Le paysage de l’immigration québécoise vient de connaître un virage majeur. Avec l’annonce de la réduction des seuils d’immigration permanente — qui passeront d’environ 60 000 admissions cette année à 45 000 dès 2026 — le gouvernement Legault met également fin à l’un de ses programmes phares : le Programme de l’expérience québécoise (PEQ). Pendant plus de dix ans, ce dispositif constituait la voie la plus directe vers la résidence permanente pour des milliers d’étudiants et de travailleurs étrangers établis au Québec. Sa disparition soulève une question centrale : quelles options reste-t-il pour les personnes qui souhaitent s’installer durablement dans la province ?
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Un programme qui a marqué une génération
Créé en 2010, le PEQ proposait deux volets distincts : un pour les diplômés du Québec, l’autre pour les travailleurs étrangers temporaires. Accessible pendant plusieurs années sans exigence d’expérience post-études, il permettait aux étudiants étrangers d’obtenir un Certificat de sélection du Québec (CSQ) dès la fin de leur programme, facilitant ainsi une transition rapide vers la résidence permanente.
Les modifications introduites en 2020 — imposant de 12 à 18 mois d’expérience de travail pour les diplômés et 24 mois pour les travailleurs — ont toutefois réduit son attractivité. Le gouvernement a ensuite ajusté ces critères en 2023, retirant l’obligation d’expérience pour les étudiants, avant de suspendre puis d’abolir le programme en deux temps : le volet diplômés en octobre 2024, et celui des travailleurs en juin 2025.
Malgré cette instabilité, le PEQ a continué de jouer un rôle important. En 2022, 1958 diplômés ont été sélectionnés grâce à ce programme, et 3643 en 2023. Le cahier de consultation préparant la planification 2026-2029 estime qu’entre 13 500 et 15 000 diplômés devraient être admis en 2025, malgré la suspension du programme.
Pour plusieurs experts, sa disparition constitue une perte. « On trouve ça aberrant que le PEQ soit aboli. C’était l’un des plus beaux programmes d’immigration pour ceux qui étaient déjà ici et intégrés », déplore Me Gabrielle Thiboutot, coprésidente de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI). « On se prive de notre propre main-d’œuvre, que nous avons formée. »
Le PSTQ, désormais seule porte d’entrée économique
Avec la disparition du PEQ, une seule voie demeure pour les personnes souhaitant immigrer au Québec pour des raisons économiques : le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ). Mis en place le 2 juillet 2025, il remplace le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ) suspendu quelques jours plus tôt. Pour les diplômés du Québec comme pour les travailleurs étrangers, le PSTQ devient désormais la seule option provinciale.
Le programme se divise en quatre volets :
- haute qualification et compétences spécialisées,
- compétences intermédiaires et manuelles,
- professions réglementées,
- talents d’exception.
Les candidats doivent déposer une déclaration d’intérêt, puis accumulent des points selon leur formation, leur expérience, leur âge, leur niveau de français et même leur lieu de résidence au Québec, les régions hors Montréal étant favorisées. Une invitation du ministère est ensuite nécessaire pour présenter une demande de résidence permanente. Depuis son lancement, seulement 1017 invitations ont été envoyées.
« Le programme du PSTQ vient de commencer les rondes d’invitations et il y en a très peu jusqu’à maintenant », observe Me Thiboutot, qui espère que Québec augmentera rapidement le nombre de convocations maintenant que le PEQ n’existe plus.
Des voies parallèles pour certains candidats
Si le PSTQ constitue la seule voie économique au Québec, d’autres personnes échappent à cette logique provinciale. C’est le cas des demandeurs d’asile et des réfugiés, qui déposent leurs demandes directement auprès d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), même lorsqu’ils prévoient s’établir dans la province.
Autre option, plus radicale : quitter le Québec pour une autre province, et présenter une demande dans le cadre d’Entrée express, le système fédéral de sélection économique. Ce dernier est actuellement favorable aux candidats francophones et offre des délais beaucoup plus courts. « Comme avocate, ma recommandation actuelle pour les francophones, c’est : sortez du Québec », affirme Me Thiboutot.
Un moratoire qui se prolonge
Du côté des programmes humanitaires, le parrainage collectif, qui permet à des groupes de citoyens québécois de parrainer une personne réfugiée, demeure gelé. Le moratoire, en place depuis plusieurs années, est prolongé jusqu’au début de 2030.
Pour comprendre les implications de ces changements, ne manquez pas notre webinaire de cette semaine qui a fait le tour de la question avec Me Alexandre Henaut.
source : Le Devoir



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