettre face à face sa carrière en France et au Canada, c’est comprendre comment ces territoires ont façonné son parcours
“ La différence de culture est énorme par rapport à la France.
Ici, il y à toute sortes de nationalités, de l’inuit à l’Haitien, des Français comme moi, des Canadiens, c’est multiculturel. L’ouverture d’esprit des Canadiens est incroyable, ils sont très avenants, toujours à se soucier du bien-être de leurs soldats. La confiance est immédiate.”
Emmanuel a très vite été déployé sur plusieurs missions.
Mais selon lui, l’esprit fraternel de la marine n’est comparable à aucune autre arme, que ce soit en France ou au Canada.
“ On tisse des liens vraiment spéciaux, du fait d’être sur un bateau pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.”
Pour conclure notre entretien, Emmanuel m’a confié que s’il avait su plus tôt qu’il pouvait s’engager dans l’armée canadienne, il l’aurait fait. Mais c’est sans regret, car il garde de bon souvenirs de ces expériences d’immigré, surtout au cours des douze années passées dans le collège qui l’employait.
“ Je n’ai aucun regret, je ressens plutôt de la fierté, fier d’avoir osé me lancer des défis personnels et de les avoir atteint, je suis fier d’avoir pu aller dans l’armée Française,d’avoir eu le privilège d’être dans un sous-marin et de me retrouver dans les forces armées canadiennes, J’ai réussi à avoir fait les trois armes : mer / terre / air. “
Marion.J
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