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Mon cœur a 2 couleurs, celle de la France et celle du Canada

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De isatis

Bonjour,

Bien que partie au Québec en 2004 et revenue en France en 2008, il me fait plaisir de partager cette tranche de vie avec vous.

Depuis mon retour, peut-être que certaines choses ont changé, en mieux, je le souhaite à tous ceux qui souhaitent faire le grand saut.

Voici mon témoignage 🙂

J’avais fait une première demande d’immigration en 1998 qui a abouti à l’obtention d’un visa de résident permanent mais comme je n’arrivais pas à trouver un emploi avant de partir si loin (malgré l’envoi de très nombreux cv) et n’ayant personne au Québec pour m’aider, je ne suis finalement pas partie.

En 2002, suite à un traumatisme dans ma vie qui m’a fait réaliser qu’elle est trop fragile et qu’elle ne tient qu’à un fil, ne voulant pas regretter de ne pas être allée jusqu’au bout de mon choix, je refais une demande et là, même si je ne trouve pas de job avant de partir, eh bien tant pis, si j’ai le visa je m’envole !! J’avais trop le Québec dans le cœur et à l’esprit tous les jours … (j’avais fait un voyage familial au Canada sur 6 provinces dont le Québec en 1997, 10 000 km sur un mois, inoubliable …).

Après avoir réalisé toutes les démarches administratives et médicales auprès de la Délégation Générale du Québec et de l’Ambassade du Canada à Paris (des dossiers qui se suivent les uns les autres sans compter les frais !!), j’ai obtenu mon visa de résident permanent fin 2003.

Je dois signaler que lorsque j’ai été reçue à la Délégation Générale du Québec à Paris, le conseiller m’a certifié : “Madame, vous n’aurez aucun problème pour trouver du travail au Québec, vous êtes spécialisée et ils manquent de gens comme vous là-bas.”. J’ai un diplôme de monitrice-éducatrice avec, à ce moment-là, une expérience professionnelle de 13 années dans le milieu de la déficience intellectuelle enfants et adultes. Ravie de ce fait, cela me conforte à continuer le processus.

Partant seule au Québec, j’ai d’abord posé 2 semaines de congés en avril 2004 pour prendre les devants de ma future installation pour septembre. Je suis arrivée sur Châteauguay (je venais de connaître une personne y habitant et se proposant de m’aider), rive-sud de Montréal, pour chercher un travail et un logement. J’ai trouvé le logement en 8 jours mais pas la job malgré le fait d’avoir loué une voiture pendant une semaine et d’avoir sillonné les environs jusqu’à me perdre dans les bouchons montréalais qui ne déméritent pas des nôtres !! Bonjour l’avenue Laurier-Est-Ouest, les ponts etc ….

J’ai rencontré des gens, déposé des CV en annonçant mon prochain retour définitif pour fin septembre 2004, les personnes rencontrées me demandant de repasser les voir à ce moment-là.

Septembre 2004, Châteauguay me voilà !!! C’est le sourire greffé (au contraire de ma famille pas très tranquille de me voir partir si loin et seule …) que je m’envole vers la Belle Province. Je renouvelle mes demandes d’emplois aux différents endroits vus en avril précédent, je passe des entretiens mais rien de positif avec toujours cette phrase en réponse “vous ne correspondez pas au profil demandé” (phrase qui m’a pas mal énervée à force, j’avoue !!) et pas de plus amples informations à ce sujet …

Cela me fait faire une aparté par rapport aux diplômes et à leurs reconnaissances ou équivalences : quelques semaines après mon arrivée au Québec, j’ai participé à une session d’accueil pendant quelques jours à Longueuil pour l’installation des immigrants avec plusieurs intervenants et divers conseils en tous genres et en plus la validation de mes diplômes via une équivalence québécoise. J’ai trouvé, au vu des documents que l’on m’a remis, que déjà quelque chose n’allait pas et que ma situation professionnelle me semblait moins reconnue qu’en France. Je suis retournée quelques temps plus tard à Longueuil voir la personne qui avait validé mon équivalence pour lui signaler les difficultés que je rencontrais à trouver un emploi et qu’il m’explique les termes de l’équivalence car la scolarité québécoise est différente de celle de la France, ce ne sont pas les mêmes étapes de cycles scolaires ni les mêmes termes de niveaux (un baccalauréat français n’a rien à voir avec un baccalauréat québécois par exemple). Mes équivalences n’ont pas été changées pour autant et mon expérience professionnelle n’était absolument pas reconnue, comme si mes 13 années en France dans le domaine de la déficience ne valaient rien. Quelle énorme déception …

Je finirai par trouver un petit emploi de quelques heures pour une association en février 2005 (soit plus de 4 mois après mon arrivée) mais cela n’a pas duré car la responsable n’avait pas droit à des aides de l’état pour me garder, en tout cas c’est ce qu’elle m’a annoncé.

Nouvelle job auprès d’une autre association de mars à juin 2004, je travaille quelques heures dans le mois, les fins de semaines principalement et je vivote grâce à mes finances transférées de France (une chance que j’avais de l’argent de côté). Je croise les doigts et j’espère juste que la situation n’est que temporaire parce que l’argent fond comme neige au soleil, c’est le cas de le dire dans ce beau pays …

Durant cette même période je participerai à une formation pour chercher un emploi (refaire le cv à la québécoise, passer des tests et des appels à des employeurs, ne pas rester seule dans mon coin etc …)

Puis je commence un nouveau travail ailleurs dans ma qualification (dans du privé) fin juin 2005 avec un temps plein, un salaire horaire plus intéressant et un espoir de voir ma situation s’améliorer encore plus en septembre, ce qui ne se fera finalement pas car les promesses dites en juin ne seront pas tenues en septembre ni après !!

La chance me sourit quand même un peu grâce à l’appel d’un organisme gouvernemental en septembre (suite à 2 cv déposés, l’un un an avant, l’autre 6 mois avant) et nouveau travail en octobre 2005 mais pas dans ma qualification. On me donne quand même ma chance dans un emploi en-dessous qui ne nécessite pas de contact particulier avec la population accueillie dans cet établissement (et pour laquelle j’ai été formée et avec qui j’ai tout de même une belle expérience française …).

Tout en travaillant pour ce nouvel organisme, j’ai continué mes recherches auprès d’un Cégep pour expliquer ma situation et pour essayer de comprendre pourquoi je n’arrivais pas à trouver un emploi similaire au mien en France. Grâce à une personne gentille et compétente et je l’en remercie, j’ai donc su à ce moment-là que mon diplôme de monitrice-éducatrice en France, avec 2 années de formation et 13 années d’expérience, n’existait pas au Québec !! Il y avait le diplôme en-dessous soit préposée aux bénéficiaires qui correspond à celui d’AMP et le diplôme au-dessus soit celui d’éducateur spécialisé mais le mien n’y était pas donc si je voulais évoluer il fallait que je reparte aux études !! J’ai donc demandé à cette personne du Cégep si elle pouvait évaluer mes cours de formation français et me dire lesquels étaient reconnus. Sur 38 cours à suivre en cours du soir au cégep du Vieux-Montréal pendant 3 ans, on m’en reconnaissait 13 … Et je ne pouvais pas suivre les 25 cours restants en mode rapide, il fallait absolument faire 3 années … Ouffff, pour une nouvelle c’en est une sacrée !! Nouvelle énorme déception …

Finalement, je resterai 2 ans et demi pour ce travail dans l’organisme gouvernemental qui humainement m’a apporté énormément mais qui m’a beaucoup frustré en même temps car je ne pouvais pas évoluer vers un poste plus intéressant professionnellement et financièrement et correspondant à mes compétences. Même lorsque de nouveaux postes éducatifs ont été crées 2 ans après mon arrivée dans ce lieu de travail, j’ai postulé avec remise de tous les renseignements demandés, diplômes, reconnaissances d’anciens employeurs en France etc … rien n’y a fait, j’étais barrée et impossible d’obtenir gain de cause !! C’est à ce moment-là que j’ai baissé les bras et que j’ai décidé de rentrer en France … Je ne me voyais pas repartir si longtemps aux études par tous les temps après mes journées de travail alors que j’avais une formation et une expérience validées en France et que mes compétences auraient certainement pu être reconnues au Québec pour des emplois similaires …

Je ne savais pas tout ce que j’ai appris au fil des mois au Québec avant de partir de France, je serais sûrement partie quand même, peut-être aurais-je essayé la formation d’éduc spé mais j’aurais aimé le savoir au lieu de rester bloquée comme je l’ai été sans pouvoir comprendre d’où ça venait. C’est très important au niveau de la Délégation du Québec de vraiment savoir si la personne qui veut immigrer a ses chances de trouver un emploi au lieu de galérer comme je l’ai fait. Parce qu’une fois sur place j’ai dû me débrouiller seule, il manque un suivi je trouve pour les personnes qui peinent à travailler.
La plupart des immigrants partent en couple ou en famille donc si l’un a du mal à trouver un emploi mais que l’autre en a un il y a au moins un salaire qui rentre. Seule j’avais beaucoup plus de difficultés. J’ai aussi conscience que les québécois ont du chômage et du mal à trouver un emploi et qu’ils ne sont pas forcément au courant des démarches du gouvernement québécois qui souhaite amplifier le nombre d’immigrés francophones (mes collègues ne savaient rien de tout cela). Mais je sais aussi que beaucoup d’immigrés ont rencontré des difficultés similaires dans l’équivalence de leurs diplômes et qu’ils ont dû, comme moi, trouver un emploi autre, en-dessous de leurs compétences. Ce n’est pas honnête de la part du gouvernement de traiter les gens ainsi et de laisser faire. On vous dit “venez venez” à bras ouverts et à grands renforts de documentaires et autres conférences un peu partout en Europe et une fois sur place c’est “débrouillez-vous” avec la réalité sur place.

En plus, j’ai quelques notions d’anglais mais pas suffisantes pour trouver un emploi qui nécessite cette double culture. J’aurais vraiment apprécié de pouvoir suivre des cours d’anglais gratuits, comme les immigrés anglophones avaient droit aux cours de français gratuits …

Je n’ai pas voulu profiter du système et avoir le bien-être social alors que j’y avais droit puisque je n’avais pas de salaires pendant plusieurs mois qui me permettaient de vivre décemment.

Il y a aussi le fait que lorsqu’on arrive, au niveau des banques, nous n’avons pas d’historique bancaire même si j’avais ouvert un compte en avril pour ma venue en septembre, cela n’a pas suffit, je ne pouvais rien acheter à crédit, il a fallu que j’achète mes meubles et ma voiture cash. J’ai pris le minimum comme meuble et électroménager mais ça aussi j’aurais aimé le savoir avant de partir, je l’ai su le jour où j’ai voulu acheter les affaires …

Tout cela étant dit et je remercie de pouvoir le faire, je reste très attachée au Québec, j’ai vraiment aimé cette expérience de vie, les gens que j’ai rencontré et avec qui je suis toujours en contact. Mes 4 années de vie au Québec sont gravées en moi et mon rêve aujourd’hui serait de partager ma vie entre la France et le Canada (Québec ou une autre Province).

J’aime le Québec, j’aime la générosité des québécois, leur manière de vivre, je m’y sentais bien au niveau mentalité, c’est tellement différent de la France !! Mais ça ne suffit pas toujours, la preuve. Moi qui étais partie pour y rester ….

Je souhaite aux futurs immigrants de bien savoir ce qui les attends au Québec, pour un maximum de choses afin qu’ils ne soient pas surpris et déçus comme je l’ai été.

Voilà mon chemin de vie québécois que je vous raconte avec nostalgie parce que la vie là-bas me manque pas mal. J’y ai de bons souvenirs même si j’ai pas mal galéré.

Je ne suis pas encore repartie en touriste revoir mes ami(e)s. Je compte bien le faire à un moment.

Merci de m’avoir lue !! 🙂

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