Le Programme québécois des immigrants investisseurs, longtemps considéré comme une porte d’entrée privilégiée pour de riches étrangers, ne séduit plus. Depuis sa relance en 2024, il n’a attiré que huit candidatures, contre plus de 1600 par année avant sa suspension en 2019. Plusieurs experts estiment que la réforme du gouvernement Legault a, littéralement, « tué » ce mécanisme.
Un programme jadis florissant
Créé en 1986, le Programme des immigrants investisseurs a permis à des centaines de millionnaires étrangers d’obtenir la résidence permanente en échange de placements financiers. Suspendu en 2019 en raison d’irrégularités, il avait généré au fil des ans des retombées majeures : plus de 800 millions $ redistribués aux PME entre 2000 et 2018, selon l’ex-ministre libéral David Heurtel.
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À l’époque, le principe était simple : les candidats prêtaient 1,2 M$ pendant cinq ans, somme récupérée à terme, tandis que le Québec faisait fructifier les fonds au profit de son économie.
Une réforme trop restrictive ?
Relancé en 2024, le programme impose désormais des conditions plus strictes :
- un placement garanti de 1 M$,
- une contribution non remboursable de 200 000 $,
- et surtout une maîtrise préalable du français avant l’arrivée au Québec.
Résultat : seulement trois dossiers acceptés en 2024, cinq en 2025. Une chute vertigineuse.
« Personne ne répond à ces exigences-là », constate Louis-René Gagnon, ex-fonctionnaire du MIFI. Selon lui, les deux tiers des candidats provenaient autrefois de Chine, mais très peu maîtrisaient le français. Beaucoup choisissaient plutôt l’Ontario ou la Colombie-Britannique. « On disait toujours : on peut mettre des conditions supplémentaires, mais ça va tuer le programme. Finalement, on l’a fait, puis ça a tué le programme. »
Des pertes économiques majeures
Au-delà des chiffres, ce sont des millions de dollars de retombées qui échappent désormais au Québec. Les sommes générées par les placements servaient à financer l’expansion et la modernisation de petites entreprises locales. Avec seulement une poignée de dossiers déposés, les revenus s’évaporent.
Des pistes pour relancer l’intérêt
Pour Alex Côté, consultant en immigration d’affaires, la rigidité des nouvelles règles explique l’échec. Il recommande :
- d’accueillir un contingent limité (200 par an) d’investisseurs non francophones, à condition qu’ils s’engagent à apprendre la langue dans les 24 mois suivant leur arrivée ;
- de revoir la contribution non remboursable de 200 000 $, perçue comme un « irritant majeur » ;
- et de redonner une plus grande place aux immigrants d’affaires (investisseurs, entrepreneurs, travailleurs autonomes), aujourd’hui limités à seulement 1 % des admissions prévues entre 2026 et 2029.
« Étant donné le défi démographique, ça va prendre des gens à l’international pour venir reprendre les entreprises du Québec », plaide-t-il.
Selon lui, un immigrant investisseur qui réussit ne se contente pas de s’établir : il crée de l’emploi, du logement et des revenus pour l’État, contribuant directement à renforcer la capacité d’accueil du Québec.
Source : Radio-Canada
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