Le Québec est à la croisée des chemins. Alors que la province fait face à un vieillissement accéléré de sa population et à une pénurie de main-d’œuvre qui frappe de plein fouet des secteurs névralgiques comme la santé, la construction ou les services, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) propose une solution claire : hausser le seuil d’immigration permanente à 70 000 personnes par année. Avec 45 000 admissions réservées à la catégorie économique, l’objectif est de « donner de l’air aux entreprises » et de soutenir la croissance d’un marché du travail déjà sous tension. Mais cette cible ambitieuse soulève aussi des questions sur la capacité d’intégration, les infrastructures et l’équilibre à trouver avec l’immigration temporaire.
Pourquoi 70 000 admissions ?
Le Québec connaît un vieillissement marqué, tandis que la natalité reste basse. Pour compenser le déclin naturel et répondre aux besoins persistants en main-d’œuvre, surtout dans les secteurs de la santé, de la construction et des services, une augmentation de l’immigration permanente est jugée essentielle.
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Un objectif économique ciblé
Le patronat cible en particulier 45 000 immigrants économiques permanents, afin de garantir une injection directe de travailleurs qualifiés dans le tissu productif québécois. Cette proportion vise à refléter les besoins concrets des entreprises, tout en assurant du même coup une certaine stabilité dans les effectifs disponibles.
Cadre législatif et comparatif
Le plan d’immigration établi en 2022 visait jusque‑là 52 500 nouveaux résidents permanents au maximum. Une augmentation à 70 000 représenterait donc une hausse très significative par rapport aux années récentes.
Par ailleurs, en 2025, le Québec a vu sa population croître d’environ 156 700 personnes, dont 59 500 étaient des immigrants permanents, le reste étant composé de résidents temporaires.
Tensions temporaires vs permanentes
Le CPQ suggère également de revoir la répartition entre les résidents temporaires et permanents. Comme l’explique l’économiste Pierre‑Carl Michaud, réduire drastiquement les résidents temporaires sans augmenter l’immigration permanente serait irréaliste ; l’objectif serait plutôt de recentrer progressivement l’équilibre vers une proportion plus soutenable de 5 % de temporaires (actuellement autour de 7 %).
Les enjeux à considérer
- Intégration linguistique et culturelle
Un afflux massif d’immigrants impose des défis en matière de francisation, d’inclusion sociale et de préservation de la langue française. Le Québec a récemment adopté la Loi sur l’intégration à la nation québécoise (Projet de loi 84) pour structurer ces processus. - Infrastructure et services publics
La hausse des admissions nécessite une montée en puissance des ressources en santé, en éducation, en logement et en transport. Le Québec devra s’assurer que les infrastructures suivent le rythme de l’arrivée des nouveaux arrivants. - Tensions fédérales-provinciales
Même si le Québec sélectionne ses immigrants via le CSQ, Ottawa gère certains volets, notamment l’immigration temporaire. Le recul ou l’ajustement de ces volets — étudiants internationaux, travailleurs temporaires — dépend en partie de décisions fédérales. - Marché du travail saturé ou mal réparti ?
Malgré les besoins, certains secteurs affichent déjà des difficultés à former ou retenir les travailleurs. Une coordination étroite avec les entreprises, les syndicats et les organismes de formation demeurera essentielle.
La proposition du CPQ d’accueillir 70 000 immigrants permanents par an, dont 45 000 dans la catégorie économique, est une réponse structurée à la pénurie de main‑d’œuvre et aux défis démographiques du Québec. Elle ne se limite pas à un appel en faveur d’une immigration plus élevée, mais s’inscrit dans une stratégie visant à stabiliser les effectifs, tout en rééquilibrant la présence de résidents temporaires.
Le succès de cette proposition dépendra d’un alignement judicieux entre politiques d’immigration, capacités d’accueil, intégration, infrastructures et collaboration fédérale provinciale.
Source : Le Nouvelliste
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