Alors que le gouvernement du Québec limite l’immigration permanente et temporaire, Québec International continue d’organiser des missions de recrutement à l’étranger. Une démarche que l’OBNL considère essentielle pour soutenir l’économie régionale, mais qui suscite de plus en plus de critiques sur sa cohérence.
Des missions toujours actives à l’international
Au cours des dernières semaines, des représentants de Québec International se sont rendus au Brésil et prévoient une mission à Paris le mois prochain. Plus de 35 établissements d’enseignement et employeurs participeront à l’événement, cherchant à attirer des travailleurs qualifiés comme des soudeurs, électromécaniciens, mécaniciens, mais aussi des candidats pour des postes en restauration.
L’organisme rappelle que son rôle est de soutenir le développement économique de la région de Québec et de renforcer son rayonnement international. Pour sa directrice principale à l’attraction et à la rétention de talents, Janaïna Kamide, l’immigration demeure « un levier important » pour combler les besoins dans les entreprises et les universités. Elle souligne notamment que certains programmes d’études ne pourraient pas démarrer sans l’apport des étudiants étrangers.
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Un paradoxe dénoncé par les acteurs du milieu
Cette stratégie soulève toutefois de vives critiques. Des avocats en immigration, dont Me Maxime Lapointe, estiment qu’il est incohérent d’aller chercher de nouveaux candidats à l’étranger alors que des milliers de travailleurs déjà installés au Québec devront repartir, faute de renouvellement de leur permis.
« Aujourd’hui, il est impossible de dire qu’on ne trouve pas de travailleurs au Québec. Il y en a qui perdent leur statut tous les jours », s’insurge Me Lapointe. Même constat du côté de l’opposition politique : Guillaume Cliche-Rivard (Québec solidaire) et André Albert Morin (Parti libéral) rappellent qu’avant de recruter ailleurs, il faudrait s’assurer que ceux qui sont ici puissent rester.
Plusieurs exemples illustrent cette tension, notamment celui d’un soudeur français qui devra probablement quitter le Québec malgré son souhait de rester, alors que des entreprises affirment avoir du mal à recruter dans ce domaine.
Un gouvernement qui maintient aussi son recrutement
Le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) confirme lui aussi l’organisation de missions ciblées en Europe et en Amérique latine cet automne, notamment dans les secteurs de la santé, des services sociaux et de l’éducation.
Le ministre québécois de l’immigration, Jean-François Roberge, déposera son plan en immigration le 6 novembre, au terme de consultations publiques où le gouvernement a déjà laissé entendre que la « capacité d’accueil » de la province était atteinte.
Des enjeux de cohérence et de transparence
Québec International assure que ses missions n’utilisent pas de fonds publics directs. Les employeurs et établissements paient environ 9 000 $ pour participer, couvrant notamment les frais de déplacement des équipes. L’organisme insiste aussi sur sa transparence : des experts en immigration accompagnent les missions afin de bien informer les candidats et d’éviter les fausses promesses.
Néanmoins, des juristes comme Me Yves Martineau jugent que l’appui symbolique du gouvernement, ne serait-ce que par l’usage du logo officiel, entretient une ambiguïté. Ils rappellent également que le passage d’un statut temporaire à la résidence permanente demeure un « goulot d’étranglement » pour des milliers de personnes déjà présentes au Québec.
Entre besoins économiques et pressions sociales
Au cœur du débat se trouve une contradiction difficile à résoudre : les entreprises et universités réclament davantage de talents, tandis que le gouvernement cherche à réduire la pression sur les services publics et le logement en limitant l’immigration.
Ce paradoxe – renvoyer des travailleurs installés tout en allant en chercher d’autres à l’étranger – alimente la frustration des employeurs, des travailleurs étrangers et des partis d’opposition. Pour plusieurs observateurs, cette situation illustre le manque de planification à long terme dans la politique québécoise d’immigration.
Source : Radio-Canada
Crédit Photo : Dominique Michoux, Le château Frontenac de Québec, ville de Québec
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