Parcours et bilan après 1 mois à Montréal - Immigrer.com
mardi , 19 mars 2024
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Parcours et bilan après 1 mois à Montréal

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De Eric Decruyenaere

Nous sommes arrivés en territoire étranger il y a un mois. Quels changements dans nos vies à travers cette période ? 
 
La langue. C’est l’un des premiers sujet auxquels on est confronté. Un savant mélange de mot issus de notre passé, tel qu’on parlait au XIVème siècle, de français et d’anglais. Le québécois pense ne pas faire d’anglicismes. C’est vrai, j’en ai assez peu entendu. Par contre, il peut passer en anglais une phrase sur deux, pour un non habitué, et surtout très rouillé sur la pratique de cette langue, il devient parfois dur de suivre une conversation. Ce cas reste rare et tout le monde est sensé savoir parler français, donc je n’ai jusqu’ici pas eu de problème de compréhension. Pardon ? Ah, on me dit dans l’oreillette que si. Les expressions n’ont rien à voir. On trouve des expressions comme “faut pas s’enfarger les pieds dans les fleurs du tapis”. Dans une conversation pro sur la gestion de projet, c’est surprenant. Ou encore “allumer sa lumière”, “c’est poche” et j’en passe. Je vous laisse les chercher. Vous verrez lorsqu’on se rencontrera tantôt, on commence à bien les prendre nous-autres déjà 🙂 Les jurons sont différents ici. Beaucoup sont liés au sacré, tel qu’hostie, qui est très courant (une phrase sur trois ?). Bref, c’est dépaysant mais très sympa. J’ai hâte de progressivement adopter ce parlé pour mieux me fondre dans mon environnement. 
 
 
Les repas. Je parle surtout des horaires. Arriver à 19h au restaurant, constater que tout est plein et que les gens ont presque terminé leur repas, ça surprend. Mais maintenant, vers 17h on commence à avoir faim et en général soupe de 17h30 à 18h30. Oui, ici on déjeune le matin, on dîne pour notre lunch du midi et on soupe à l’heure du goûter. Et bien honnêtement, on s’y fait bien. Et comme tout est calé sur ces horaires là, y compris au boulot, on est ravi du temps qu’on a ensuite pour profiter de la soirée. 
 

La job. Il existe un système de reconnaissance tel qu’on ne le pratique pas chez nous. Il s’agit de dénoncer les bons comportements de nos collègues. Culture du “on est les meilleurs”, on se félicite entre nous de nos réussites, on s’encourage. Les meilleurs sont ensuite cités, mis en avant en comité de direction, et the best one reçoit un pins pour être identifiable. Venant de l’extérieur, on se sent parfois embrigadé dans une secte. Mais jour après jour, on se sent bien. De mieux en mieux. Le respect des individus, de leur vie privée, de la séparation perso-privée. Pourquoi donc travailler sur ton temps perso ? Tu n’as pas mieux à faire de ta vie ? A l’inverse, pas question de flâner sur des activités perso sur les heures de boulots. Le midi, c’est 30mn, et c’est bien si tu te prends ton lunch tout seul devant ton PC en bossant. Des français mal habitués se sont retrouvés sans emploi pour abus. Plus dur de nouer des relations du coup, c’est clair. Surtout qu’au boulot, pas de plan à la machine à café, tout le monde bosse, ne parle presque pas (on ne fait pas le tour des locaux pour dire bonjour, ni au revoir) et s’arrache quand la journée est terminée. Enfin ici, l’expérience est la seule chose qui compte. Pas une fois on ne m’a demandé mon niveau scolaire. Tout le monde s’en fiche. Par contre, savoir ce que tu as fait, c’est sûr que ça intéresse du monde. Les horaires. J’en ai déjà parlé, mais c’est toujours impressionnant. Vendredi j’ai commencé tôt (8h30). Je n’ai pas dîné, donc je suis parti à 15h30. A 16h, j’étais au parc avec Gwen et Elisa. Le bonheur. 
 

Les pizzas. Nous avons fait livrer deux  pizzas, on en a mangé pendant trois jours. Ok, note pour plus tard, faut faire gaffe à la taille de la galette avant de l’acheter. Et pour info, on ne retrouve pas du tout les mêmes types de pizza (pas de quatre fromage pour moi ??? Pas de normande pour Gwen ? Bon ben une québécoises et une canadienne alors). Enfin j’ai trouvé ça bien moins cher. Comme un peu tout globalement pour l’instant d’ailleurs. 
 

Le savoir-être. Dans les transports en commun notamment. Laisser sa place aux personnes agées est juste une coutume évidente. Plusieurs personnes se lèvent pour laisser une place. Idem pour les enfants ou pour les femmes en général. C’est impressionnant. Dans la rue, les gens viennent spontanément te guider si tu es perdu. Les serveurs dans les restaurants viennent te conseiller des lieux de visite. C’est très convivial, surtout avec le tutoiement quasi général (se méfier envers la hiérarchie dans sa job quand même). 
 

Les serveurs. Ici, le service n’inclus pas le pourboire. Ce simple élément change tout. Le sens du service est extrêmement présent. On vous chouchoute, vient vérifier que tout va bien, rempli ton verre d’eau. Le tips est le salaire. Du coup rien à voir avec le serveur français qu’on saoule parce que c’est la troisième fois qu’on le sollicite. Ici, pas nécessaire de solliciter, ils sont aux petits soins. 15% de la note revient en pourboire en général. On est loin de la culture française de laisser… Ah ben non, de ne rien laisser en général. Et pour éviter de se faire piéger, attention par contre, c’est 15% avant les 15% de taxe. C’est une ruse subtile sur les terminaux de paiement qui proposent directement de compter le tips, mais sur le total. Pensez à changer le montant si vous voulez laisser moins, mais honnêtement en général ça ne vient pas à l’esprit. On n’a pas eu encore une seule fois à se plaindre du service. 


Les chauffeurs de taxi. Un peu pour la même raison que les serveurs. Mais pas seulement. Exemple concret ce soir : on attends le bus pour rentrer à la maison. Il fait 1° et il y a du vent. Le taxi s’arrête, nous demande notre destination. “Hey mais c’est sur mon chemin, montez je vous emmène”. Une fois dedans, je lui demande s’il fini sa journée, il me répond qu’il la commence et que sur ce trajet on trouve souvent des gens frigorifiés, et que si lui était dans le même cas, il apprécierait le coup de main. Au passage, il est arabe, et nous tiens le discours suivant dans la discussion : “En France, il y a beaucoup d’arabes. Mais ils sont chiants, pas comme ici…”. La même phrase en France et on se retrouve affilié au FN à coup sûr. Sinon comme il n’a pas encore démarré sa tournée, il n’a pas mis le compteur, course gratos donc. Je n’en reviens toujours pas. Sympa, serviable. On parle des taxis parisiens ? Et si c’est pour fidéliser la clientèle, dans ce cas, comme il n’y a pas de tips dans les bus, pourquoi les chauffeurs sont-ils sympas aussi ? Et dans les commerces, les caissières ? Le sens du service à l’américaine, où le client est roi, prend ici un sens réellement différent, partout. Parlant de bus, je tiens à souligner les files d’attente parfaitement ordonnées devant les bus. Et chacun son tour pour monter, dans l’ordre. Sinon gare au rappel à l’ordre général. Ici, on ne gratte pas, on attends. Si c’est plein, tant pis on prend le suivant. Le respect je vous dis… 
 

La nourriture, les courses, les magasin. On cherche tout, on ne trouve jamais ce qu’on cherche. On teste des palliatifs. Parfois c’est correct. D’autres fois non. Mais on teste, on découvre. Notre manière de manger est nettement plus saine qu’avant. Avec mon physique, je me sens vraiment différent. C’était déjà le cas en France, mais c’est plus visible ici. Tout le monde fait du sport. Quel que soit le climat, tu trouves quelqu’un en train de faire du sport. C’est culturel. Et ça se voit au physique des personnes. Je marche environ 5km par jour, grand changement pour moi. Entre 8 et 10 en fin de semaine (on ne dit plus weekend). Je sais que je suis sur la bonne voie. 
 
La propreté. Elle n’est pas égale partout, et dépend des moments où passent les agents d’entretien. Mais globalement je trouve la ville très propre, on y respire bien, l’eau est potable. On dirait un éco système différent. J’ai hâte d’aller voir le reste du pays et les grands parcs quand je vois déjà en ville les différences. Un point pour les propriétaires de canidés tels que nous avec les deux Chow-Chow. Chacun ramasse les déjections de ses animaux de compagnie. Pas d’exception. Du coup, il est très agréable de se poser sur un carré d’herbe sans chercher où mettre ses affaires. 

Le climat. Nous sommes arrivés en été. C’était chaud et très humide. En trois jours, on est passé à l’automne. En France, on appellerai ça le début de l’hiver. Il fait entre 1 et 5° le soir. Moins de 15° en journée. Le vent est glacial. On s’en accommoderai parfaitement bien si nos manteaux n’étaient pas dans le container, au milieu de l’Atlantique. Du coup il va vite falloir investir dans des vestes de mi saison parce que franchement, ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas frileux. Ben là, ça pèle. Vivement cet hiver, avec le bon matos sur le dos, pour sortir profiter de la neige. Pour l’instant, les couleurs s’installent déjà bien, et à priori ce n’est que le début. 


La politique. On se sent totalement exclu de ce qui se passe en France. Loin, en décalé sur les infos. Personne avec qui en parler. La politique locale à l’inverse est encore très nébuleuse. Ce thème sera certainement l’un des plus dur à appréhender. J’ai quand même regardé quelques vidéos. Ce qui change est qu’elles ne servent pas à présenter un candidat et son programme, mais à dénigrer le concurrent. Du coup on croit assister à un combat sans règle, où les coups bas sont permis. Comme en France ? Non, ici c’est fait ouvertement et ça ne choque personne. C’est ça le débat politique. 
 

Le sport. Point de rugby ici (au passage, merci au Dieu Rugby d’avoir rendu forts les Australien, tchao les Rosbif). Pas un seul mot sur la coupe du monde, alors que la nation y est engagée. Par contre le hockey bien sûr fait référence. Sur un quotidien, on trouve quatre pages pour la NHL. On en trouve autant pour le Baseball. Il y a d’ailleurs plusieurs stades dans Montréal, tout comme les patinoires (accessibles gratuitement en semaine, vivement que nos patins descendent du bateau). Un peu moins de foot, trois pages. Je ne parle pas de football, mais de foot. L’US, avec les grosses protections et les coups de casque comme j’adore. Le soccer, à peine deux pages. Et encore, ça dépend des jours.
 

Les policiers. Des cow-boys qui roulent dans de grosses cylindrées. En les voyant en intervention, on a l’impression d’assister au tournage d’un film de Luc Besson. Pas de négociation ici. Tu as tenté de passer dans le métro parce que ton ticket, bien que valide, ne fonctionne pas ? Pas de soucis, le gamin se fait accompagner par les 2 cops jusqu’à la cabine pour vérifier ça avec le contrôleur. J’espère qu’il n’a pas menti, il est mal sinon… (ces faits sont réels et m’ont fait sourire un matin). Tu passes une rue alors qu’elle est interdite pour travaux, le gars te file un coup de matraque sur le capot en gueulant, j’affirme que tu fais vite fait demi-tour, tête basse. 
 

La sécurité. C’est lié et c’est connu, Montréal est une ville sécuritaire. Tu peux croiser à 23h dans une ruelle un groupe de gens sans craindre pour ta bourse ou ta vie. Tu peux te promener la nuit. Je ne dis pas qu’il ne se passe aucun fait criminel, juste qu’il y en a bien moins. Je ne sais pas expliquer pourquoi, mais en tout cas c’est agréable. 
 

Les grèves. Nous avons eu l’occasion d’assister à une journée de grève des enseignants pour la défense de leurs conditions de travail. Rien à voir. C’est bruyants, mais ordonné. Aucun trouble à l’ordre public. On laisse passer les voitures etc. Les taxi ont faits une manif anti-Ubber et ont ralenti l’accès sur l’un des ponts menant à l’île. Tout le monde semble trouver ça normal. Un genre de flegme à la britannique surement. Par contre, nous pensions être les rois des grêves, je ne sais pas si ça arrive souvent, mais deux en un mois et demi, ce n’est pas rien. Affaire à suivre. 
 

Les voitures. Il y a deux grandes options qui se dégagent. Soit tu achètes une japonaise (il y en a vraiment partout), soit un 4×4. On a vu un Porsche Cayenne, Gwen l’a trouvé petit. Mais alors du coup ils utilisent quoi ? Un vrai 4×4, pas de SUV ici. Le truc de base, c’est le Ford F150. C’est énorme. On a l’impression que les routes sont taillées pour pouvoir rouler dans ce genre de trucs. Bon vous pensez qu’on déteste ? Du tout, nous sommes fan ! Sûr qu’on s’en loue un pour notre première sortie de la ville.  
 

Les touristes. Déjà lorsque je vois un car avec plein de gens qui sortent pour photographier un écureuil, je me dit tiens, des touristes. Comme si je faisais partie de cette terre depuis des années. 
 

Chez nous. On parle encore parfois de la France en disant chez nous. On parle aussi du Québec en disant chez nous. Mais où est-on chez nous ? Un peu des deux côtés pour l’instant. On ne se sent pas encore totalement québécois, mais plus totalement français. On est Montréalais c’est sûr. Courses dans les petits commerces de proximité, transports en commun, vie locale. L’éloignement familial n’est pas douloureux pour l’instant. On pense à eux, aux amis, des situations de la vie nous font réfléchir à la distance que nous avons mis, mais aucune nostalgie pour le moment. Le moral est au méga top et tout va bien. 
 
J’ai certainement omis des sujets qui ne me reviennent pas en tête au moment de poser ces lignes. D’autres que je n’ai pas abordé mais que je connais (la médecine générale), non abordé parce que nous n’y avons pas encore été confronté. Mais on sait que ça sera une galère. 
 
Voilà, je m’arrête ici pour ce billet, ce soir nous allons assister au coucher de soleil depuis le haut du mont Royal et à la vue sur la ville de nuit. Photos sympas à prendre je pense. 
 
Et juste pour la fun, voici une petite vidéo amusante : ici

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