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Week-end à la Ferme – Bon…

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Week-end à la Ferme

– Bon, ça va aller, tu es sûre ?
– Mais oui, mais oui ! Ne vous inquiétez pas ! J’ai tout compris.
Je pousse mes amis vers leur voiture, qui disparaît peu de temps après dans un nuage de poussière.
Me voilà seule !!
Enfin seule, pas tout a fait. Mon ami Kees, qui a décidé de faire le tour du Québec à vélo (rien que ça !) est donc revenu passer quelques temps avec moi. Mais pour le moment, pas de tape-cul au programme. Avant de penser à se muscler les mollets, il va falloir jouer les apprentis fermiers le temps d’une fin de semaine.

Mario élève principalement des moutons. Mais ça, c’est pour ainsi dire son gagne pain. Sa vraie passion reste les races animales québécoises. Alors à part les fameux moutons (dont la race reste sa seule concession à la perfide Albion), les quelques chats de gouttières nés au Québec mais dont le standard n’est pas encore reconnu officiellement, le berger allemand, et la petite chienne récupérée au bord d’un chemin et dont l’origine reste encore un mystère, tout le reste est purement québécois. Que voulez-vous ? Mario est un amoureux de son pays. Il n’a d’yeux que pour ses poules canadiennes, ses vaches canadiennes, et surtout…. Ses chevaux canadiens. Il est indépendantiste et patriote, il s’assume, et il se bat. Et pour lui, la conservation du patrimoine québécois est une arme redoutable contre toute forme d’assimilation.

Vous l’aurez compris, vous allez maintenant avoir droit à un petit exposé rapide sur les trois races animales reconnues officiellement au Québec comme étant des races « d’origine québécoise ».
D’abord, la poule Chantecler. Cette petite poulette a été créée en 1908 par Frère Wilfrid, moine Trappiste à Oka. De couleur blanche, ou « perdrix », elle est ce qu’on appelle une poule « à double fin », c’est-à-dire qu’elle peut être élevée autant pour ses œufs que pour sa chair. Une bonne poule Chantecler peut pondre entre 240 et 260 œufs par an. La chair est franchement tendre et délicieuse, et ça n’a rien à voir avec le goût des poulets blafards et anémiques qu’on vous propose dans beaucoup de restaurants.
Cette poule a la particularité de ne pas avoir de crête (ou très peu), et pas de barbillons, ce qui la rend très résistante à l’hiver québécois. Car c’est bien connu, moins vous avez d’extrémités à protéger, et moins vous risquez de vous les geler….
Les vaches canadiennes sont, quant à elles, issues des vaches bretonnes et normandes arrivées en Nouvelle France dans les année 1500 et quelques…. Affublées de grandes cornes, elles sont petites, robustes et frugales, et sont de couleur noire ou fauve. Elles sont élevées aussi bien pour leur viande que pour leur lait, qui possède l’un des meilleurs taux de transformation pour la fabrication du fromage. La vache fétiche de la ferme, Kami, a même été l’une des vedettes féminines du film Nouvelle France ! Maintenant, elle coule des jours heureux à reproduire les standards de la race….
Enfin, le cheval canadien. A l’origine, il s’appelait d’ailleurs le cheval « canadien français ». Mais depuis que le gouvernement fédéral a décidé de l’élever au rang de race nationale, notre petit « cheval de fer » a perdu la deuxième partie de son nom…. Petit, robuste et frugal, il est très bien adapté aux rigueurs de l’hiver québécois. Dame Nature a aussi eu la bonne idée de le pourvoir de crins longs et très fournis, qui lui permettent de se protéger des mouches et autres bibittes de l’été. Toutes les couleurs « simples » sont acceptées, c’est-à-dire le noir, le bai, l’alezan, le gris et le blanc. Malheureusement, ces deux dernières couleurs ont quasiment disparues, et les éleveurs se donnent beaucoup de mal pour essayer de les réintroduire. Le cheval canadien possède un tempérament doux et calme, ainsi qu’un excellent caractère, ce qui en fait le compagnon idéal pour les promenades ou les randonnées sur plusieurs jours. Ses qualités ne cessent d’étonner, et on le redécouvre aussi petit à petit comme cheval de sport.

Le jour se lève. Je me dirige vers le poulailler.
– Alors les cocottes ? Combien d’œufs ce matin ?
De leur bonne volonté dépend notre petit déjeuner, alors faut pas rigoler avec ça. Je me débats avec les quelques poules récalcitrantes qui ne veulent pas me laisser regarder sous leur popotin…. Quelques coups de becs bien appliqués me font réfléchir…. Comment se fait-il que Mario n’ait aucun problème lui ???
Ouf. Ca y est. Je rempli la boite, je vide la chaudière d’eau et la rempli de nouveau, je vérifie le niveau du tas de grains. Tout va bien de ce côté-là.
Etape suivante. Les chevaux m’entendent arriver. Hennissements, coups de pieds, énervement. Ca, ça va. C’est mon rayon. En deux temps trois mouvements, tout est fini. Le fumier est vidé, les chaudières d’eau sont remplies et le foin est distribué. Je sors ensuite le pauvre étalon qui s’est pris une rouste hier par le chef de la bande…. Pauv’vieux…. Piqûre, douche, pansement, médicaments, prise de température…. et hop ! Au dodo.
Aux moutons maintenant ! Alors…. D’abord, donner de l’ensilage aux brebis allaitantes. Ensuite, du grain aux agneaux. Ensuite, du foin aux béliers. Et ne pas oublier la traditionnelle corvée d’eau…. Il faut aussi donner à manger aux chats et aux chiens, vérifier que les vaches vont bien, nettoyer les abreuvoirs des chevaux qui sont dehors et passer un bon coup de balai….
En deux heures, tout est fini.
Après un bon petit déjeuner et un café chaud, on repart.
Il faut tailler les framboisiers, nettoyer la serre, ranger du bois, vider du fumier…. On a pas le temps de s’ennuyer, et la journée passe en un éclair….
Le soir, rebelote. Je recommence ma tournée d’eau, de foin, de grains, de soins…. et d’œufs, avec quelques coups de becs en moins….
Il est un peu plus de 22 heures. Dans la grange, tout est tranquille. Ma dernière inspection vient de se terminer, et je flâne dans la cour. Il fait nuit noire. Je lève le nez vers le ciel pour contempler les milliers d’étoiles. Je caresse la tête du chien qui me suit pas à pas…. J’écoute avec délice le bruit de l’eau qui coule dans le ruisseau. Un hennissement étouffé me parvient du fond de la crique, où les étalons sont déjà au pâturage… C’est le bonheur total….
Les grenouilles s’égosillent. Si vous pouviez entendre leur coassement si particulier ! C’est vraiment spécial ! La première fois, à côté de chez moi, j’ai cru qu’une alarme de voiture ou de maison s’était déclenchée. Et puis au bout de trois jours, je me suis dit que cette alarme devenait bien tannante. Et finalement, au bout de quatre ou cinq jours, j’ai émis l’hypothèse que j’étais peut-être une idiote d’avoir pu croire qu’il s’agissait d’une alarme…. Surtout que le bruit ne se déclenchait que la nuit….
Effectivement, renseignements pris, il s’agit bien de grenouilles, mais je ne connais pas encore la marque. Je vous reviendrai là-dessus la prochaine fois, lorsque j’aurais demandé à Guillaume, qui du haut de ses neuf ans, prépare sa canne à pêche pour aller pêcher des poissons « full bizarres » dans le ruisseau, et qui m’en attrapera bien une à l’occasion.

Le lendemain, je trouve le temps de monter à cheval. Après tout, si je veux pouvoir emmener des clients sur la montagne, je ferais déjà bien de la connaître un peu moi-même…. Le soleil brille, les oiseaux chantent. Les premiers bourgeons sont enfin sortis, et les arbres ont une magnifique couleur vert tendre. Un tapis de feuilles mortes recouvre le sol…. Ma dernière acquisition passe les ruisseaux sans broncher, frémit à peine lorsqu’un écureuil déboule sous son nez, regarde avec dédain les gros 4X4 qui le doublent à pleine vitesse….. Je souris…. J’en suis fière de mon nouveau grisou !

Une vague de nostalgie m’envahit soudain… L’année dernière, à cette même époque, je marchais vers Compostelle…. Ce pèlerinage a changé ma vie, en bien des façons. Et je crois que cette image me hantera toujours….
Un jour peut-être… Je refoulerai les mêmes sentiers…. Pour remercier.

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