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Immigration : la fin du rêve canadien ?

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Dans un reportage de France 24, le Canada, longtemps perçu comme un « eldorado » pour les nouveaux arrivants, apparaît désormais en plein virage migratoire. Le gouvernement de Mark Carney a gelé ses objectifs d’accueil, réduit les quotas et fermé plusieurs programmes de régularisation, y compris ceux destinés aux étudiants et aux travailleurs temporaires. Ce durcissement reflète un basculement profond de l’opinion publique. En 2019, plus de neuf Canadiens sur dix jugeaient l’immigration bénéfique, plaçant le pays en tête d’un sondage mondial de la firme Gallup. Cinq ans plus tard, le ton a radicalement changé : 58 % estiment désormais que l’immigration est “trop importante” – contre 27 % seulement en 2022 – et 40 % considèrent qu’il y a “trop de minorités ethniques”, une première en plus d’un quart de siècle.

Voir le reportage de France 24:

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Montréal : l’engagement d’un militant haïtien

Franz André a fui enfant la dictature de François Duvalier en Haïti dans les années 1960. Après une carrière dans le marketing au Canada, il consacre aujourd’hui sa retraite à la défense des droits des migrants et des personnes sans statut. Dans une église transformée en centre d’hébergement, il accompagne les nouveaux arrivants, souvent démunis.

Kisha Estimé, elle aussi d’origine haïtienne, gère un dortoir où une trentaine d’hommes, pour la plupart demandeurs d’asile, transitent de quelques jours à plusieurs mois. Beaucoup ont fui les États-Unis, après la fin du statut de protection temporaire (TPS) accordé aux Haïtiens suite au séisme de 2010. Washington exige désormais leur retour, malgré l’insécurité extrême en Haïti.

« La pression est énorme, je ne peux pas supporter ça », confie un père de famille arrivé récemment. « J’ai toujours eu peur de vivre dans ces conditions. Ici, au moins, il y a une chance. »

Pourtant, les règles canadiennes sont strictes. Depuis l’entente sur les tiers pays sûrs, tout demandeur d’asile qui n’a pas de famille au Canada est automatiquement renvoyé aux États-Unis.

Un durcissement aux frontières

En 2025, malgré une chute de 45 % des demandes d’asile au niveau national, le poste frontalier au sud du Québec enregistre une activité record, dominée par les migrants haïtiens. Plus de 2 700 d’entre eux ont déjà été refoulés cette année.

Ottawa a aussi revu à la baisse les quotas d’immigration jusqu’en 2027 et suspendu plusieurs programmes, marquant un tournant historique dans l’accueil des réfugiés.

Toronto : quand le rêve s’effrite

À Toronto, près d’un habitant sur deux est né à l’étranger. Pourtant, la ville est devenue presque inaccessible. Le coût de la vie y est exorbitant, l’accès au logement saturé et le marché du travail étouffé.

Sultan Jaangir, arrivé du Bangladesh en 2005, témoigne :
« Même les immigrés qualifiés, docteurs ou ingénieurs, attendent parfois deux ou trois ans avant de trouver un emploi. Et souvent pas dans leur domaine, mais dans des petits boulots de survie. »

À Scarborough, Jumaranipol, ancienne comptable, a investi toutes ses économies et emprunté 50 000 $ pour venir étudier la gestion des affaires. Son mari, avocat dans leur pays, s’est retrouvé sans ressources. Le couple a attendu 11 mois pour un permis de travail post-diplôme, sans assurance santé ni allocations pour leurs enfants. « On avait tout perdu », raconte-t-elle.

Depuis 2024, le Canada a réduit drastiquement le nombre d’étudiants internationaux et, en 2025, modifié le système de points pour la résidence permanente. Résultat : des dizaines de milliers d’étudiants, ruinés, ont dû quitter le pays malgré leurs diplômes.

Montée du racisme et désillusion

À Toronto, Sultana, responsable d’une association d’aide aux femmes sud-asiatiques, constate une inquiétante évolution :
« La timidité, la peur ou la tristesse vous empêchent de réussir au Canada. Mais il y a aussi le racisme. Beaucoup de nos femmes se font attaquer en ligne juste parce qu’elles montrent leur culture. »

En 2019, plus de 90 % des Canadiens considéraient l’immigration comme bénéfique. En 2024, ils ne sont plus que 60 %. Pire encore : 40 % estiment qu’elle nuit à la cohésion sociale. Ce retournement alimente les discours politiques restrictifs, malgré les appels du patronat qui réclame de conserver les travailleurs étrangers jugés vitaux pour l’économie.

Les sans-papiers, vulnérables et invisibles

À Montréal, Franz André accompagne aussi les sans-papiers. Parmi eux, Sopia (nom d’emprunt), une jeune Mexicaine exploitée comme femme de ménage clandestine dans un hôtel. Elle raconte :
« On nous fait travailler douze heures, mais on n’en est payés que sept. Parfois, j’ai travaillé plus de vingt heures d’affilée sans m’arrêter. »

Le Canada compterait aujourd’hui environ 500 000 sans-papiers, souvent employés dans le ménage, la restauration ou l’entretien, de nuit et sans droits. « Ce sont des gens qui contribuent à l’économie, mais sans protection légale », dénonce André. « On crée une population vulnérable, exposée aux abus et à la précarité sociale. »

Une promesse gouvernementale

Le gouvernement s’est engagé à réduire, d’ici 2026, la part des résidents temporaires de 7 % à 5 % de la population totale. Mais pour des milliers de migrants qui voyaient le Canada comme une terre d’accueil, l’image d’eldorado s’efface au profit d’une réalité bien plus dure.

Source : France 24

Écrit par
Laurent Gigon

Cofondateur du site Immigrer.com

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