Le revenu viable, c’est la somme dont il faut disposer pour vivre véritablement hors de la pauvreté au Québec. C’est un calcul qui va au-delà de la simple couverture des besoins de base, au-delà du seuil de pauvreté officiel au Canada. Il est réalisé chaque année par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
En 2025, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a publié ses données actualisées sur le revenu viable, révélant que de nombreux Québécois peinent à joindre les deux bouts malgré une hausse du salaire minimum. Le revenu viable représente le revenu net nécessaire pour couvrir les besoins essentiels et participer pleinement à la vie sociale, économique et culturelle.
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Revenu viable par ville et type de ménage
Voici les estimations de l’IRIS pour le revenu viable en 2025 dans diverses villes du Québec :
Ville | Personne seule | 1 adulte + 1 enfant | 2 adultes + 2 enfants |
---|---|---|---|
Montréal | 40 084 $ | 52 285 $ | 85 200 $ |
Québec | 35 872 $ | 48 098 $ | 77 680 $ |
Gatineau | 41 110 $ | 53 309 $ | 80 540 $ |
Sherbrooke | 33 595 $ | 46 624 $ | 76 935 $ |
Saguenay | 32 180 $ | 55 232 $ | 75 533 $ |
Trois-Rivières | 31 696 $ | 43 960 $ | 72 081 $ |
Sept-Îles | 42 884 $ | 55 446 $ | 85 463 $ |
Ces chiffres illustrent les variations du coût de la vie selon les régions, influencées par des facteurs tels que le logement, le transport et les services de garde.
Le logement, principal facteur de hausse
L’augmentation des coûts de logement est l’un des principaux moteurs de la hausse du revenu viable au Québec. À Gatineau, par exemple, le loyer moyen pour un appartement de 3 ½ a grimpé de 16 % en un an, entraînant une hausse de 9,5 % du revenu viable pour une personne seule.
À Montréal, la situation est encore plus marquée. Pour une personne seule, le revenu viable atteint environ 40 000 $. Il s’élève à 52 000 $ pour un adulte avec un enfant et à 85 000 $ pour un couple avec deux enfants. Ces montants sont parmi les plus élevés au Québec.
Pourquoi un tel niveau à Montréal ? Principalement à cause des loyers, qui figurent parmi les plus élevés de la province selon la SCHL. Il faut aussi considérer ce qu’on appelle la « pénalité au roulement » : depuis 2024, un montant additionnel est intégré pour refléter la réalité selon laquelle les propriétaires augmentent souvent significativement le loyer lorsqu’un logement change de locataire. Cette différence peut atteindre 28 % entre un ménage établi et un nouveau locataire. En intégrant cet écart, on obtient une image plus fidèle du marché locatif montréalais.
Comparativement, les revenus viables sont plus bas à Trois-Rivières : 31 000 $ pour une personne seule, 44 000 $ pour un adulte avec un enfant, et 72 000 $ pour un couple avec deux enfants. Cela s’explique par un coût de la vie plus abordable. Les loyers y sont moins élevés, la pénalité au roulement y est modeste, et le transport collectif y est efficace et peu coûteux. De plus, le coût de l’alimentation y est également plus bas, ce qui constitue un avantage notable pour les ménages.
À l’inverse, à Sept-Îles, les montants sont parmi les plus élevés : près de 43 000 $ pour une personne seule, 55 000 $ pour un adulte avec un enfant, et 85 000 $ pour un couple avec deux enfants. Cette situation s’explique avant tout par le coût du transport. À Sept-Îles, on considère qu’une personne seule doit posséder une voiture, et qu’une famille a besoin de deux véhicules. De plus, les résidents doivent souvent se déplacer une fois par an vers un grand centre pour accéder à certains services spécialisés — une réalité propre aux régions éloignées.
Fait intéressant : bien que les réalités diffèrent, le revenu viable pour une famille de deux adultes et deux enfants est comparable entre Montréal et Sept-Îles. En somme, le coût élevé du logement à Montréal compense les dépenses en transport à Sept-Îles.
Deux grandes tendances ont marqué l’évolution du revenu viable en 2025. D’une part, une baisse notable du coût du transport a été observée, principalement en raison de la chute des prix des voitures usagées, qui étaient très élevés pendant la pandémie. Cette baisse a contribué à réduire le revenu viable dans certaines villes, comme Sept-Îles. D’autre part, cette diminution a été contrebalancée — voire dépassée — par une flambée des loyers. Alors que le Tribunal administratif du logement recommandait une hausse moyenne de 4 %, nos analyses révèlent plutôt une augmentation de l’ordre de 11 %, soit près de trois fois plus.
Sur le plan de l’évolution des dépenses entre 2019 et 2025, les hausses sont impressionnantes :
Pour une personne seule :
- Alimentation : +28 %
- Logement : +64 %
- Transport : +75 %
Pour une famille de deux adultes et deux enfants :
- Alimentation : +25 %
- Logement : +67 %
- Transport : +57 %
Ces chiffres illustrent bien l’impact de l’inflation au cours des dernières années, influencée par divers facteurs comme les tensions économiques internationales et la guerre tarifaire.
Heureusement, certaines tendances récentes sont plus encourageantes : ralentissement de l’inflation alimentaire, baisse du coût de l’essence, de l’entretien automobile et des voitures usagées. Toutefois, il est difficile de savoir si cette accalmie se maintiendra.
Comparaison avec le salaire minimum
Enfin, alors que le salaire minimum passe de 15,75 $ à 16,10 $ l’heure au Québec, la question demeure : est-ce suffisant pour atteindre le revenu viable ? La réponse est non. À ce taux, une personne travaillant à temps plein atteint tout juste la mesure du panier de consommation (MPC), soit le strict minimum pour combler ses besoins de base. Or, pour vivre dignement à Montréal, une personne seule aurait besoin d’un salaire d’environ 28 $ l’heure — un écart considérable entre le minimum légal et le revenu réellement nécessaire.
Le rapport 2025 de l’IRIS souligne que, malgré certaines baisses de coûts, notamment en transport, le revenu nécessaire pour vivre hors de la pauvreté au Québec continue d’augmenter, principalement en raison de la hausse des loyers. Cette situation met en évidence la nécessité de politiques publiques visant à rendre le logement plus abordable et à ajuster le salaire minimum en fonction du coût réel de la vie.
Pour consulter le rapport complet : Le revenu viable en 2025
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