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La fièvre de l’orignal Depuis…

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La fièvre de l’orignal

Depuis quelques semaines déjà, la tension devient palpable. L’excitation monte, les yeux brillent, les gens d’ici ont la fièvre. Les préparatifs n’en finissent plus. On checke le truck, le VTT (comprenez Véhicule Tout Terrain, c’est-à-dire le Quad), on finalise les derniers achats vestimentaires, on peaufine l’équipement, on fait des listes de choses à ne pas oublier, on re-checke le truck… Le Québec se divisent alors en deux camps : Ceux qui y vont, et ceux qui restent…. Avant le grand départ, on se retrouve autour d’un bon repas, on évoque les expériences passées, on rêve de gloire et de trophées. Les enfants écoutent, subjugués, attendant avec impatience d’avoir l’âge requis pour pouvoir participer à l’aventure.

Venue de France, ayant pour simple bagage une connaissance restreinte de la chose et amoureuse des animaux depuis ma plus tendre enfance, je n’arrive pas à comprendre cette passion que les gens d’ici entretiennent pour la chasse. Et puis des chasseurs, j’en ai connu plein. J’habitais une maison à la lisière de la forêt, et mes altercations avec ces sauvages ont été plus que nombreuses. Alors j’en était arrivée à la même conclusion que les Inconnus dans leur fameux sketch : il y a les « mauvais » chasseurs, qui visent et qui tirent, et les « bons » chasseurs, qui visent…. Et qui tirent.
Mais ici, au Québec, j’ai décidé de faire preuve de bonne volonté. Après tout, si 80% de la population s’adonne à cette activité avec autant de ferveur, c’est qu’il doit y avoir un truc qui m’a échappé. A la poubelle donc les préjugés, on repart à zéro….

Tout d’abord, il faut choisir sa spécialité. Orignal, chevreuil, perdrix, caribou, ours…. Il n’y a que l’embarras du choix. Autours de moi, j’ai des « orignaux », et des « chevreuils ». Alors z’y-va, on a qu’à commencer par ça. Ensuite, il faut choisir son arme…. Arc, arbalète, ou fusil ?? Heu…. Comment ça « arc » ? Je croyais qu’il n’y avait plus d’indiens à plumes au Québec ??? Ben si. Faut croire. D’emblée, je m’insurge contre cette pratique. Si on rate son coup, le pauvre animal ne va-t-il pas continuer à courir avec une flèche dans les fesses et finir par crever tout seul loin de tout dans d’abominables souffrances ? Oui, mais même avec un fusil, on peut rater son coup de toute façon, et la fin sera la même…. Right. Je m’incline.

Troisièmement, il faut choisir sa destination. Les chevreuils, il y en a partout, et on peut quasiment tirer en restant assis dans son fauteuil de salon. L’orignal, déjà, c’est plus rare. Il faut aller plus loin, et se perdre un peu dans le bois. Les dés sont jetés, je choisis ça. Ca doit être plus intéressant de rester une semaine dans un camp de bûcheron à l’écart du monde.
Enfin, il faut choisir sa technique de chasse. L’orignal, c’est farouche. On en voit peu, ils se cachent. La seule manière de s’en approcher consiste à les caller (du mot anglais « to call » qui signifie « appeler »), et de les attirer en répandant de l’urine de jument en chaleur sur les arbres. Bon.

On m’explique ensuite le concept de la chasse au chevreuil. On nourrit les animaux toujours au même endroit pendant environ un mois avec des pommes et des carottes. Et une fois que le chevreuil a bien pris l’habitude de venir se gaver de toutes ces bonnes choses, on attend le jour d’ouverture de la chasse, et pouf ! Ce jour là, surprise !! On lui tire dessus. Victoire ! J’en tombe sur le cul. D’un autre côté, le couillon de chevreuil, il avait qu’à pas être assez con pour croire qu’un tas de pomme pouvait tomber d’un sapin…. Pis il avait qu’à écouter la radio pour connaître le jour d’ouverture de la chasse ‘stie….

Là, à ce moment précis, je dois avouer que ma bonne volonté en a pris un sacré coup. Malgré le côté repoussant de l’urine de jument, je viens donc de choisir « mon camp », s’il fallait en choisir un…. Et si un jour je dois tenir un fusil, ce sera pour aller caller l’orignal….

Je m’intéresse maintenant à l’équipement nécessaire…. Pantalon de camouflage, veste de camouflage…. Et gilet orange fluo pour mettre par-dessus la veste. Médusée, je demande l’utilité de la tenue de camouflage, si c’est pour tout gâcher avec le fluo…. On me répond que ce n’est pas grave, car l’orignal ne voit pas les couleurs…. ben alors à quoi ça sert de mettre une tenue de camouflage si de toute façon, l’orignal ne voit pas les couleurs ?? Les yeux se lèvent au ciel…. Visiblement, je ne comprendrai jamais rien…. Bon. C’est pas si grave. De toute façon, j’estime que j’ai déjà fait assez d’efforts d’intégration pour cette année.

Ceux qui seraient tentés de penser que je suis contre la chasse se méprennent. J’estime qu’elle a son utilité pour réguler les populations animales. De plus, je suis assez favorable à la politique d’ici, qui consiste à attribuer ou non le droit de tirer des femelles en fonction de leur nombre. Je ne suis donc pas contre la chasse, je suis contre les mauvais chasseurs. Nuance. La chasse, finalement, je la vois un peu comme Mario. Le plus important est de passer une semaine dans le bois, par amour de la forêt et de la tranquillité. On se retrouve entre parents ou entre amis. On passe de bons moments, et on lit un livre en attendant que l’orignal pointe son nez, si toutefois ça lui tente. Bien sûr, si l’occasion nous est donnée, on tire dessus. Car il faut bien l’avouer, c’est carrément bon de la viande d’orignal…. Et puis cet animal est tellement difficile à débusquer que ça fait toujours bon effet de ramener un trophée.

Tiens, en parlant de trophée, je vais faire frémir les âmes sensibles…. Je ne fais pas cela par sadisme, mais plutôt pour vous y préparer à l’avance, s’il vous prenait l’envie de venir faire un tour dans l’boutte. Vous savez ce que font les chasseurs d’ici une fois qu’ils ont abattus leur animal ? Ils en accrochent la tête sur le toit de leur voiture. Vous trouvez ça barbare ? C’est votre droit. Au début, je trouvais moi aussi cette habitude assez malsaine. Mais je peux vous dire que l’on s’y fait, et même mieux, que l’on finit par s’y intéresser. De toute façon, ça fait bien longtemps que l’animal ne souffre plus. Vous craignez pour la réaction de vos enfants ? C’est sûr que la première fois, ça risque de leur faire drôle. Mais sachez cependant qu’ici, les enfants sont habitués à cela depuis leur plus jeune âge, et ça ne leur fait ni chaud ni froid. Bref, vous l’aurez compris, la chasse est ici une véritable institution. Mais comme partout, il y a les « bons »…. et les « mauvais » chasseurs. En général, on les reconnaît au nombre de packs de bière qu’ils emmènent avec eux dans leur pick-up. Plus il y en a, plus leur semaine de chasse risque d’être le prétexte à une bonne beuverie entre chums. D’un autre côté, je me dis que plus ils sont bourrés, moins ils visent bien, et plus l’animal a une chance de s’en tirer….

Bref. Ce n’est de toute façon pas grâce à cette chronique que l’on va régler les conflits entre pro-chasseurs et anti-chasseur. Si je vous parle de ce sujet aujourd’hui (et en particulier de l’histoire des trophées sur les voitures), c’est plutôt parce que j’ai l’impression que l’on sous-estime parfois les différences culturelles entre l’Europe et le Québec, et qu’il faut savoir se préparer à être confronté à des pratiques que l’on ignore et qui peuvent nous choquer aux premiers abords. Le tout est je pense de ne pas être trop catégorique dans ses idées, de savoir faire preuve d’ouverture d’esprit et de laisser aux autres l’opportunité d’expliquer leur point de vue.
Fermons à présent cette parenthèse. J’aurais maintenant voulu vous parler du fabuleux automne que nous avons eu ici, dans l’griiin nord. D’abord, il a fait étonnamment beau et chaud. D’après les gens d’ici, on n’a pas vu un temps comme ça depuis 1974…. (Au passage, je ne sais pas comment certaines personnes font pour se rappeler du temps qu’il faisait plus de trente ans auparavant….). Il n’y a eu aucune coupure entre l’été tout court, et l’été des Indiens… Un vrai bonheur. Le seul inconvénient, c’est que le festival des couleurs s’en est trouvé bien écourté. En effet, il n’y a jamais eu assez d’amplitude de températures entre le jour et la nuit pour que les couleurs apparaissent sur les arbres…. Et puis du jour au lendemain, ça a débuté ! Et même pas deux semaines après, c’était déjà fini, les feuilles commençaient déjà à tomber…. Là, je vous avoue que j’ai eu comme un petit pincement au cœur. L’hiver s’annonce déjà !! Et me croirez-vous ? Jeudi dernier, on a eu 5 minutes de petite neige virevoltante…. Tout le monde a déjà changé ses pneus, le bois est rentré, les coats sont sortis, le Québec se prépare déjà à hiverner.

Il n’y a que la p’tite bouh qui est encore en retard…. Pas encore changé ses pneus, pas encore offert à sa voiture un traitement anti-rouille, encore à vouloir repeindre sa sleigh pour l’hiver, alors que déjà, on ne peut plus faire ce travail à l’extérieur. Encore en train d’espérer que Shadow sera prête à temps pour tirer un traîneau, alors qu’elle n’a jamais fait ça de sa vie…. Rêveuse elle est la p’tite Bouh…. Sans doute un peu folle-dingue aussi….

Bientôt, le 7 novembre pour être précise, je vais fêter ma première année de vie au Québec…. Déjà 1 an…. Je n’arrive pas à y croire. Tout est passé tellement vite ! Mais comme un fait exprès, et pour faire un pied de nez aux conventions, je vais passer ce premier anniversaire…. En France…. A bientôt donc, pour une prochaine chronique écrite de l’autre côté de l’atlantique !

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