Les personnes touchées par l’abolition du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) ont trouvé une oreille attentive à l’hôtel de ville de Montréal. Lundi, plusieurs travailleurs immigrants et leurs proches se sont présentés devant le conseil municipal avec un objectif clair : obtenir l’appui de la mairesse Soraya Martinez Ferrada. Un appui qu’elle dit vouloir leur offrir.
Depuis que le gouvernement du Québec a remplacé le PEQ par le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), de nombreuses personnes issues de l’immigration se retrouvent dans une impasse. Les nouveaux critères sont plus exigeants, le système repose sur un pointage et, parallèlement, d’autres voies d’accès à la résidence permanente — comme le parrainage — ont été resserrées.
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La situation est d’autant plus difficile que le premier ministre François Legault a récemment indiqué que les travailleurs immigrants devraient désormais se qualifier par le PSTQ, à l’exception de ceux établis à Montréal et à Laval, sans toutefois préciser comment cette exception pourrait se traduire concrètement.
« Quand on donne sa parole, on s’attend à ce qu’elle soit respectée »
Interpellée par un citoyen sur la fin du PEQ, Soraya Martinez Ferrada a laissé entendre que le gouvernement devrait au minimum offrir une chance aux personnes déjà établies au Québec avant la création du PSTQ.
« Il est bien évident que quand on a donné sa parole à quelqu’un, on s’attend à ce que cette parole soit respectée », a-t-elle déclaré.
La mairesse a affirmé vouloir jouer un rôle actif pour défendre les intérêts de Montréal et de ses résidents immigrants.
« Je vais être une alliée pour représenter Montréal. […] Je vais être une alliée pour tous ceux et celles qui ont choisi Montréal et j’espère avoir des conversations avec le gouvernement du Québec pour voir comment Montréal peut être pris en considération. »
Elle s’est toutefois gardée de dire si elle comptait interpeller directement le premier ministre à ce sujet. La semaine précédente, le maire de Québec, Bruno Marchand, avait qualifié les décisions du gouvernement Legault en immigration d’« inhumaines ».
Une famille prise au piège
Parmi les témoignages entendus, celui de Rudy Doupeux, ressortissant français, et de sa conjointe Gaëlle Polican, aujourd’hui citoyenne canadienne, a particulièrement marqué la séance. Le couple dénonce les conséquences concrètes du remplacement du PEQ.
M. Doupeux comptait sur la « voie rapide » qu’offrait le PEQ pour accéder à la résidence permanente. L’abolition du programme et le durcissement des règles de parrainage ont toutefois fermé toutes les portes, selon eux.
« Je suis père de deux enfants, beau-père de deux enfants québécois. Nous sommes pleinement ancrés dans la vie montréalaise. Malgré notre intégration exemplaire, la succession de changements récents dans les programmes d’immigration […] ont simultanément fermé toutes les voies d’accès à la résidence permanente », déplore-t-il.
Quitter la province n’est pas une option. L’ex-conjoint de Mme Polican, père de deux de ses enfants, s’oppose à un déménagement trop éloigné.
« Je suis dans une impasse. Soit je perds ma famille, soit je perds ma famille. Je perds mon conjoint, ou je perds mes enfants », a-t-elle confié.
Visiblement émue, la mairesse a exprimé ses sympathies et a réitéré son engagement : « Je vais m’assurer qu’on garde tous les Montréalais ici dans notre ville. »
Un débat toujours bien vivant
Deux autres citoyens souhaitaient également intervenir sur la fin du PEQ, mais la présidente du conseil municipal, Chantal Rossi, a refusé de leur accorder la parole, estimant que le sujet avait déjà été abordé à plusieurs reprises.
Rappelons que le PEQ permettait aux travailleurs étrangers ayant cumulé 12 mois d’expérience au Québec de présenter une demande de résidence permanente. Le PSTQ, qui l’a remplacé, impose désormais un système de sélection plus restrictif fondé sur un pointage, laissant de nombreux immigrants établis au Québec dans l’incertitude quant à leur avenir.
Source : Journal Métro
Crédit photo : Mairie de Montréal, Vieux-Montréal, Montréal, Québec



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