Un nouveau sondage réalisé en septembre 2025 met en lumière l’évolution des perceptions publiques quant à l’immigration et aux réfugiés au Canada et au Québec. Bien que la majorité des Canadiens continuent de reconnaître l’apport économique des nouveaux arrivants, une part croissante de la population exprime des inquiétudes.
Une hausse des inquiétudes au Québec
Au Québec, 51 % des répondants estiment que le Canada accueille trop d’immigrants, une augmentation de 5 points par rapport à l’année précédente. À l’échelle nationale, cette proportion est de 56 %, contre 58 % en 2024. Depuis 2022, on observe une forte montée de ce sentiment, suivie d’un palier : l’opinion semble désormais stabilisée.
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Les résultats varient selon les régions : la hausse est notable au Québec, alors qu’elle recule en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique. Au Manitoba et en Saskatchewan, on observe même une baisse marquée, tandis que l’Alberta affiche le taux le plus élevé (67 %).
Sur le plan démographique, les hommes se montrent plus critiques que les femmes, et les différences selon l’âge ou le statut d’immigrant tendent à s’estomper.
Parmi ceux qui jugent qu’il y a trop d’immigrants, les raisons invoquées sont révélatrices :
- 33 % évoquent une mauvaise gestion du système par le gouvernement,
- 31 % estiment que l’immigration est mauvaise pour l’économie,
- 27 % pointent la pression sur le logement,
- 22 % citent la surpopulation,
- 20 % craignent une charge excessive sur les finances publiques,
- seulement 13 % parlent d’une menace culturelle.
On observe donc un déplacement des préoccupations : le débat porte de moins en moins sur la culture et de plus en plus sur la gestion, l’économie et l’accès aux ressources.
Un paradoxe culturel
Au Québec, la proportion de personnes craignant que l’immigration menace l’identité culturelle chute à 14 %, soit une baisse de 7 points. Le paradoxe est frappant : davantage de Québécois affirment que le pays accueille trop d’immigrants, mais moins estiment que cela met en péril la culture.
Demandeurs d’asile et valeurs
La méfiance vis-à-vis des demandeurs d’asile progresse. Désormais, 43 % des Québécois croient que plusieurs d’entre eux ne sont pas de « vrais réfugiés ». À l’échelle canadienne, cette proportion atteint 46 %, contre 34 % en 2021.
Sur la question des valeurs, 58 % des Québécois estiment que trop d’immigrants n’adoptent pas les valeurs canadiennes et québécoises, un chiffre proche de la moyenne nationale (60 %). Dans l’ensemble du pays, cet indicateur est en hausse, notamment en Alberta, en Ontario et en Colombie-Britannique.
Immigration et criminalité
Près d’un tiers des Québécois (31 %) croient que l’immigration contribue à la hausse de la criminalité, une progression de 7 points en un an. Au Canada, la proportion demeure stable à 36 %, mais des écarts régionaux persistent : la perception augmente au Québec et en Ontario, alors qu’elle recule dans l’Ouest canadien.
Du côté politique, 61 % des électeurs conservateurs associent immigration et criminalité, contre seulement 20 % des libéraux et 18 % des néo-démocrates.
Le multiculturalisme en recul
Le multiculturalisme et la diversité demeurent des traits identitaires importants du Canada, mais leur attrait s’érode. À l’échelle nationale, 36 % des Canadiens citent la diversité comme élément distinctif, en baisse de 3 points par rapport à 2024. Au Québec, cette proportion reste plus basse, à 28 %. Depuis 2021, ce thème a perdu 10 points dans les réponses, signe d’un affaiblissement progressif.
Une fracture politique marquée
Le fossé entre électorats se creuse davantage :
- 82 % des électeurs conservateurs jugent que le Canada accueille trop d’immigrants,
- 40 % des libéraux partagent cette opinion,
- 30 % des néo-démocrates,
- et 57 % des partisans du Bloc québécois.
Ce clivage est le plus fort jamais observé dans ce type d’enquête.
L’économie : un consensus positif
Malgré ces inquiétudes, environ 70 % des Canadiens estiment que l’immigration a un effet positif sur l’économie du pays. Cet indicateur est stable et même en légère hausse. L’appui est particulièrement fort chez les universitaires, les électeurs libéraux et néo-démocrates, ainsi que chez les immigrants de première génération.
Effets locaux et citoyenneté
Quand on interroge les Canadiens sur l’impact de l’immigration dans leur propre communauté, 29 % disent que cela rend leur milieu meilleur, 47 % considèrent que cela ne change rien, et 15 % estiment que c’est pire.
Parmi les réponses positives, les plus fréquentes mentionnent la diversité culturelle et le dynamisme économique. Du côté des perceptions négatives, la moitié invoque la menace identitaire, suivie par des inquiétudes économiques, la qualité de la sélection des immigrants et le logement.
Enfin, 81 % des Canadiens jugent qu’une personne née à l’étranger peut être aussi bon citoyen qu’une personne née ici, mais ce chiffre a chuté depuis 2015 (où il atteignait 95 %).
Source :
- Environics Institute for Survey Research, Immigration & Refugees: Canadian Public Opinion – Fall 2025 Survey, rapport publié en octobre 2025.
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