Webinaire : nouveautés en immigration – automne 2025

Le webinaire d’automne d’immigrer.com, animé par Laurence Nadeau et Me Alexandre Hénaut, a réuni de nombreux participants du Québec, de France, d’Afrique et d’Europe pour faire le point sur les réformes récentes en immigration. Cette séance, marquée par une forte interaction du public, a permis de revenir sur les annonces gouvernementales les plus importantes et leurs conséquences concrètes pour les étudiants, les travailleurs temporaires et les employeurs québécois.

Points clés abordés

• Fin du PEQ : abrogation annoncée (après suspension du volet diplômés puis travailleurs), conséquences pour étudiants et travailleurs déjà au Québec.
• Planification 2026–2029 : cible d’environ 45 000 résidents permanents/an; prise en compte accrue des temporaires dans l’équation globale.
• PTET :
  • Exigence de français après 3 ans de statut de travailleur temporaire (règlement attendu à compter du 17 déc., prise d’effet en déc. 2028).
  • Moratoire bas salaire à Montréal/Laval jusqu’au 31 déc. 2026 (seuil indicatif ≈ 34,62 $).
  • Refus de traiter les EIMT bas salaire si le taux de chômage ≥ 6 % dans la RMR au moment du dépôt.
• PSTQ / invitations : priorités possibles pour régions, métiers en pénurie, profils jeunes; vigilance sur la cohérence des intentions (p. ex. Entrée express hors Québec).
• Regroupement familial : plafonds provinciaux pouvant suspendre l’émission de CSQ et allonger les délais.
• Délais : allongement fréquent (permis de travail, CSQ); impacts sur voyages, statut conservé, assurance maladie.
• Questions pratiques : PTPD et prolongations, stages (permis co-op), télétravail et points « région/CMM », renouvellements EIMT/CAQ, entrée express et risques de fausses déclarations.

Fin du Programme de l’expérience québécoise (PEQ)

Le sujet le plus marquant du webinaire fut la fin officielle du Programme de l’expérience québécoise (PEQ).
Suspension du volet diplômés en 2024, gel du volet travailleurs en juin 2025 : le gouvernement a confirmé le 6 novembre 2025 que le programme serait définitivement abrogé le 19 novembre.

Cette décision met un terme à la voie rapide vers le Certificat de sélection du Québec (CSQ) pour les étudiants étrangers et travailleurs temporaires déjà installés dans la province. Me Hénaut a souligné l’inquiétude et la déception ressenties par ceux qui espéraient encore bénéficier de ce parcours simplifié : « C’est une très mauvaise nouvelle pour ceux qui ont étudié ici ou travaillé plusieurs années en espérant pouvoir s’établir de façon permanente. »

Planification de l’immigration 2026-2029 : un plafond contesté

Le Québec a choisi de fixer à 45 000 le nombre d’admissions de résidents permanents par an pour la période 2026-2029.
Cette cible, la plus haute des trois scénarios envisagés, demeure jugée insuffisante par de nombreux employeurs, syndicats et organismes qui ont participé à la consultation publique d’octobre 2025.

Réformes du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET)

Deux changements majeurs ont été confirmés :

• Exigence de français : dès décembre 2028, les travailleurs temporaires devront prouver leur maîtrise du français après trois ans de séjour. Un règlement doit entrer en vigueur le 17 décembre 2025 ; la mesure deviendra obligatoire trois ans plus tard.
• Gel des EIMT bas salaire à Montréal et Laval : jusqu’au 31 décembre 2026, les demandes d’étude d’impact sur le marché du travail (EIMT) pour les postes à moins de 34,62 $ l’heure ne seront pas traitées dans ces deux RMR.

Ces restrictions s’inscrivent dans une volonté de réduire le nombre de résidents temporaires et de mieux encadrer les bassins d’emploi.

Le français, au cœur de la nouvelle politique

Au-delà du PTET, les intervenants ont rappelé que la maîtrise du français devient incontournable dans tous les volets de l’immigration.
Même les francophones devront souvent passer un test linguistique officiel, dont la validité n’est que de deux ans.

Regroupement familial : plafonds et délais

Le gouvernement du Québec entend désormais limiter le nombre de CSQ délivrés pour les parrainages familiaux.
Une fois le quota atteint, les demandes seront suspendues jusqu’à la réouverture du programme, entraînant des retards importants dans les traitements et des incertitudes pour les couples mixtes.

PSTQ : priorités, invitations et cohérence des démarches

Le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), qui succède au PEQ comme principal canal d’accès au CSQ, favorise désormais :

• les jeunes candidats ;
• ceux qui vivent et travaillent en région ;
• les métiers en pénurie ;
• les personnes ayant étudié au Québec.

Montréal n’est pas exclue, mais moins priorisée. Les invitations extérieures au pays demeurent peu probables à court terme, car la priorité va aux personnes déjà établies au Québec.

Les candidats doivent aussi être cohérents : plusieurs questions ont porté sur ceux qui tentent une Entrée express fédérale tout en vivant au Québec. Me Hénaut a mis en garde : « Déclarer vouloir s’établir ailleurs au Canada pour contourner le système québécois peut mener à une révocation de la résidence permanente, même des années plus tard. »

Délais de traitement

Les délais continuent de s’allonger :

• Permis de travail : jusqu’à 6 à 8 mois.
• PSTQ / CSQ : une fois invité, 30 jours pour accepter, 60 jours pour déposer les documents, puis environ 6 mois de traitement – souvent plus long en pratique.

Ces retards compliquent la gestion des statuts implicites, le renouvellement des assurances maladie et les projets de voyage.

Cas pratiques et conseils abordés

Le webinaire a aussi permis d’aborder de nombreux cas concrets :

• Stages étudiants : nécessité d’un permis co-op pour les stages à temps plein.
• Renouvellements EIMT/CAQ : non traités si le salaire est sous le seuil provincial ou si la RMR dépasse 6 %.
• Télétravail : les points « région » reposent sur l’adresse de résidence, non sur celle de l’employeur.
• Entrepreneuriat / travail autonome : relèvent plutôt des volets gens d’affaires, plus exigeants.
• Âge et pointage : les candidats de moins de 36 ans obtiennent le maximum ; les plus de 42 ans doivent compenser par l’expérience ou une installation en région.

Une réflexion politique plus large

Laurence Nadeau a soulevé la question : « Le Québec veut-il encore des immigrants ? »
Me Hénaut a rappelé le contexte : à un an des élections provinciales, le gouvernement cherche un équilibre entre intégration, francisation et contrôle des flux. Le resserrement des politiques migratoires n’est pas unique au Québec ; il reflète une tendance mondiale.

Ce webinaire d’automne a mis en lumière une période charnière pour l’immigration au Québec :
la fin du PEQ, la redéfinition du PSTQ, le durcissement du PTET et la francisation obligatoire marquent un tournant.
Les intervenants ont insisté sur la nécessité de s’informer et de préparer ses démarches en tenant compte des nouveaux critères et des délais allongés.

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