Le Canada connaît un ralentissement historique dans sa croissance démographique, selon les plus récentes données de Statistique Canada. Entre le 1er janvier et le 1er avril 2025, la population n’a augmenté que de 20 107 personnes, atteignant un total de 41 548 787 résidents. Il s’agit de la plus faible croissance observée depuis le troisième trimestre de 2020, au cœur de la pandémie, alors que la population avait brièvement diminué de 1232 personnes.
Ce léger gain démographique est qualifié de croissance nulle par l’organisme, et marque le sixième trimestre consécutif de ralentissement. En toile de fond : les décisions prises par Ottawa en 2024 pour freiner l’immigration temporaire et permanente, dans un contexte de pression croissante sur le logement, les services publics et l’intégration économique.
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« Il s’agit du deuxième taux d’accroissement démographique le plus faible au Canada depuis que des données comparables existent (depuis le premier trimestre de 1946), après le troisième trimestre de 2020 et à égalité avec le quatrième trimestre de 2014 », a déclaré l’agence fédérale de statistiques.
Croissance et immigration
Sans l’immigration, le Canada aurait vu sa population diminuer : les décès ont surpassé les naissances de 5628 au cours du trimestre. La seule source de croissance nette provient donc des nouveaux arrivants.
- Immigrants permanents admis : 104 256
- Émigration nette : 17 410
- Résidents non permanents : diminution de 61 111
Ce dernier chiffre marque une rupture notable : jamais depuis plusieurs années le Canada n’avait vu un recul aussi important du nombre de résidents non permanents — une catégorie qui comprend les étudiants internationaux, travailleurs étrangers temporaires, demandeurs d’asile et autres visiteurs prolongés.
Le nombre de résidents non permanents au Canada a connu, au premier trimestre de 2025, sa plus forte baisse depuis les restrictions frontalières imposées pendant la pandémie de COVID-19. Au 1er avril 2025, on comptait 2 959 825 résidents non permanents, soit 7,1 % de la population totale, en recul par rapport au sommet de 7,4 % atteint le 1er octobre 2024. En seulement trois mois, ce groupe a diminué de 61 111 personnes, un repli d’une ampleur inégalée depuis le troisième trimestre de 2020 (-67 698).
Cette chute tranche nettement avec la tendance saisonnière habituelle, qui montre généralement une hausse en début d’année. Ce recul s’explique principalement par la baisse marquée du nombre d’étudiants étrangers détenant uniquement un permis d’études (-53 669), particulièrement en Ontario (-30 160) et en Colombie-Britannique (-11 742), deux provinces qui concentrent historiquement la majorité de cette population. Les détenteurs de permis de travail ont, quant à eux, connu une légère baisse (-5 114), mais leur nombre reste élevé à 1 453 481. En revanche, les demandeurs d’asile, personnes protégées et groupes apparentés ont poursuivi leur progression pour un 13e trimestre consécutif, atteignant un nouveau sommet de 470 029 (+12 744).
Immigration en baisse, mais toujours élevée
À l’échelle géographique, toutes les provinces et le Yukon ont enregistré une baisse du nombre de résidents non permanents depuis le 1er janvier 2025, à l’exception des Territoires du Nord-Ouest (+13) et du Nunavut (+9). Malgré tout, l’immigration permanente demeure à un niveau élevé avec 104 256 nouveaux arrivants accueillis ce trimestre, bien qu’il s’agisse du plus faible total pour un premier trimestre depuis 2021.
« Toutefois, avant 2022, le Canada n’avait jamais accueilli plus de 86 246 immigrants au cours d’un premier trimestre (sommet qui avait été atteint au premier trimestre de 2016) », rappelle Statistique Canada.
À titre comparatif, avant 2022, jamais le Canada n’avait accueilli plus de 86 246 immigrants durant cette période de l’année. Cette diminution reflète les nouvelles cibles revues à la baisse dans le Plan des niveaux d’immigration 2025, et s’est fait sentir dans presque toutes les provinces et territoires — seuls Terre-Neuve-et-Labrador (+103), les Territoires du Nord-Ouest (+7) et le Nunavut (+13) ont connu une hausse par rapport à 2024. Statistique Canada rappelle par ailleurs que ses estimations sur les résidents non permanents, produites en collaboration avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), peuvent différer de celles d’IRCC en raison des méthodologies et finalités distinctes de chaque organisme. Des tableaux de bord interactifs sont désormais accessibles pour visualiser en détail l’évolution des résidents non permanents par type ainsi que les composantes de la migration internationale par province et territoire.
Un nouveau virage dans la politique migratoire
En octobre 2024, Ottawa dévoilait son Plan des niveaux d’immigration 2025-2027, un document-clé dans lequel, pour la première fois, les étudiants internationaux et les travailleurs temporaires faisaient l’objet de cibles précises.
« Ces dernières années, le Canada a accueilli de nouveaux arrivants pour soutenir son économie et répondre aux besoins du marché du travail. Alors que nous nous éloignons des mesures postpandémiques, il est nécessaire de mieux aligner les niveaux d’immigration des résidents temporaires et permanents sur la capacité des communautés », affirmait alors le gouvernement fédéral.
Cette nouvelle stratégie, qui vise à rééquilibrer les flux migratoires, répond à des critiques croissantes sur la pression exercée par l’immigration temporaire sur le logement, les soins de santé et l’éducation, en particulier dans les grandes villes comme Toronto, Vancouver ou Montréal.
Ce que cela signifie pour les candidats à l’immigration
Pour ceux qui rêvent de s’installer au Canada, ce ralentissement marque un tournant à ne pas négliger. Les portes ne sont pas fermées, mais les critères de sélection se resserrent, et les quotas — notamment pour les étudiants et les travailleurs temporaires — sont désormais plafonnés.
Le Canada, longtemps considéré comme l’un des pays les plus accueillants en matière d’immigration, entre dans une phase de consolidation. Ce ralentissement démographique pourrait avoir des répercussions profondes sur le marché du travail, la croissance économique, et la composition même de la société canadienne.
Croissance par période historique
- 1851–1861 : une croissance extrêmement forte, autour de 2,86 % par an en moyenne, portée par une natalité élevée et des vagues d’immigration vers l’Ouest
- 1861–1901 : forte poussée, avec un taux annualisé supérieur à 1,3 %
- 1901–1921 : croissance maximale, avoisinant 3 % par an
- 1931–1941 : ralentissement plus marqué, à un peu plus de 1 % par an
- 1941–1961 : autre période très forte, alimentée par le baby‑boom d’après‑guerre ; taux non précisé ici mais historiquement élevé (comparé à 1851–1861)
Croissance récente (1990–2021)
D’après Statistique Canada et estimations mondiales :
- 1990–2008 : +5,6 M de personnes, soit +20,4 % en tout sur 18 ans (~1 % annuel) .
- 2016–2021 : la population passe de ~36,1 M à ~36,99 M, soit +2,4 M (+5,2 % en 5 ans, ~1 % par an)
- 2022 : +1 050 110 habitants, taux record de +2,7 % (le plus élevé depuis 1957)
- 2023 : encore +1,27 M soit +3,2 %, la croissance la plus rapide en 66 ans
Sources de cette récente croissance :
- En 2023, 97,6 % de la croissance découle de l’immigration, le solde naturel (naissances – décès) ne représentant que 2,4 % .
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source : Noovo – Statistique Canada
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