Depuis quelques semaines, de nombreux nouveaux diplômés étrangers découvrent avec stupeur que leur permis de travail post-diplôme est refusé pour une raison qu’ils jugent absurde : un document linguistique manquant qu’ils n’ont pourtant jamais eu la possibilité de téléverser. Ce problème découle directement des limites techniques de la plateforme d’Immigration Canada (Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC)), qui exige désormais la preuve d’un test de français comme le TEF Canada, sans toutefois offrir d’emplacement clair pour l’ajouter lors de la demande. Résultat : des candidats admissibles, formés ici, francisés et prêts à intégrer le marché du travail, se retrouvent rejetés automatiquement par le système.
Pour ces jeunes professionnels, les conséquences sont lourdes comme le rapport un article du Journal de Montréal. Albant Sagbo, par exemple, avait déjà signé un contrat dans le domaine du traitement de l’eau, mais n’a jamais pu commencer son emploi, faute de document officiel l’autorisant à travailler. Stevan Gitton vit la même situation : privé de revenus depuis six mois, il a dû abandonner plusieurs processus d’embauche et tente tant bien que mal de gérer le stress qui pèse sur lui et sur sa conjointe québécoise. À cela s’ajoute l’impact psychologique, parfois physique, d’une précarité imposée par un simple dysfonctionnement informatique.
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Pour d’autres, la situation est encore plus critique. Marie Valérie Rivière dépend désormais en grande partie de paniers alimentaires pour se nourrir et voit ses économies fondre jour après jour, d’autant qu’elle a dû payer à nouveau les frais de rétablissement de statut et de permis. Sabine Pagesy, mère de quatre enfants, craint même d’être forcée de quitter le Québec si IRCC ne corrige pas rapidement son dossier. Son mari est le seul revenu du foyer, et la famille a déjà dû déménager pour réduire les coûts, tout en s’inquiétant de ne plus pouvoir rembourser leur prêt automobile. À Jonquière, Alexis Lare, récemment diplômé en techniques de génie mécanique, vit lui aussi dans l’incertitude depuis que son permis a été refusé : il n’est plus autorisé à travailler et tente de rester à flot malgré les difficultés.
Face à ces témoignages, IRCC reste étonnamment laconique. Le ministère rappelle simplement qu’une alerte sur son site mentionne la nécessité d’inclure la preuve linguistique et que ses guides ont été mis à jour. Pourtant, sur une autre page officielle, IRCC reconnaît clairement que, « en raison des limites du système », la liste de contrôle ne demande pas ce document et que c’est au demandeur de le téléverser ailleurs, sans plus d’instructions. Les candidats doivent donc deviner où placer une pièce pourtant indispensable, au risque de voir leur avenir au Canada basculer pour une faille qui n’est pas de leur fait.
Ainsi, de jeunes diplômés, dont plusieurs occupent des secteurs en pénurie de main-d’œuvre, se retrouvent suspendus entre deux statuts, privés de revenus et parfois même de logement stable. Ces refus automatiques, liés à un simple problème technique, compromettent des projets de vie entiers et illustrent à quel point une plateforme mal adaptée peut créer de véritables drames humains. Ce qui devait être une transition naturelle vers le marché du travail devient pour beaucoup un parcours d’obstacles, où un bogue bureaucratique suffit à tout faire dérailler.
Ce n’est pas la première fois que les diplômés étrangers du Québec se heurtent à des situations incongrues lors des démarches pour une installation à long terme reliées à ces tests linguistiques. En décembre dernier, nous avions rapporté que des étudiants étrangers devaient faire des kilomètres pour passer des tests linguistiques après leurs études, pourtant en français au Québec, afin d’obtenir un permis de travail post-diplôme.
Source : Journal de Montréal



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